La situation des bahá’ís détenus au Yémen

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New York, publié le 11 septembre 2016 – De nouveaux rapports ont fait leur apparition au sujet des bahá’ís emprisonnés au Yémen, indiquant les mauvais traitements qu’ils subissent en prison et prouvant que leur incarcération est uniquement fondée sur leurs croyances religieuses.

Le 10 août 2016, des soldats armés du Bureau de la sécurité nationale yéménite ont fait une descente dans un rassemblement éducatif organisé conjointement par la Neda Foundation for Development (Fondation Neda pour le développement) et la communauté bahá’íe du Yémen sur le thème de l’autonomisation morale et du service. Les participants comprenaient des bahá’ís et des non bahá’ís yéménites de tout le pays. Plus de 60 participants à la conférence ont été arrêtés, dont des jeunes et des enfants.

Trois autres hommes bahá’ís ont été convoqués à la prison, avec comme motif pour deux d’entre eux de venir chercher leurs épouses qui avaient été incarcérées le 10 août. Dès leur arrivée, les trois hommes ont été arrêtés.

À la fin du mois d’août, tous ceux qui n’étaient pas bahá’ís avaient été libérés, démontrant ainsi clairement que les arrestations étaient motivées par des considérations religieuses.

Actuellement, trois bahá’ís sont toujours emprisonnés, placés sous la garde du Bureau de la sécurité national. Il a été demandé à plusieurs de ceux qui ont récemment été libérés de ne pas quitter leurs maisons et d’être prêts à retourner en prison. Quand ils étaient incarcérés, ils n’ont pas eu accès à des avocats ou à des membres de leur famille. Les rapports indiquent que beaucoup d’entre eux ont été maintenus en isolement et traités durement.

En outre, des chefs religieux musulmans ont interrogé les prisonniers bahá’ís, faisant craindre qu’une tentative d’établir des cas d’apostasie pourrait être en cours – une accusation qui engendrerait des conséquences d’une très grande gravité au Yémen.

De plus, des personnes et des organisations de défense des droits de l’homme qui ont parlé en leur nom ont eux-mêmes été menacés d’arrestation.

Ce n’est pas le premier incident contre les bahá’ís du Yémen. Précédemment, M. Hamed Kamal Muhammad Bin Haydara a été arrêté sur son lieu de travail le 3 décembre 2013 et il a été envoyé à la prison de la Sécurité nationale – le même endroit où les bahá’ís tout récemment arrêtés sont actuellement détenus – où il a été brutalement torturé et interrogé.

Son procès s’est déroulé en l’absence de procédure régulière. Le procureur chargé de son cas, M. Rajeh Zayyed, un homme d’influence profondément hostile à l’égard des bahá’ís, a fait dans la salle d’audience des déclarations fortement préjudiciables le concernant et concernant la communauté bahá’íe, allant jusqu’à le menacer et l’insulter lui, sa famille et sa religion. À une occasion, il a dit qu’il allait « faire tout son possible pour déraciner la foi bahá’íe du Yémen ».

On a de plus appris que M. Zayyed est à l’origine de l’arrestation récente et de l’emprisonnement des bahá’ís et qu’il a empêché la libération des dernières personnes incarcérées.

Depuis le mois d’août, la chronologie des événements au Yémen s’est déroulée ainsi :

Le 10 août, plus de 60 personnes – comprenant des bahá’ís et des non bahá’ís – sont arrêtées lors d’un événement en faveur des jeunes.

Le 4 septembre, des descentes simultanées ont lieu dans deux maisons de bahá’ís, le centre bahá’í de la ville de Sana’a et le bureau de la Neda Foundation. Ces nouveaux incidents montrent davantage le préjugé religieux sous-jacent aux récents événements.

Le domicile de M. et Mme Sabet – les parents de l’une des femmes qui ont été incarcérées – a été perquisitionnée. Leur maison se compose de trois parties : 1) leur propre domicile 2) le domicile de leur fille, Mme Ruhya Sabet Sakkaf et 3) le centre bahá’í qui occupe le rez-de-chaussée.

Rajeh Zayyed, accompagné de cinq autres personnes – un officier du Bureau de la sécurité nationale, deux autres agents de sécurité armés et deux femmes armées –, est arrivé à l’immeuble à 8h du matin et en est reparti à midi.

Les deux domiciles et le centre bahá’í ont été investis et minutieusement fouillés. Tous les ordinateurs personnels, les téléphones et les cartes SIM, et les iPads qui pouvaient être trouvés ont été confisqués. M. Zayyed a pris des dispositions pour faire mettre l’entrée du centre bahá’í sous scellés avant son départ.

La maison de M. Badi’ullah Sanai et MmeFaezeh Sanai a été perquisitionnée. Ils sont les parents de l’une des femmes détenues.

Le bureau de la Neda Fondation, une organisation non gouvernementale dirigée par le cheikh Walid Ayaash, qui fait partie des personnes actuellement emprisonnées, a également été perquisitionné et toutes les personnes qui s’y trouvaient ont été arrêtées.

Il semble que les autorités cherchent à monter un « dossier » contre les bahá’ís par tous les moyens mis à leur disposition. M. Bin Haydara est détenu en prison depuis plus de 32 mois, et son état de santé s’est détérioré pendant tout ce temps. La progression de son affaire semble avoir été délibérément ralentie pour veiller à ce qu’il reste incarcéré ; les charges ont été finalement communiquées à son avocat en janvier 2015, mais aucune possibilité n’a encore été donnée pour que la déclaration de son défenseur soit présentée à la cour.

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