En Iran, une famille bahá’íe est forcée d’abandonner le corps d’un être cher pour un enterrement illégal

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NEW YORK, publié le 17 juillet 2015 –  L’expérience récente d’une famille bahá’íe de Sanandaj, une ville d’Iran dans la province du Kurdistan, met en lumière les absurdités cruelles pratiquées par les autorités iraniennes envers certains de leurs citoyens, les membres de cette communauté religieuse, la plus grande religion non-musulmane du pays.

Le 12 juillet 2015, une bahá’íe, Mme Baji Muhammadifard, est décédée et sa famille a demandé le permis d’inhumer son corps dans le cimetière bahá’í à Sanandaj. Cela lui a été refusé, les fonctionnaires insistant – en dépit les lois existantes en Iran – sur le fait que le corps de Mme Muhammadifard devait être inhumé dans le cimetière bahá’í de Ghorveh, une ville située à environ une heure et demie de route de Sanandaj.

Accepter l’inhumation à Ghorveh aurait forcé la famille à ne pas respecter la loi bahá’íe sur l’enterrement qui exige que les corps soient enterrés à une heure de trajet maximum du lieu du décès. La route de Sanandaj à Ghorveh est extrêmement dangereuse, passant à travers des montagnes. Malgré cela, dans un effort pour convaincre la famille que la loi bahá’íe ne serait pas enfreinte, les autorités ont dit à la famille qu’une ambulance – qui pourrait dépasser la vitesse limite – transporterait le corps.

Les autorités locales sensibles à la situation désespérée des bahá’ís ont dit à la famille qu’un mémorandum du Conseil suprême de sécurité nationale a déclaré qu’un seul cimetière devait être attribué aux bahá’ís dans chaque province, une directive inhumaine et illégale qui n’est appliquée à aucun autre groupe de citoyens dans le pays et qui n’avait jamais été mise en pratique pour les bahá’ís auparavant.

« Les autorités iraniennes semblent s’être abaissées à un nouveau niveau d’absurdité et de méchanceté, étendant leurs attaques partiales contre la communauté bahá’íe au-delà de la tombe », a déclaré Bani Dugal, la principale représentante du bureau de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à New York.

Le refus d’autoriser que l’enterrement ait lieu au cimetière bahá’í de Sanandaj, une zone rendue belle et verdoyante au cours des décennies d’efforts déployés par la communauté, a impliqué que la famille doive garder le corps de leur être aimé réfrigéré à la maison. Ce qui a été fait avec l’aide d’amis.

Le cimetière bahá’í de Sanandaj où les autorités refusent l’enterrement d’une femme bahá’íe.
Le cimetière bahá’í de Sanandaj où les autorités refusent l’enterrement d’une femme bahá’íe.

La famille savait que si le corps était à la morgue publique, il serait pris par les autorités à leur insu ou sans leur permission et enterré sans que les rites bahá’ís soient observés.

Les membres de la communauté au sens large qui sont venus pour pleurer le décès de Mme Muhammadifard étaient des plus compatissants envers la situation de la famille. Il y a eu une vague de soutien public dans la ville, le comportement déraisonnable des autorités ayant attiré l’attention.

Les fonctionnaires ont répondu en convoquant le fils de la défunte pour l’interroger. Finalement, après quatre heures épuisantes de questions et de menaces, celui-ci a été forcé d’abandonner le corps de sa mère. Peu de temps après, tout comme la famille en deuil l’avait craint, le corps a été saisi par les autorités, placé dans une ambulance et envoyé, non accompagné par un membre de la famille, au cimetière de Ghorveh. Les proches du défunt ont été laissés en larmes et en pleine détresse. Après une heure, la famille, ne pouvant plus contenir son angoisse plus longtemps, s’est rendue à Ghorveh pour voir ce qui était arrivé au corps de leur être cher.

La loi iranienne exige que chaque ville fournisse, dans ses limites, des parcelles de cimetière pour l’enterrement de tous ses citoyens et il est illégal pour une municipalité d’accepter l’enterrement de corps provenant de l’extérieur de sa juridiction.

« Le gouvernement iranien enfreint maintenant tout simplement ses propres lois dans sa persécution des bahá’ís. Quelle est la raison de ce comportement ? Le gouvernement d’Iran devrait être invité à expliquer ses actions à la communauté internationale, a précisé Mme Dugal. Je me demande ce que les peuples d’Iran et du monde – surtout la jeunesse − pensent de telles mesures prises par un gouvernement qui s’enorgueillit de son respect de la religion sacrée de l’islam ? »

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