« La Résistance pacifique des bahá’ís en Iran »

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Aix en Provence, publié le 18 décembre 2015 – Quelque 90 personnes sont venues jeudi 26 novembre assister à l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence à la projection du film To light a candle  de Maziar Bahari sur les persécutions des bahá’ís d’Iran, complétée d’interventions de Lucien Crevel, président de l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís de France, et de Hamdam Nadafi, docteure en droit spécialiste des droits de l’homme et des minorités religieuses en Iran.

L’accueil de cette ciné-conférence, proposée par l’Assemblée locale des bahá’ís d’Aix à Sciences Po Aix dans le cadre de ses manifestations publiques, s’explique par le fort intérêt de cet établissement de recherche et d’enseignement supérieur pour les relations entre religion et société, notamment depuis l’ouverture par Bruno Etienne de l’Observatoire du religieux en 1992.

Le public réunissait à la fois des étudiants et enseignants de Sciences Po, des personnes venant de milieux associatifs et interreligieux, des bahá’ís de la communauté régionale et leurs amis, ainsi que des personnes de toutes origines souhaitant s’informer sur la situation des bahá’ís en Iran. Christian Kert, député d’Aix-en Provence et membre de l’amicale parlementaire de soutien aux bahá’ís, était représenté par son attachée parlementaire Florence Perrin.

La première partie de la rencontre a été consacrée à la projection, sous-titrée en français, du film  To light a Candle réalisé par Maziar Bahari, cinéaste et journaliste irano-canadien, à partir d’interviews, témoignages vivants et images d’archives sorties clandestinement d’Iran. Ce film réalisé en 2014,  retrace de manière très illustrée et personnalisée les différentes étapes des persécutions des bahá’ís d’Iran jusqu’à aujourd’hui, orchestrées de manière systématique par la République Islamique d’Iran. Tout en décrivant les souffrances vécues, le film évite la victimisation et met au contraire en valeur le courage, la force de réactivité non-violente et la détermination des bahá’ís à continuer de vivre leur foi en toute circonstance. Le public présent, en partie constitué d’étudiants et de professeurs, a été particulièrement touché par la séquence du film qui retrace la mise en place clandestine de l’Institut Bahá’í d’Enseignement Supérieur (BIHE) permettant aux étudiants bahá’ís de faire des études supérieures et préparer des diplômes, malgré l’interdiction qui les empêche, en raison de leur religion, d’accéder en Iran à l’enseignement supérieur.

Lucien Crevel, au nom des bahá’ís de France, à affirmer  à quel point la communauté bahá’íe est une communauté pacifique, non violente et non politisée, qui subit en Iran de graves persécutions uniquement en raison de sa croyance religieuse
Lucien Crevel, au nom des bahá’ís de France, a affirmé à quel point la communauté bahá’íe est une communauté pacifique, non violente et non politisée, qui subit en Iran de graves persécutions uniquement en raison de sa croyance religieuse

Puis ce fut au tour de Lucien Crevel, au nom des bahá’ís de France, d’affirmer à quel point la communauté bahá’íe est une communauté pacifique, non violente et non politisée, qui subit en Iran de graves persécutions uniquement en raison de sa croyance religieuse et de rappeler que sept anciens responsables bahá’ís d’Iran, condamnés en toute injustice à 20 ans de prison, sont toujours emprisonnés. Insistant sur la nécessité de la pression exercée par l’opinion et la communauté internationale, notamment au niveau des Nations Unies, il a précisé que l’arrivée du Président Rohani n’a pas amélioré, bien au contraire, le sort de la communauté bahá’íe, puisque il y a seulement quelques jours 15 bahá’ís de plus ont été arrêtés et des magasins mis sous scellés.

Dans un deuxième temps il a évoqué le colloque sur « Les persécutions des bahá’ís en Iran, comment défendre les libertés fondamentales » co-organisé avec l’amicale parlementaire de soutien aux bahá’ís, qui s’est tenu le 12 novembre à Paris au Palais du Luxembourg et mis l’accent sur la résilience constructive des bahá’ís d’Iran ; résilience qui s’exprime face aux persécutions par une joie intérieure, une force spirituelle, une résistance pacifique et sans haine, et une volonté intacte de continuer à servir l’intérêt général de leur pays et de l’humanité. Pour illustrer ce propos, Lucien Crevel a cité de larges extraits de la lettre adressée du fond de leur cellule au président iranien en décembre 2013 par les sept anciens responsables bahá’ís, contenant des propositions constructives pour l’amélioration des droits de tous les citoyens iraniens. Le texte intégral de cette lettre magnifique était disponible à la sortie de la conférence, ainsi que des documents sur la nature des persécutions visant les bahá’ís en Iran.

Hamdam Nadafi, docteure en droit et spécialiste des droits de l’homme et des minorités religieuses en Iran, est intervenue pour présenter le cadre institutionnel qui régit la société en Iran
Hamdam Nadafi, docteure en droit et spécialiste des droits de l’homme et des minorités religieuses en Iran, est intervenue pour présenter le cadre institutionnel qui régit la société en Iran

Hamdam Nadafi a ensuite décrit le cadre constitutionnel qui induit et favorise le traitement discriminatoire des bahá’ís en Iran. À partir de l’analyse juridique précise de plusieurs articles de la Constitution iranienne, elle a montré que l’Islam et la Charia sont en réalité les sources principales du droit iranien, et que, conformément à la tradition chiite iranienne, la personne la plus habilitée à assumer les pouvoirs spirituels et temporels est le « religieux le plus savant », en la personne du « Guide Suprême » qui est de ce fait le premier personnage de l’État et la plus haute autorité de la République Islamique. Le Guide Suprême détermine ainsi les grandes lignes directrices de la politique générale du pays, est à la tête des armées, peut seul décider de la révision de la constitution, exerce le contrôle du pouvoir exécutif, le contrôle indirect du pouvoir législatif et le contrôle de l’appareil judiciaire.

Toutes les libertés constitutionnelles sont soumises au principe du respect islamique et les libertés publiques énoncées dans la Constitution ne font pas mention de la liberté religieuse. La Constitution iranienne reconnaît officiellement les autres communautés musulmanes non chiites et uniquement les zoroastriens, les juifs et les chrétiens, comme minorités religieuses, représentées au parlement. Même le projet actuel de Charte ne propose aucune avancée en matière de liberté religieuse : seules les minorités religieuses identifiées dans la Constitution sont autorisées à pratiquer leurs rites religieux. Ainsi les bahá’ís ne jouissent d’aucun droit constitutionnel.

Après un bref échange avec le public, la rencontre s’est terminée par un hommage musical aux victimes des attentats de Paris et des persécutions et guerres au Moyen-Orient, interprété au santour et au piano par Houtin Baghdadi et Philippe Fanise. Conclusion artistique unissant occident et orient pour rappeler que l’art et la musique sont aussi des armes non violentes de résistance pacifique et spirituelle face aux tyrannies et des outils universels d’unité et de paix.

 

« La résistance pacifique des baha’is en Iran » : une projection-débat à Sciences Po Aix le jeudi 26 novembre 2015, autour du film To light a candle de Maziar BAHARI; sur la plus importante minorité religieuse d’Iran, privée de ses droits.

Pour accéder au résumé (vidéo de 4 minutes) de cette ciné conférence, veuillez cliquer sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=2JWzEqCZ5ZA&feature=youtu.be

Pour accéder au reportage vidéo intégral (38 minutes) de cette manifestation, veuillez cliquer sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=Wes9Dt1o0M0&feature=youtu.be

 

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