Les bahá’ís égyptiens saisissent l’occasion d’aborder la question de l’avenir de leur nation

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LE CAIRE, Égypte, publié le 17 avril 2011 – Souhaitant contribuer aux changements radicaux que traverse actuellement leur société, les bahá’ís égyptiens appellent à la mise en place d’un vaste processus consultatif concernant l’avenir de leur pays.

Dans une lettre ouverte sans précédent, les bahá’ís égyptiens proposent à la nation de dépasser les solutions opportunistes et les modèles présents dans d’autres sociétés et de rechercher plutôt « une nouvelle approche réellement progressiste ».

Lire la lettre ouverte en anglais

•Pour prendre connaissance de la lettre ouverte en langue française veuillez cliquer sur le lien disponible en fin d’article.

Un « choix éclairé » influencerait le cours du développement humain de la région tout entière et pourrait même avoir un impact sur le monde, affirme-t-elle.

Une telle approche permettrait l’engagement de toutes les personnes intéressées – tout spécialement les jeunes – dans un dialogue national, grâce auquel ils deviendraient les protagonistes de leur propre développement. L’accent est également mis sur l’identification et l’application de principes directeurs essentiels, ainsi que sur le fait d’échapper à la tentation d’avancer trop rapidement dans des accords et des décisions concernant la répartition du pouvoir.

Dans une lettre ouverte adressée à leurs concitoyens, les bahá’ís d’Égypte partagent des points de vue concernant les conditions préalables « permettant d’emprunter la voie d’une prospérité matérielle et spirituelle durable ». La lettre précise : « La réputation de l’Égypte dans l’ordre international – ses traditions intellectuelles, son histoire, sa localisation – signifie qu’un choix éclairé de sa part pourrait influencer le cours du développement humain de toute la région et, même, avoir une incidence sur le monde. »
Dans une lettre ouverte adressée à leurs concitoyens, les bahá’ís d’Égypte partagent des points de vue concernant les conditions préalables « permettant d’emprunter la voie d’une prospérité matérielle et spirituelle durable ». La lettre précise : « La réputation de l’Égypte dans l’ordre international – ses traditions intellectuelles, son histoire, sa localisation – signifie qu’un choix éclairé de sa part pourrait influencer le cours du développement humain de toute la région et, même, avoir une incidence sur le monde. »
Depuis sa diffusion en début de mois, la lettre a été remise à des personnalités éminentes de la vie publique égyptienne – y compris des chefs religieux, des politiciens, des juristes, des défenseurs des droits de l’homme, des écrivains et des artistes. Elle a également circulé dans la presse et les médias et a été largement propagée par les sites web et les « blogs ». Sa publication en ligne a déjà généré des réactions favorables.

Un des lecteurs l’a décrite comme une « déclaration profonde, humaniste, civique et progressiste ».

« La lettre que je viens de lire constitue un très bon guide pour de nombreuses années à venir », a remarqué un autre.

« Avec beaucoup de soin, de patience, de consultations, de confiance…, construisons pas à pas la nouvelle Égypte », a écrit encore un autre.

Un processus de consultation

Dans cette lettre, les bahá’ís égyptiens indiquent que le défi auquel est confronté leur pays est la mise en œuvre d’un processus de consultation concernant les principes qui doivent inspirer la rénovation de la société.

Les Égyptiens éviteront le risque de tomber dans le schéma de tous les modèles existants – qui ne perçoivent aucun profit à partager le pouvoir avec la population – dans la mesure où chacun pourra participer au processus de consultation.

« La participation permanente et à grande échelle de la population à un tel processus consultatif persuadera peu à peu les citoyens du véritable désir des responsables politiques de développer une société juste. Si on nous donne l’opportunité de participer à un tel processus, nous serons confirmés dans la conscience, nouvellement éveillée, d’être partie prenante de la construction de notre avenir et nous nous aviserons des capacités collectives de transformation individuelle déjà en notre possession », précise la lettre.

Principes essentiels

La lettre suggère aussi que les Égyptiens examinent attentivement une série de principes essentiels à la rénovation de leur société.

« Trop souvent, le changement provoqué par une protestation populaire a pour résultat la déception… C’est pourquoi il est indispensable de tenter d’atteindre un consensus général sur les principes actifs qui permettront le développement d’un nouveau modèle pour notre société », proposent les bahá’ís égyptiens.

« Il s’agit d’une tâche qui exigera beaucoup de patience. Développer, à partir de conceptions divergentes, une série cohérente de principes ayant le pouvoir créatif d’unifier notre population ne constituera pas une mince réussite. »

Parmi ces principes figurent : l’égalité des droits de l’homme et de la femme, l’éducation universelle – offrant le meilleur moyen de sauvegarder la liberté remportée par la population et l’adoption d’un nouvel esprit associant le respect pour la recherche scientifique et les valeurs religieuses considérés en tant que meilleur voie vers le progrès matériel.

La lettre ajoute : Une « société mature manifeste une caractéristique qui dépasse toutes les autres : une reconnaissance de l’unicité de l’humanité. Donc, quelle chance d’avoir comme souvenir le plus mémorable de ces derniers mois, non pas celui des divisions religieuses ou des conflits ethniques, mais celui de l’abandon des différences en faveur d’une cause commune ».

Une « consultation nationale »

En introduction à la « consultation nationale » demandée par la lettre, les lecteurs ont partagé leurs commentaires sur des sites internet. En voici quelques extraits :

« Forger un nouveau chemin suivant les voies exposées dans cette lettre importante… ne bénéficiera pas qu’aux populations égyptiennes, mais inspirera également l’ensemble des autres pays. Nous prions Allah de guider les gouvernants dans la prise en considération de tels principes proposés de manière si réfléchie par les bahá’ís. »

« Nous avons le choix d’adopter [ces principes] et d’aboutir ainsi à une transition relativement aisée, ou de s’y opposer et de la rendre infiniment plus difficile. »

« J’ai l’espoir que les dirigeants politiques et les maîtres à penser en Égypte prendront en considération ces nobles recommandations. Ils n’ont guère le choix alors qu’il s’agit de sujets concernant l’ordre social, l’harmonie et le respect des droits des minorités… »

« Cette remarquable déclaration… est à la fois noble et concrète. Souhaitons que tous les Égyptiens aient l’occasion de la lire et d’en discuter longuement avant de prendre une décision quant à l’avenir de ce glorieux pays. »

Un tournant décisif

Cette lettre ouverte est la première opportunité offerte aux bahá’ís égyptiens – réprimés depuis plus de 50 ans – de s’adresser directement à leurs concitoyens.

« Cette occasion est attendue depuis longtemps », remarquent les bahá’ís égyptiens, se réjouissant « qu’à un moment si crucial de l’histoire de notre nation, nous soyons en mesure d’apporter une modeste contribution à la consultation en cours au sujet de son avenir et de partager quelques idées, tirées de nos expériences et de celles des bahá’ís à travers le monde, conditions préalables au développement d’une prospérité matérielle et spirituelle durable. »

Publié en 1960 et mis en pratique ensuite par les gouvernements ultérieurs, un décret présidentiel a dissout les institutions administratives bahá’íes et a interdit les activités organisées. Suivirent des arrestations, des enquêtes, des surveillances policières, des perquisitions et la destruction de la littérature bahá’íe. De plus, ne pouvant pas se marier légalement, les bahá’ís n’avaient aucun recours auprès des juridictions concernant les allocations familiales, les retraites, l’héritage, le divorce, la pension alimentaire et la garde des enfants.

Au cours des dernières années, les bahá’ís égyptiens ont souffert de discriminations en vertu des lois nationales qui imposaient que les documents légaux mentionnent la religion de la personne – la liste étant limitée aux trois religions officielles. Après une longue campagne au cours de laquelle de nombreux militants des droits de l’homme et des personnes de bonne volonté ont soutenu la communauté bahá’íe, les tribunaux ont finalement statué en leur faveur, une décision qui a été considérée comme une importante victoire pour la liberté de pensée et de conscience.

En dépit de ces exemples et d’autres formes d’oppression, les bahá’ís égyptiens ont maintenu leur vision positive et – comme principe fondamental de leur foi – ont continué à s’engager énergiquement dans l’amélioration de la société.

« J’espère que tous les efforts s’uniront en vue d’une meilleure Égypte, pour notre bien à tous et non pour l’intérêt d’un groupe de personnes au détriment des autres », a commenté un lecteur en ligne de la lettre ouverte.


Documents joints

Lire la Lettre ouverte, en langue française, adressée par les bahá’ís égyptiens à leurs concitoyens.

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