Transcender les différences, chérir la diversité

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NEW DELHI, publié le 12 juillet 2017

La communauté bahá’íe d’Inde a organisé un symposium sur le rôle de la religion dans la promotion de l’unité dans la diversité ; cet évènement a eu lieu à la maison d’adoration à New Delhi, le 29 juin 2017.
La communauté bahá’íe d’Inde a organisé un symposium sur le rôle de la religion dans la promotion de l’unité dans la diversité ; cet évènement a eu lieu à la maison d’adoration à New Delhi, le 29 juin 2017.

Shiv Visvanathan s’est rendu en 2002 dans l’État indien du Gujarat où il y avait eu une vague de violentes émeutes entre communautés et plus d’un millier de morts.

Cette tragédie a été un rappel brutal que la diversité, qui devrait être considérée comme une richesse précieuse pour une communauté, est trop souvent une source de conflit. Pourtant, selon M. Visvanathan, éminent intellectuel et expert en sciences sociales en Inde, nous ne pouvons pas simplement faire appel à la rationalité humaine pour dépasser les tensions qui provoquent la violence. Nous avons besoin d’une conception plus large du savoir, un savoir qui s’appuie non seulement sur des recherches scientifiques et sur des idées, mais aussi sur les systèmes de connaissances qui abordent les dimensions spirituelles et mystiques de la vie.

« C’est ironique, a déclaré M. Visvanathan, se référant à l’épisode tragique du Gujarat. Alors que les gens considéraient la religion comme la cause du problème, j’ai constaté que la religion vous enseignait le pouvoir de guérir. »

M. Visvanathan était le conférencier principal lors du symposium intitulé Treasuring Diversity – The Role of Religion in Building an Inclusive Society (Chérir la diversité – Le rôle de la religion dans la construction d’une société diversifiée), organisé par la communauté bahá’íe d’Inde le 29 juin., L’évènement a eu lieu sur le terrain de la maison d’adoration bahá’íe à New Delhi et il a rassemblé d’éminents universitaires indiens et des représentants d’ONG pour discuter de la relation entre religion et diversité et explorer de nouvelles façons de conceptualiser leur corrélation.

Dans le monde entier, les liens qui lient des groupes différents se révèlent souvent trop superficiels pour résister aux forces perturbatrices auxquelles ils sont confrontés : l’aggravation de l’injustice, l’écart grandissant entre les riches et les pauvres, le fondamentalisme religieux croissant et la violence sectaire, les migrations rurales et urbaines, les crises environnementales, pour n’en nommer que quelques-unes. La diversité, qui est une ressource inestimable pour l’enrichissement de la société, est exploitée pour dresser des groupes les uns contre les autres et pour promouvoir des programmes politiques et économiques.

En 1994, M. Visvanathan avait été un observateur à la Commission de la vérité et de la réconciliation en Afrique du Sud après l’abolition de l’apartheid. Il a été témoin que le pardon était devenu possible en raison d’une profonde philosophie spirituelle de l’Afrique australe, appelée ubuntu, qui met l’accent sur l’interconnexion innée de l’humanité.

« Vous ne pourriez pas créer l’unité sans cette conscience religieuse », a-t-il déclaré. Ce qu’il avait apprécié dans cette vision était que la diversité était considérée comme essentielle à un réel sentiment de globalité.

Pour la communauté bahá’íe d’Inde, il est très opportun d’ouvrir un espace pour les penseurs et les spécialistes concernés par l’harmonie sociale pour faire connaître leurs points de vue dans un même endroit et examiner les mesures à prendre. Une conviction dominante parmi les personnes présentes était que la religion a un rôle considérable à jouer pour aider les gens à apprécier la diversité, à surmonter les préjugés et la haine, et à travailler pour la paix.

Dans le discours inaugural, Arash Fazli, chercheur principal à l’Institut d’études sur la prospérité mondiale en Inde, a reconnu l’utilisation abusive de la religion qui a engendré des préjugés et l’imitation aveugle, dans le passé et actuellement. « Les pratiques religieuses qui cultivent la haine et les préjugés sont des distorsions et des perversions du véritable esprit de la religion qui vise à créer l’unité », a précisé M. Fazli.

Réduire les fractures qui existent d’une manière profonde entre différentes populations, a-t-il soutenu, exige une nouvelle façon d’appréhender le rôle crucial et unique de la religion dans la construction de l’unité, surtout en cette période où de nombreuses sociétés sont confrontées à des forces de repli et d’intolérance.

  • Shiv Visvanathan est professeur à la Jindal Global Law School et directeur du Centre for the Study of Knowledge Systems (Centre d’étude des systèmes de connaissances), à l’OP Jindal Global University. Il a été le conférencier principal lors du récent symposium intitulé Treasuring Diversity – The Role of Religion in Building an Inclusive Society (Chérir la diversité – Le rôle de la religion dans la construction d’une société diversifiée), organisé par la communauté bahá’íe d’Inde.

Cela représente un défi pour les communautés religieuses, a déclaré M. Fazli. « Pour que la religion assume sa responsabilité, elle doit satisfaire à certaines conditions : elle doit inculquer une conscience profonde de l’unité de l’humanité, être en harmonie avec la science et la raison et se distinguer de la superstition et de l’imitation aveugle, promouvoir la recherche indépendante de la vérité, et elle devrait reconnaître l’unité de toutes les religions. »

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