De jeunes adolescents zambiens unis au service de leur communauté

Partager cet article :

District de Sinazongwe, Zambie, publié le 16 décembre 2007 – La tribu de Tonga a vécu au sud de la Zambie pendant des siècles et ses membres sont fiers de leurs traditions ancestrales et de leurs codes sociaux fortement enracinés au sein de la communauté. Mais les chefs expliquent que certaines de leurs coutumes s’estompent peu à peu : les jeunes, par exemple, ne semblent plus respecter les personnes âgées.

Les percussions africaines s’ajoutent aux festivités inaugurant  le lancement du  programme des jeunes dans le District de Sinazongwe en Zambie
Les percussions africaines s’ajoutent aux festivités inaugurant le lancement du programme des jeunes dans le District de Sinazongwe en Zambie
Un nouveau programme qui implique des centaines de jeunes adolescents, travaillant en petits groupes, pourrait aider à changer cela et simultanément aider les plus jeunes à mieux s’entendre entre eux.

« Les groupes ont commencé par aider les personnes âgées dans la communauté, explique Siankuku Sabantu, un pêcheur local. C’est une chose qui était tout à fait normale il y quelques temps mais qui a disparu ces dernières années. Maintenant, les jeunes ont recommencé à aider les personnes âgées en puisant de l’eau pour eux, en ramassant le bois de chauffage et en faisant le ménage dans leurs maisons. »

Ces groupes font partie de ce qui est bien connu dans la foi bahá’íe sous le nom d’activités pour les jeunes de 12 à 14 ans et qui est un effort sur le plan mondial pour aider les adolescents à faire les bons choix moraux dans leur vie de tous les jours.

De jeunes adolescents se rassemblent pour réciter un poème à l’occasion du lancement, le 6 octobre 2007, de 38 nouveaux groupes d’activités pour les jeunes de 12 à 14 ans, dans le District Sinazongwe  au sud de la Zambie
De jeunes adolescents se rassemblent pour réciter un poème à l’occasion du lancement, le 6 octobre 2007, de 38 nouveaux groupes d’activités pour les jeunes de 12 à 14 ans, dans le District Sinazongwe au sud de la Zambie
En Zambie, trente-huit groupes ont été formés dans le district de Sinazongwe et leur lancement officiel a eu lieu au début du mois d’octobre. Ils ont rejoint quelques 130 autres groupes qui comprennent jusqu’à 2000 participants à travers tout le pays. Certains sont membres de la foi bahá’íe, mais les trois quart ne le sont pas.

Le chef Sinazongwe, un dirigeant de la tribu Tonga et membre de la foi bahá’íe, croit que le programme, dans lequel les jeunes rendent service aux autres et étudient aussi un texte, aide les jeunes adolescents à développer un “ sens de la noblesse ”.

« Les jeunes se comportent plus correctement, dit-il et beaucoup de gens le remarquent. »

De jeunes adolescents exécutent une danse traditionnelle lors d’un rassemblement dans le sud de la Zambie pour célébrer le nouveau programme organisé par les bahá’ís au profit des jeunes âgés de 12 à 14 ans
De jeunes adolescents exécutent une danse traditionnelle lors d’un rassemblement dans le sud de la Zambie pour célébrer le nouveau programme organisé par les bahá’ís au profit des jeunes âgés de 12 à 14 ans
« Ce programme, poursuit-il, les aide à voir quelles valeurs sont importantes. Ils découvrent aussi le sens de leur valeur personnelle et réalisent qu’ils sont importants. »

Chuungu Malitonga, un membre de l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís de Zambie, a observé, durant les deux dernières années, le développement du programme des jeunes de 12 à 14 ans: « Ce qui se passe à Sinazongwe n’est pas inhabituel. Dès le commencement, le Programme amène les jeunes adolescents à se recentrer sur eux-mêmes dans le cadre de leurs communautés. Il les encourage à prendre leur part de responsabilité au sein même de ces sociétés… Il ne faut pas longtemps au Programme pour produire le genre de résultats que nous pouvons observer à Sinazongwe. »

En Zambie, les groupes de jeunes se rencontrent au moins une fois par semaine, très souvent pendant le week-end.

« Les deux activités principales du moment sont l’étude d’un texte et un projet de service, témoigne Monsieur Malitonga. Ils ont aussi entrepris des sorties, mais cette activité n’est pas encore un élément fort. »

Les groupes, la plupart se composant d’une douzaine de membres, se réunissent habituellement dans leur village, sous un arbre ou dans une petite hutte, pour des sessions d’étude de deux heures environ en utilisant un texte spécialement conçu pour le Programme.

Le premier livre, qu’ils utilisent, raconte l’histoire d’une jeune fille et de sa cousine plus âgée qui vient en visite pendant les vacances scolaires. Les filles discutent ensemble de leurs espoirs et de leurs perspectives d’avenir. L’histoire est conçue pour aider les plus jeunes à développer des bases morales qui guideront leurs choix et dirigeront leurs actions.

Concernant le service, certaines des activités sont planifiées et d’autres sont spontanées.

« Il y a eu récemment un enterrement dans le village et les membres d’un groupe ont ramassé tout le bois de chauffage et ont puisé toute l’eau pour la famille endeuillée, explique Monsieur Sabantu. Un autre service bienfaisant qu’ils rendent est d’entretenir et de nettoyer les alentours du puits qui est la seule source d’eau du village. »

Dans certaines localités, les plus jeunes vont dans les hôpitaux de campagne pour rendre visite à des patients et aider au nettoyage.

Le District de Sinazongwe en Zambie longe le Lac Kariba. C’est le plus grand lac artificiel d’Afrique
Le District de Sinazongwe en Zambie longe le Lac Kariba. C’est le plus grand lac artificiel d’Afrique
La région entière de Sinazongwe est rurale, la plupart des habitants ces villages vivent de la pêche – la zone est contiguë au lac Kariba, le plus grand lac artificiel de l’Afrique – ainsi que de l’agriculture et de l’élevage.

Quelques informations supplémentaires avec ces témoignages :

Olivia Hamoonga, une chrétienne de 15 ans, est l’une des participante du Programme des jeunes de la région de Sinazongwe :
« Je constate que mes compétences de lecture et de compréhension se sont améliorées depuis que je fais partie du groupe. De plus, dans notre groupe, nous accordons une grande importance au respect de soi et au respect des adultes, ainsi que sur le service rendu à la société. »

Chaque groupe est aidé par un animateur formé. Beaucoup sont eux-mêmes des jeunes, à peine plus âgés que les membres des groupes.

Un animateur formé à cette tâche anime chaque groupe de jeunes
Un animateur formé à cette tâche anime chaque groupe de jeunes
Au cours de leur formation, les animateurs apprennent des techniques pour aider les jeunes adolescents à développer leurs capacités spirituelles et intellectuelles, ainsi que pour les préparer à rendre des services au sein de leurs communautés.

Tobias Siavwapa, un marchand de chèvres de 21 ans du district de Sinazongwe, est l’un de ces animateurs. Chrétien, il dit qu’il a adhéré au Programme parce qu’il voit que le monde change rapidement et qu’il s’inquiète pour les jeunes.

« Je vois de nombreux jeunes faire des choses qui leur sont néfastes, comme fumer et boire de l’alcool. J’ai entendu parler du concept de l’activité pour les jeunes de 12 à 14 ans et je savais que c’est à cet âge qu’une différence peut être faite, déclare-t-il. Faire partie du groupe aide les jeunes à apprendre à faire des choses qui sont profitables à leur vie et à servir la communauté. Je le vois quand ils aident les gens, allant chercher de l’eau et du bois pour les personnes âgées. »

« En quelques mois à peine, déclare-t il encore, il a vu quelques-uns des plus jeunes se transformer. Au début, certains étaient franchement désobéissants et un peu turbulents. D’autres avaient de sérieuses difficultés à lire et écrire. Mais même après seulement un mois de travail, je peux voir une amélioration dans leur comportement, et leurs compétences en lecture et écriture deviennent bien meilleures. »

Le chef Sinazongwe raconte que le Programme aide les jeunes gens à développer le sens des responsabilités.

« C’est leur terre, leur pays, leur environnement, énonce-t-il, ils apprennent maintenant à en prendre soin. Ils sont les futurs chefs. S’ils n’apprennent pas à le faire, qui le fera quand nous aurons disparu ? »

Monsieur Malitonga relate qu’une des raisons du succès du Programme est que les groupes encouragent l’interaction entre d’un coté les membres et de l’autre les jeunes plus âgés qui servent souvent comme animateurs ou facilitateurs. Les plus jeunes admirent leurs assistants plus âgés.

Le bon équilibre entre les deux composantes – étude et action sociale – est aussi une clé du succès, dit-t-il.

Et il ajoute : « Ce n’est pas suffisant de donner aux participants uniquement de la théorie. Le programme les encourage vraiment à mettre en pratique ce qu’ils apprennent et à être au service de leur communauté. »

Monsieur Sabantu est bahá’í, il a vécu toute sa vie au sud de la Zambie. Il témoigne que depuis que le Programme a commencé, il a remarqué une plus grande harmonie parmi les plus jeunes.

Il cite comme exemple : « Les garçons de la région passent la plupart de leur temps en petits groupes s’occupant du bétail. Des bandes qui parfois se comportent comme des petits gangs et se retrouvent dans des bagarres les unes avec les autres. Un changement immédiat, qui a découlé de ces cours, a été la cessation des bagarres parmi les gardiens de troupeaux qui sont membres des groupes de jeunes. Il y a aussi plus d’interactions entre eux et davantage d’harmonie. De plus, les garçons et les filles travaillent ensemble dans la communauté et pas seulement à l’école. »

Partager cet article :