Nous avons honte!

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“Lettre ouverte” d’un groupe d’iraniens, universitaires, écrivains, artistes, journalistes et activistes des droits de l’Homme, à travers le monde, à la communauté bahá’ie (d’Iran).
http://www.akhbar-rooz.com/news.jsp?essayId=19278

Nous avons honte !
Un siècle et demi d’oppression et de silence, cela suffit !

Au nom de la bonté et de la beauté, et au nom des valeurs humaines et de la liberté !

En tant que des êtres humains iraniens, nous avons honte de ce qui a été perpétré en Iran contre vous, les bahá’ís, au cours des 150 dernières années.

Nous croyons fermement que chaque iranien, “sans aucune distinction, de quelque sorte qu’elle soit, notamment : de race, couleur, sexe, langue, religion, opinion politique ou autre opinion”, et aussi “sans égard à l’origine ethnique, sociale, de richesse, de naissance ou autre situation”, a le droit de jouir de tous les droits et libertés contenus dans la déclaration universelle des droits de l’Homme. Toutefois, dès les premiers jours de la naissance de la foi bahá’íe jusqu’aujourd’hui, les bahá’ís d’Iran ont été privés de la plupart de ces droits, en raison de leurs convictions religieuses !

Selon des preuves et des documents historiques, dès le début du mouvement bábí, suivi par l’apparition de la foi bahá’íe, en Iran, des milliers de personnes – uniquement à cause de leur croyance religieuse – ont été exécutées, victimes du fanatisme et des préjugés. Seulement lors des premières décennies de l’avènement de cette religion, près de vingt mille personnes, parmi ses disciples, ont été assassinées dans les différentes villes de l’Iran.

Nous avons honte de constater que, pendant cette époque, aucune voix ne s’est élevée contre ces tueries barbares !

Nous avons honte de constater que, jusqu’à aujourd’hui, les voix de protestation contre ces crimes épouvantables, aient été peu fréquentes et étouffées !

Nous avons honte, qu’outre la persécution intensive des bahá’ís pendant les premières décennies de l’histoire de cette foi, au siècle dernier, ce groupe de nos compatriotes, ait aussi fait l’objet, périodiquement, d’exactions durant lesquelles leurs maisons et leurs commerces on été incendiés et détruits, et ses membres ont subi des atteintes à leur vie, à leurs biens et à leur honneur, tandis que, pendant tout ce temps, la communauté intellectuelle, en Iran, est restée silencieuse devant cette tragédie.

Nous avons honte d’avoir été des témoins passifs, durant ces trente dernières années, de la tuerie des bahá’ís, uniquement à cause de leurs croyances religieuses, perpétrée sous une forme “légale” et, de ce fait, plus de 200 bahá’ís ont été ainsi tués !

Nous avons honte qu’un groupe d’intellectuels ait justifié les pressions exercées contre la communauté bahá’íe d’Iran.

Nous avons honte de notre silence sur le fait que, après de nombreuses décennies de services rendus à l’Iran, les personnes âgées bahá’íes aient été privées de leur droit à recevoir une pension de retraite !

Nous avons honte de notre silence sur le fait que des milliers de jeunes bahá’ís aient été empêchés d’entrer dans les universités et autres institutions d’enseignement supérieur en Iran, et cela uniquement à cause de leurs croyances religieuses et à cause de leur sincérité à avouer appartenir à la communauté bahá’íe !

Nous avons honte que, à cause de la conviction religieuse de leurs parents, les enfants bahá’ís fassent l’objet de dénigrement et d’humiliation dans les écoles et en public.

Nous avons honte de notre silence face à la réalité douloureuse que dans notre pays, les bahá’ís sont systématiquement opprimés et calomniés, qu’un certain nombre d’entre eux soient incarcérés à cause de leurs croyances religieuses, que leurs maisons et leurs locaux professionnels soient attaqués et détruits, et que, également, parfois, les cimetières de ce groupe de personnes parmi nos compatriotes soient profanés !

Nous avons honte de notre silence lorsque nous sommes confrontés à la longue liste noire et odieuse de cas où nos lois et notre système judiciaire, fondamentalement partiaux et arbitraires envers les bahá’ís, ont laminé leurs droits, et de notre silence devant les injustices et les exactions de l’administration gouvernementale, comme des groupes non-gouvernementaux, envers cette partie de nos compatriotes.

Nous avons honte de tous ces crimes et de toutes ces injustices, et nous avons honte de notre silence devant ces méfaits !

Nous, les signataires de cette lettre, vous demandons à vous, les bahá’ís, et plus particulièrement aux victimes des crimes commis contre les bahá’ís d’Iran, de nous excuser.

Nous ne resterons plus silencieux, dorénavant, lorsque des injustices seront commises à votre encontre.

Nous sommes à vos côtés pour que vous puissiez obtenir tous les droits contenus dans la déclaration universelle des droits de l’Homme.

Que, désormais, l’amour et la connaissance remplacent la haine et l’ignorance !

Le 3 Février 2009

(Traducteur : M.Rochan MAVADDAT, expert-traducteur pour la langue persane près de la cour d’appel d’Aix-en-Provence)

La plupart des médias iraniens sur Internet, ont retransmis le texte originel en persan de cette “Lettre ouverte”, notamment :

http://www.akhbar-rooz.com/news.jsp?essayId=19278

http://iran-emrooz.net/index.php?/news1/17445/

http://www.iranpresswatch.org/2009/02/we-are-ashamed/

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