L’enquêteur de l’ONU qui a révélé le mémorandum de l’Iran sur la « Question bahá’íe » meurt à l’âge de 93 ans.

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SAN SALVADOR, El Salvador, publié le 18 janvier 2012 – Reynaldo Galindo Pohl, un célèbre juriste érudit qui a dévoilé la preuve majeure des violations des droits de l’homme en Iran, à la fin des années 80 et au début des années 90, est décédé à San Salvador, jeudi dernier.

M. Reynaldo Galindo Pohl, 1918-2012. Photo ONU par Yutaka Nagata.
M. Reynaldo Galindo Pohl, 1918-2012. Photo ONU par Yutaka Nagata.
Diplomate renommé et professeur de droit, M. Galindo Pohl était bien connu sur le plan international, même avant sa nomination en 1987 comme représentant spécial de la Commission des droits de l’homme des Nations unies concernant l’Iran. Il a exercé la fonction d’ambassadeur des Nations unies au Salvador et a aussi été – entre autres postes – le directeur des affaires juridiques pour l’Organisation des États d’Amérique.

Mais dans le domaine des droits de l’homme, ses huit années comme représentant spécial ont été particulièrement importantes, principalement pour une série de rapports qui décrivent, de façon détaillée et avec autorité, les intenses et souvent brutales violations commises par l’Iran sur ses citoyens.

En 1990, par exemple, M. Galindo Pohl a cité de nombreux entretiens et documents qui montrent l’usage intensif par l’Iran des exécutions et de la torture, ainsi que le manque de protection judiciaire.

« La Communauté internationale bahá’íe souhaite exprimer ses profondes condoléances pour le décès de M. Galindo Pohl, dont on se souviendra longtemps de l’impact et de l’influence dans le domaine des droits de l’homme », a déclaré Diane Ala’i, la représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies, à Genève.

« Ses efforts soutenus pour interviewer les victimes, leurs familles, et d’autres personnes ayant une connaissance directe ou confidentielle des types de violations que le gouvernement espérait garder secrètes sont devenus un élément essentiel de ses rapports à la Commission des droits de l’homme des Nations unies. Ceux-ci ont été décisifs pour attirer l’attention du monde sur la brutalité du régime à cette époque », a poursuivi Mme Ala’i.

De manière marquante, le rapport de 1993 de M. Galindo Pohl à la Commission a divulgué le mémorandum sur la soi-disant « Question bahá’íe », une lettre de 1991 auparavant secrète – écrite par le Conseil culturel révolutionnaire suprême – qui établissait une politique nationale pour le traitement des bahá’ís d’Iran, limitant leurs activités en matière d’éducation, d’économie et de culture.

« La parution publique de ce mémorandum a été extrêmement importante, a précisé Mme Ala’i. Il révélait comment les plus hautes instances du gouvernement iranien avaient établi un plan destiné à bloquer totalement le développement de la communauté bahá’íe d’une manière moins voyante que les exécutions et les emprisonnements perpétrés dans les années 80 – mais qui, au bout du compte, aboutirait quand même à la fin de la communauté bahá’íe en tant qu’entité viable ».

M. Galindo Pohl s’est rendu trois fois en Iran au cours de son mandat et, durant ces visites, a souvent courageusement défié les autorités iraniennes en menant des entretiens dans les prisons ou avec des personnes que le gouvernement cherchait pourtant à empêcher de le rencontrer. Il était aussi connu pour être scrupuleusement juste, rapportant ses nombreuses demandes de renseignements aux fonctionnaires iraniens, ainsi que leurs réponses.

Né le 18 octobre 1918 à Sonsonate, au Salvador, M. Galindo Pohl était diplômé de l’université d’El Salvador, où il avait obtenu un doctorat en droit et en sciences sociales. En 1950, il a été élu président de l’Assemblée nationale constitutionnelle. Il a aussi exercé la fonction de ministre de l’Éducation de 1950 à 1956. Il était membre de la Commission interaméricaine des droits de l’homme de 1960 à 1964.


Documents joints

Lire le mémorandum de 1991 original (en langue persane) sur la soi-disant « Question bahá’íe »

Lire le mémorandum de1991 en langue anglaise sur la soi-disant « Question bahá’íe »

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