Sur trois continents, des musulmans éminents dénoncent la persécution des bahá’ís en Iran, et lancent un appel pour la coexistence religieuse

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PARIS, publié le 25 juin 2014 – Au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe, des musulmans éminents se sont prononcés récemment contre la persécution des bahá’ís en Iran, dénonçant l’intolérance religieuse qui est la motivation de l’oppression de la plus grande minorité religieuse de ce pays. Inspirés en partie par l’ayatollah iranien Abdol-Hamid Masoumi Tehrani, qui a récemment lancé un appel demandant spécifiquement la « coexistence » avec les bahá’ís, l’ayatollah al-Faqih Seyyed Hussein Ismail al-Sadr, le plus ancien dignitaire chiite de Bagdad en Irak, Le Muslim Judicial Council of South Africa (Conseil de la magistrature musulmane d’Afrique du Sud) et en France, M. Ghaleb Bencheikh, président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, ont tous salué l’action, à la fois honorable et courageuse, de l’ayatollah Tehrani. Ils ont également soutenu, dans le cadre d’un effort pour promouvoir la coexistence harmonieuse, son appel pour un nouveau discours sur les valeurs partagées entre les différentes religions

L’ayatollah Hussein Ismail al-Sadr
L’ayatollah Hussein Ismail al-Sadr
À Bagdad, dans une longue interview publiée en ligne le 14 mai 2014, l’ayatollah al-Faqih Seyyed Hussein Ismail al-Sadr, fondateur de Humanitarian Dialogue Foundation (Fondation humanitaire pour le dialogue), a déclaré que les discussions sur ces valeurs communes peuvent aider à surmonter le dogmatisme et le fanatisme.

« Chacun d’entre nous, avant d’adhérer à une religion, un groupe ou une doctrine, est un être humain, a déclaré l’ayatollah Sadr. En tant que tel, nous partageons de nombreuses valeurs, des processus de pensée et des dispositions naturelles qui sont les éléments qui nous permettent de nous réunir et de nous engager dans un discours qui nous donnerait une plus grande compréhension des autres et, nous permettrait ainsi d’acquérir une meilleure compréhension de l’autre, ce qui, à son tour, nous amène à établir une coexistence harmonieuse. »

Dans l’interview, l’ayatollah Sadr a également abordé la question des bahá’ís en ces termes : « Le Coran s’adresse à tous en tant qu’« enfants d’Adam » et selon l’imam ‘Ali, que la paix soit sur lui, les gens sont de deux sortes – soit votre frère dans la religion, soit votre égal dans la création. Je peux ne pas être d’accord avec les adeptes d’une certaine religion, mais cela ne signifie pas que j’ai le droit de les priver de leurs droits de l’homme naturels ou de nier leurs droits en tant que citoyens d’une nation. »

L’ayatollah Sadr, qui est bien connu pour ses efforts pour promouvoir le dialogue entre les groupes religieux et laïques, a lancé un appel pour un « discours bienveillant » sur l’harmonie religieuse et la coexistence. Son objectif, dit-il, est de « participer à tous les discours qui contribuent à la formation d’une humanité progressiste avec une nouvelle vision qui peut construire une société saine, qui, à son tour, contribue à la construction de nations prospères ».

En octobre dernier, l’ayatollah Sadr a émis un édit religieux de fatwa concernant la façon dont les musulmans doivent se comporter envers les bahá’ís, en réponse à une question qui lui avait été posée par quelqu’un qui avait noté que certains musulmans croient qu’ils ne devraient avoir aucune relation avec les bahá’ís.

« Dieu Tout-Puissant nous a ordonné de traiter tous nos frères et sœurs d’autres religions et croyances avec gentillesse, sur la base de la justice, de la miséricorde et de l’amour, a-t-il précisé. Par conséquent, il n’y a aucune objection à se rencontrer et à s’associer, dans le cadre des grands principes humains, entre les musulmans et leurs frères des autres religions et croyances. »

L’Affiche  de la campagne : « La liberté de religion pour tous » qui comporte les images des sept dirigeants bahá'ís emprisonnés en Iran.
L’Affiche de la campagne : « La liberté de religion pour tous » qui comporte les images des sept dirigeants bahá’ís emprisonnés en Iran.
Le 16 mai 2014, le Muslim Judicial Council of South Africa (Conseil de la magistrature musulmane d’Afrique du Sud) a publié une déclaration félicitant « l’acte noble » de l’ayatollah Tehrani qui, a-t-il fait remarquer, a accordé « la reconnaissance méritée de la communauté bahá’íe ». Le Conseil a également exprimé l’espoir que l’action de l’ayatollah Tehrani conduirait à « la reconnaissance officielle des droits de cette communauté religieuse dont les buts et les objectifs sont uniquement en faveur de la paix et la tolérance pour tous sur la terre».

Et à Paris, dans une vidéo mise en ligne, M. Ghaleb Bencheikh, un théologien musulman très respecté et bien connu en France pour sa promotion des activités interconfessionnelles et qui est aussi le présentateur de l’émission de télévision hebdomadaire Islam, a salué le geste « magnifique » de l’ayatollah Tehrani.

M.Ghaleb Bencheikh
M.Ghaleb Bencheikh
« J’espère que, très bientôt, il en inspirera d’autres, a déclaré M. Bencheikh. Ce serait merveilleux s’il avait des ambassadeurs pour parler en son nom. Pour le moment, il n’en a aucun, pas que je sache en tout cas. Eh bien, nous allons nous proclamer nous-mêmes ses ambassadeurs. »

Condamnant la persécution des bahá’ís en Iran comme étant « un mépris de la loi » et « un scandale intolérable », M. Bencheikh a insisté pour que le discours sur la coexistence religieuse aille de l’avant. À cette fin, il a immédiatement arrangé une table ronde, organisée conjointement par La Conférence mondiale des religions pour la paix (http://www.religionspourlapaix.org) et la Communauté bahá’íe de France. Elle se tiendra à Paris le 27 juin, sous le titre : « Promouvoir la coexistence religieuse – réflexions partagées en hommage à l’action de l’ayatollah Masoumi-Tehrani ». M. Bencheikh a également évoqué la possibilité d’un rassemblement similaire plus grand qui aurait lieu cet hiver.

« Nous ne devrions pas perdre espoir, a expliqué M. Bencheikh. Les plus grandes cathédrales commencent avec une pierre. Cette pierre est posée. Si vous voulez que les hommes fraternisent, rassembler-les pour construire des cathédrales. Ici, la cathédrale n’est pas un édifice physique. C’est celle de la fraternité universelle. Donc, elle commence par une parole, un geste, un signe d’amitié dont nous avons besoin pour savoir comment faire avancer la construction. »

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