L’éthique, une dimension absente des débats sur le climat, selon le directeur du GIEC

Partager cet article :

New York, publié le 11 octobre 2009 – Les inégalités et les injustices qui vont vraisemblablement survenir au niveau mondial, suite aux changements climatiques, impliquent une prise en compte sérieuse des dimensions éthiques et morales du réchauffement global par les dirigeants du monde, a affirmé Raiendra K. Pachauri, président du Nobel Prize-winning Intergovernmental Panel on Climate Change (Collège intergouvernemental des prix Nobel sur le changement climatique) lors d’un petit déjeuner servi dans les bureaux de la Communauté internationale bahá’íe.

Selon lui : « De nombreuses régions du monde subiront des conséquences inéquitables, inégales et dramatiques. Notre niveau de réflexion doit s’élever, et je pense que l’éthique apparaîtra alors comme la dimension cruciale absente du débat ».

Les propos de Rajendra K. Pachauri ont été repris lors du lancement officiel d’un appel aux dirigeants du monde, rassemblés au Sommet des Nations unies pour le changement climatique qui s’est tenu à New York du 21 au 25 septembre dernier, mettant l’accent sur l’importance des dimensions éthiques et morales du réchauffement mondial et de leur impact sur leurs délibérations.

L’appel, initié par la Communauté internationale bahá’íe, a été signé par 25 organisations non gouvernementales, groupes religieux et pouvoirs publics. Le document appelle les dirigeants du monde à « sérieusement prendre en compte les questions éthiques et morales à l’origine de la crise climatique ».

Selon l’appel : « La recherche d’une justice climatique n’est pas une compétition pour le contrôle de ressources limitées mais fait partie d’un processus cherchant à atteindre un niveau plus élevé d’unité parmi les nations alors qu’elles tentent de construire une civilisation durable, juste et pacifique ».

Pour Tahirih Naylor, représentante bahá’íe aux Nations Unies, l’objectif de ce document est d’attirer l’attention sur le fait que le changement climatique est plus qu’un problème politique, économique et scientifique.

« Il y a une dimension morale et éthique au changement climatique qui doit être prise en compte, affirme Madame Naylor. Par exemple, nous savons que les pays riches contribuent davantage aux problèmes climatiques que les pays pauvres et que, par conséquent, toute solution à long terme devra intégrer un élément de justice ».

Monsieur Pachauri ajoute que la science proposant les éléments constitutifs de la compréhension de l’impact et des probabilités du changement climatique, il est important que les groupes de citoyens et les individus deviennent le fer de lance d’une motivation nécessaire à l’action.

« Je pense que vous ne pouvez pas compter réellement sur les dirigeants, vous ne pouvez pas compter sur les états-nations, a-t-il déclaré. Vous avez absolument besoin d’une lame de fond d’actions et d’une prise de conscience des citoyens quant à ce qui doit être entrepris. Si cela se produit, alors les dirigeants suivront ».

Il a encouragé les représentants de la société civile rassemblés lors de ce déjeuner à continuer à travailler, à mettre les questions morales en avant et à les garder au cœur du débat. « Vous devez persévérer et persister, a-t-il ajouté. Cela étant, vous serez capables de changer la nature du débat. En particulier, l’impact à long terme du changement climatique sur les générations futures doit être pris en considération. Les valeurs éthiques exigent une action rapide ».

Monsieur Pachauri a également mentionné qu’il s’attend à ce que, quelle que soit son issue, la prochaine conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Copenhague en décembre ne soit probablement pas la dernière sur le sujet.

Évoquant les bilans périodiques présentés par le groupe qu’il dirige, constitué de plus de 400 scientifiques à travers le monde, il a ajouté : « Lorsque le 5ème bilan du GIEC1) sortira en 2013 ou 2014, un important regain d’intérêt dans les actions à entreprendre se manifestera. Les gens diront « Mon Dieu, nous allons devoir agir beaucoup plus rapidement que ce que nous avions prévu » ».

En tant que président du GIEC, Rajendra K. Pachauri a accepté le prix Nobel de la Paix en 2007, remis conjointement au GIEC et à l’ancien vice-président américain Al Gore pour leur mise en garde quant à l’impact potentiel du réchauffement climatique.

Parmi les organisations qui ont signé l’appel, on compte entre autres : l’International Peace Research Association, Oxfam International, la Society of Catholic Medical Missionaries, Solar Cookers International, la Women Organizing for Change in Agriculture and Natural (WOCAN), et la Women’s Environment and Development Organization (WEDO).


Documents joints

« Moral and Ethical Dimensions of Climate Change: Appeal to World Leaders »


  1. Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du Climat ,
    (en anglais Intergovernmental Panel on Climate Change, IPCC 

Partager cet article :