‘Abdu’l-Bahá et Henri Bergson

Henri_Bergson_02
Henri Bergson (1859-1941)

Henri Bergson (1859-1941) est un philosophe français. Il rendit visite à ‘Abdu’l-Bahá à Paris en 1913.

L’entrevue a été racontée par M. Vali’u’llah Varqa, accompagnateur de ‘Abdu’l-Bahá lors de ses voyages en Europe et en Amérique et présent ce jour-là :


Au jour et à l’heure de la rencontre, Bergson, accompagné de quelques professeurs, adeptes de son école de pensée et passant pour être ses élèves, vinrent au domicile de ‘Abdu’l-Bahá. (…)
Bergson arriva devant ‘Abdu’l-Bahá et tous vinrent normalement serrer la main de ‘Abdu’l-Bahá puis ils s’assirent sur les chaises.
Après les salutations d’usage et après avoir pris le thé, ‘Abdu’l-Bahá commença la conversation et déclara qu’entre les matérialistes et les croyants en Dieu il y avait une unité de vue sur une seule question : la création de toutes les choses existantes est due à une très grande force qui est hors de toute description ;
la différence de vue entre ces deux groupes réside dans le fait que les matérialistes ont nommé Nature cette énorme puissance tandis que les croyants en Dieu ont nommé Dieu cette Puissance créatrice et l’Intelligence absolue.
Alors Bergson dit humblement que « si vous réconciliez ainsi les matérialistes et les croyants en Dieu et si vous établissez la compréhension entre eux, nous en serions très reconnaissants ».
‘Abdu’l-Bahá dit que ce malentendu pouvait être éliminé à condition que Messieurs les philosophes jugent cette question avec équité.
Et Bergson déclara « La parole vous appartient dans cette réunion », ensuite il porta sa main derrière son oreille et dit : « notre oreille est ouverte pour entendre et juger cette question ».
‘Abdu’l-Bahá dit : « Pour éclairer le sujet, nous donnons un exemple : si quelqu’un va au bord de la mer et prend dans le creux de sa main de l’eau de mer, la porte à sa bouche et la goûte, son goût constate que l’eau est salée, peut-il alors prétendre qu’il n’y a pas de sel dans la mer même si l’on suppose que seule cette poignée d’eau était salée et le reste était de l’eau douce ? ».
Bergson réfléchit un moment et répondit: « Non ».
Alors ‘Abdu’l-Bahá dit que parmi toutes ces créatures innombrables qui existent dans le monde de la création, l’une d’elles est l’homme. Dans l’homme se trouve une force que nous appelons conscience et intelligence. C’est grâce à cette force que l’homme réussit toutes ces inventions extraordinaires et découvre les forces existant dans la nature. Peut-on prétendre que cet être originel ou cette force créatrice qui a créé l’homme est dépourvue d’une telle force ?
Bergson entra dans une profonde réflexion et tout à coup, brisant le silence de la réunion, il frappa violemment la table de son poing, ce qui secoua toutes les tasses de thé vides et il ajouta que personne jusqu’ici n’avait pu résoudre un problème si complexe avec des paroles si simples.