La relation entre racisme et crimes de masse débattue par un panel !

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New York, publié le 12 septembre 2008 – Depuis très longtemps, la Communauté internationale bahá’íe collabore régulièrement avec l’Organisation des Nations unies, et soutient nombre de ses buts et de ses programmes. Depuis 1948, elle est reconnue par l’ONU comme une Organisation internationale non gouvernementale (ONG) et en 1970 elle a obtenu un statut consultatif auprès du Conseil Economique et Social (ECOSOC) et du Fonds des Nations unies pour l’Enfance (UNICEF).

La Communauté internationale bahá’íe a des représentants dans de nombreuses villes du monde dont par exemple à Haïfa – au Centre mondial bahá’í -, à New York ou encore à Genève. Ces bureaux gèrent de nombreuses activités, notamment dans les domaines de la paix, les droits de l’Homme, l’éducation, la condition de la femme, la santé, la protection de l’environnement et le développement durable.

C’est dans ce cadre de concertation et de travail qu’en mars dernier, le bureau de la Communauté internationale bahá’íe de New York a co-organisé et participé à un panel intitulé « Eliminate Racism: Prevent Mass Atrocities » – Eliminer le racisme: Empêcher les crimes de masse.

Ce colloque avait été sponsorisé d’une part par le « Comité pour l’élimination de la discrimination raciale » des Nations unies, en coopération avec les ambassades Hollandaises et Jamaïcaines auprès des Nations unies, ainsi que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme ; et d’autre part en plus de la Communauté internationale bahá’íe, la « American Psychological Association », la « Church of the Brethren-On Earth Peace Agency », les « Franciscans International », la « International Federation of Settlements and Neighborhood Center « , la « International Society for Traumatic Stress Studies », la « International Union of Anthropological & Ethnological Sciences », la « Society for the Psychological Study of Social Issues » et le « International Council of Women ».

Cette table ronde, dont le thème central était « la relation entre le racisme et les crimes de masse » , avait été organisée pour marquer non seulement la commémoration de la Journée internationale pour l’élimination des discriminations raciales, qui tombe le 21 mars de chaque année, mais aussi la « Journée internationale de commémoration du bicentenaire de l’abolition de la traite transatlantique », qui est observée, depuis 2006, le 25 Mars.

Ce panel faisait également partie d’une série de dialogues sur les droits de l’Homme afin de célébrer le 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Extraits de ce panel consacré à la relation entre racisme et crimes de masse :

Huit conférenciers dont le Professeur Payam Akhavan, sponsorisé par les baha’is ont débattu au « Church Center » du « United Nations Plaza » À New York en date du 28 mars 2008.

Parmi les autres personnes qui se sont exprimées lors cet événement, il y avait aussi : Raymond O. Wolfe, l’Ambassadeur jamaïcain aux Nations unies ; Yvette Rugasaguhunga, une survivante des massacres au Rwanda de 1994, et Mark Weitzman du Centre Simon Wiesenthal.

Les débats ont été présidés par une représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations Unies.

«Le génocide n’est pas une catastrophe naturelle, a déclaré Monsieur Akhavan, professeur associé de droit à l’Université McGill, c’est une catastrophe créée par l’homme, un instrument par lequel des leaders sans pitié expriment leur pouvoir au détriment de millions de gens. »

Le professeur Payam Akhavan de l’Université McGill a expliqué que parfois les gouvernements ferment les yeux sur les événements qui ont conduit à des atrocités contre des groupes d’individus.
Le professeur Payam Akhavan de l’Université McGill a expliqué que parfois les gouvernements ferment les yeux sur les événements qui ont conduit à des atrocités contre des groupes d’individus.
Craig Mokhiber du Bureau des droits de l’Homme des Nations unies de New York a dressé, quant à lui, un bilan pessimiste : « La lutte contre le racisme n’est malheureusement pas la voie du progrès comme beaucoup d’entre nous le croyaient encore il y a une dizaine d’années. Il poursuit en explicitant : Le racisme est un phénomène mondial, qui a empiré à cause de l’impunité des auteurs d’atrocités commises sous son influence. Le concept de “l’autre” est ce qui perpétue le racisme ».

Monsieur Mokhiber a également suggéré que le racisme est le résultat de “nous” face aux “autres”, auquel s’ajoutent une structure inégale du pouvoir et une haine enflammée par les politiciens et les médias et a-t-il affirmé : « Vaincre ce paradigme est la lutte principale contre le racisme aujourd’hui ».

L’Ambassadeur des Pays-Bas aux Nations unies, Piet De Klerk, était d’accord pour dire que le racisme existe sous de nombreuses formes et que faire la relation entre le racisme et les crimes est “tout à fait approprié.”

« Circonscrire les individus à des représentants de groupes spécifiques rend plus facile la perpétration de crimes de masse », a-t il déclaré.

Dans son allocution, le Professeur Akhavan a également expliqué qu’à certains égards le génocide est prévisible et par conséquent évitable : « Il y a un long processus de cynisme et d’indifférence qui à la fin éclate sous forme de génocide ».

« Trop souvent, poursuit-il, les gouvernements ferment les yeux à la voie du génocide. Aucun état membre (des Nations unies) n’enverra de troupes sans un intérêt national impératif. Nous devons arrêter de penser que la cavalerie arrivera. Elle ne viendra pas ».

« De plus, rapporte-t-il, il y a aussi des victoires ! En Macédoine, le déploiement de médiateurs a sauvé des vies durant le conflit qui opposait les Slaves et les Albaniens et en Afrique, le « Burundi Leadership Training Program » a engagé un dialogue entre les camps opposés. Cette initiative simple mais opportune aurait empêché des tueries en masse au Burundi ».

« Traduire en justice les auteurs d’atrocités est essentiel, a-t-il ajouté, parce que l’impunité adresse le message suivant : « le crime paie ». Nous devons nous assurer que les beaux discours des gouvernements au sujet de la Cour Pénale Internationale commencent à se concrétiser ».

Le récit d’une survivante

Mark Weitzman du Centre Simon Weisenthal et Yvette Rugasaguhunga, une survivante du Génocide du Rwanda de 1994, faisaient partie des neuf conférenciers qui ont débattu lors du panel intitulé
Mark Weitzman du Centre Simon Weisenthal et Yvette Rugasaguhunga, une survivante du Génocide du Rwanda de 1994, faisaient partie des neuf conférenciers qui ont débattu lors du panel intitulé « Eliminate Racism: Prevent Mass Atrocities » – Eliminer le racisme: Empêcher les crimes de masse-. Deux ambassadeurs des Nations unies et des représentants du bureau des Droits de l’Homme des Nations unies ont également pris la parole.
Yvette Rugasaguhunga, actuellement analyste de la banque d’investissement à New York, a raconté comment au Rwanda, à l’âge de 14 ans, elle a regardé son frère aîné se faire massacrer par un groupe d’hommes armés de machettes.

Originaire de l’ethnie Tutsi, elle a survécu en se déguisant en Hutu et en se réfugiant dans des abris précaires au sein du territoire ennemi.

Elle a décrit la vie là-bas avec l’une de ces personnes : « Il revenait le soir avec le corps couvert de sang provenant des meurtres de Tutsis effectués durant toute la journée, mais il était gentil avec moi parce qu’il croyait que j’étais l’une des leurs. … Il n’aurait jamais été gentil avec moi s’il avait su que j’étais Tutsi. »

La Déclaration Durban

Monsieur Mokhiber du Bureau des droits de l’Homme des Nations unies a déclaré que la Déclaration Durban, adoptée en 2001 lors de la conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, a reconnu la nécessité de “se souvenir des crimes du passé et de dire la vérité sur l’histoire”.

L’ambassadeur de la Hollande, Monsieur De Klerk a déclaré que son gouvernement a pris des mesures afin de mettre en pratique certains objectifs de la Déclaration Durban, comprenant la création d’une Commission pour le traitement équitable, un plan d’action national et d’autres efforts encore dans le but de créer une structure pour combattre le racisme à tous les niveaux de la société.

Sur le plan international, il a mentionné l’Agence pour les droits fondamentaux, le Conseil de l’Europe et la Cour pénale internationale de la Haye. Il a également cité le projet « Responsibility to Protect (R2P) »1- La Responsabilité de Protéger – qui prévoit une approche plus préventive envers la discrimination raciale.

Monsieur Weitzman du Centre Simon Wiesenthal a fait une présentation de ce qu’il a appelé « le terrorisme numérique », relatif aux jeux sur ordinateur et console qui comportent des intentions et des propos haineux, ainsi qu’un univers graphique brutal. « La combinaison de la technologie et de la terreur est le plus grand danger auquel le monde doit aujourd’hui faire face », a-t-il déclaré.

Raymond Wolfe, l’ambassadeur de la Jamaïque à l’ONU, a indiqué qu’à ce jour, 80000 $ US ont été versés par 17 pays afin d’ériger un mémorial à l’Organisation des Nations unies pour les victimes de l’esclavage – un monument pour honorer leur mémoire mais également pour témoigner de l’histoire.


  1. La R2P ou la Responsabilité de Protéger est une norme internationale émergente selon laquelle la responsabilité maîtresse de protéger les populations civiles du génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et du nettoyage ethnique appartient aux états, mais en vertu de laquelle aussi, cette responsabilité revient à la communauté internationale quand un état ou gouvernement manque à son devoir de protection envers ses propres populations. La R2P exprime un engagement à une série de mesures, telles que la prévention, la réaction et la reconstruction, en mettant un accent particulier sur la prévention. En 2001, un rapport de la Commission Internationale sur l’Intervention et la Souveraineté Étatique (CIISE) intitulé La Responsabilité de Protéger a encouragé les gouvernements à adopter ces principes. En septembre 2005, la communauté internationale, à travers la déclaration du Sommet des Nations unies de 2005, a reconnu des éléments clefs de la Responsabilité de Protéger. 

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