Une campagne officielle d’arrestations pour bloquer le développement des bahá’ís iraniens

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NEW YORK, publié le 29 mai 2011– Les descentes effectuées dans quelque 30 maisons appartenant à des bahá’ís qui offraient une formation aux jeunes de la communauté exclus de l’université par le gouvernement iranien sont les dernières actions de la politique constante de l’Iran pour maintenir la minorité non-musulmane la plus importante du pays en marge de la société.

Des sympathisants des droits de l’homme ont réalisé une affiche présentant quelques membres du personnel enseignant de l’Institut bahá’í d’éducation supérieure qui ont été arrêtés en Iran. Ils proposaient une formation aux jeunes membres de la communauté, à qui il est interdit par le gouvernement d’étudier à l’université.
Des sympathisants des droits de l’homme ont réalisé une affiche présentant quelques membres du personnel enseignant de l’Institut bahá’í d’éducation supérieure qui ont été arrêtés en Iran. Ils proposaient une formation aux jeunes membres de la communauté, à qui il est interdit par le gouvernement d’étudier à l’université.
Depuis la révolution islamique de 1979, les bahá’ís ont été systématiquement privés d’éducation supérieure. N’ayant aucune autre alternative, la communauté a développé ses propres programmes éducatifs.

« Les autorités iraniennes sont clairement déterminées à mettre la communauté bahá’íe dans l’impossibilité d’éduquer ses jeunes dont les perspectives sont bloquées par l’État », a expliqué Bani Dugal, la principale représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies.

« Priver les gens du droit à l’éducation est un refus de leur droit d’exister en tant qu’êtres humains libres et productifs ainsi que de celui de jouer un rôle dans leur société. »

Quelque 16 bahá’ís ont été arrêtés à partir du samedi 21 mai. L’un d’entre eux a été relâché. Huit autres bahá’ís ont été interrogés par des agents du ministère des Renseignements et libérés par la suite.

« Cette action démontre ce à quoi est prêt l’Iran dans sa campagne pour démoraliser la jeunesse bahá’íe, miner ses désirs d’éducation et éradiquer la communauté bahá’íe en tant que groupe viable dans son pays », a ajouté Bani Dugal.

Elle a également signalé le fait que, en poursuivant cette politique, le gouvernement iranien commet, de manière flagrante, un abus du droit international.

Selon le Pacte international relatif aux droits civils et politiques « chacun doit avoir le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ».

L’article 13 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels reconnaît « le droit de toute personne à l’éducation » et que « l’enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun ».

« L’Iran a ratifié cette deux pactes en 1975 », a remarqué Mme Dugal.

Persécutions scandaleuses

Les premières nouvelles concernant les arrestations ont provoqué leur condamnation par des gouvernements, des organisations non-gouvernementales, des militants des droits de l’homme, et bien d’autres encore.

International Campaign for Human Rights in Iran (ICHRI) a demandé la libération immédiate des prisonniers.

« Ces attaques envers l’Institut bahá’í d’enseignement supérieur doivent cesser et les autorités doivent libérer immédiatement les bahá’ís détenus récemment », a affirmé Hadi Ghaemi, le porte-parole de ICHRI.

« Les discriminations de l’Iran vis-à-vis des bahá’ís dans le domaine de l’éducation font partie d’une politique constante de persécution religieuse et constituent une violation évidente de ses obligations internationales », a-t-il continué.

Le président de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, Léonard Léo, a ajouté : « Le gouvernement iranien ne reculera devant rien dans sa scandaleuse persécution des bahá’ís en Iran. Il n’est pas suffisant que les autorités aient déjà une politique en place empêchant les bahá’ís d’aller à l’université, le gouvernement essaie maintenant systématiquement de démanteler l’initiative interne de la communauté bahá’íe pour assurer à sa jeunesse l’opportunité d’accéder à l’enseignement supérieur après la fin de ses études secondaires. »

Avec ces arrestations, a poursuivi M. Léo, « le nombre de bahá’ís actuellement en prison approche la centaine, un nombre jamais atteint depuis deux décennies».

Progrès et développement bloqués

Durant les années qui suivirent immédiatement la révolution islamique de 1979, un grand nombre de jeunes bahá’ís ont été expulsés de l’enseignement. Au niveau de l’université, leur exclusion a été quasiment totale.

Le fait pour le nouveau régime de prendre brutalement pour cible les bahá’ís – y compris l’exécution de plus de 200 de ses membres les plus éminents – s’est heurté aux critiques internationales croissantes, dont une série de résolutions des Nations unies condamnant les violations des droits de l’homme de l’Iran.

Le gouvernement a assoupli sa position, permettant aux élèves bahá’ís du primaire et du secondaire de retourner à l’école. Mais les étudiants universitaires, quant à eux, restent exclus du système éducatif.

En 2006, une note confidentielle du directeur général du Bureau central de sécurité du ministère des Sciences, de la recherche et des technologies – qui supervise toutes les universités publiques d’Iran – a donné l’instruction à 81 universités d’expulser tous les étudiants bahá’ís. La lettre précisait : « [Si] l’identité des personnes bahá’íes est découverte au moment de l’inscription ou au cours de leurs études, elles doivent être expulsées de l’université. »
En 2006, une note confidentielle du directeur général du Bureau central de sécurité du ministère des Sciences, de la recherche et des technologies – qui supervise toutes les universités publiques d’Iran – a donné l’instruction à 81 universités d’expulser tous les étudiants bahá’ís. La lettre précisait : « [Si] l’identité des personnes bahá’íes est découverte au moment de l’inscription ou au cours de leurs études, elles doivent être expulsées de l’université. »
En menant de telles politiques, l’espoir cultivé par le gouvernement est de voir les 300 000 bahá’ís d’Iran disparaître dans l’oubli – tout en échappant aux sanctions internationales – faits qui ont été confirmés par la découverte d’un mémorandum secret qui expliquait les grandes lignes d’un plan pour « bloquer » le « progrès et le développement » de la communauté bahá’íe.

Ce mémorandum, signé en 1991 par le Guide suprême, Ali Khamenei, spécifiait une série de mesures répressives contre les bahá’ís, dont l’exclusion des étudiants des universités si leur appartenance à la foi bahá’íe était découverte.

L’Institut bahá’í d’enseignement supérieur

Un mécanisme simple a été utilisé pour exclure les bahá’ís de l’enseignement supérieur. Tous ceux qui se présentaient aux examens d’accès à une université nationale devaient déclarer leur religion. Les candidats qui n’appartenaient pas à l’une des quatre religions officiellement reconnues en Iran – l’islam, le christianisme, le judaïsme et le zoroastrisme – étaient refusés.

Á la fin des années 80, les bahá’ís ont pensé atténuer les effets de cette interdiction en développant leur propre programme d’éducation. Ils ont créé l’Institut bahá’í d’enseignement supérieur (IBES). Les professeurs et les chargés de cours bahá’ís qui avaient été renvoyés de leurs postes ont donné bénévolement de leur temps et de leur expérience pour former les étudiants bahá’ís à domicile et par des cours par correspondance.

« Le gouvernement iranien a mené différentes agressions à l’encontre de cette initiative paisible, pacifique et vitale afin de la faire cesser », a expliqué Bani Dugal.

En 1998, les agents du gouvernement ont arrêté au moins 36 personnes, après avoir fait des descentes dans plus de 500 maisons et confisqué la plupart du matériel et des dossiers de l’Institut. Ces descentes ont suscité une importante condamnation internationale.

En réponse évidente à cette pression, l’Iran a annoncé officiellement, fin 2003, que la déclaration d’affiliation religieuse dans les formulaires d’inscription à l’université serait supprimée.

Poursuite de l’interdiction

Depuis lors, les fonctionnaires du gouvernement iraniens ont prétendu que leur système éducatif était ouvert aux bahá’ís et exempt de pratiques discriminatoires.

Mais de nombreux moyens ont été élaborés pour empêcher les bahá’ís d’accéder à l’enseignement supérieur, tels que la création d’obstacles à l’admission dans le système informatique national et le déploiement d’efforts pour expulser les bahá’ís s’ils parviennent à s’inscrire dans les classes.

Récemment, un jeune bahá’í a expliqué à l’ICHRI : « J’ai été exclu de l’enseignement avant même l’inscription comme étudiant en licence. Au lieu de recevoir mes résultats d’examens d’entrée à l’université, la phrase « Votre dossier est incomplet » m’a été envoyée et je n’ai donc jamais eu la chance de suivre les cours.»

Une lettre datée du 2 novembre 2006 – portant l’en-tête du ministère des Sciences, de la recherche et de la technologie – par laquelle Payame Noor University's Central Protection Office informait ses branches régionales que, selon la politique officielle, « les bahá’ís ne peuvent pas être inscrits à l’université ni dans aucun centre d’enseignement supérieur » et que « si leur inscription était effective, ils devaient être expulsés ».
Une lettre datée du 2 novembre 2006 – portant l’en-tête du ministère des Sciences, de la recherche et de la technologie – par laquelle Payame Noor University’s Central Protection Office informait ses branches régionales que, selon la politique officielle, « les bahá’ís ne peuvent pas être inscrits à l’université ni dans aucun centre d’enseignement supérieur » et que « si leur inscription était effective, ils devaient être expulsés ».
En 2006, une note confidentielle du directeur général du Bureau central de sécurité du ministère des Sciences, de la recherche et de la technologie – qui supervise toutes les universités publiques d’Iran – a donné l’instruction à 81 universités d’expulser tous les étudiants bahá’ís.

La lettre précisait : « [Si] l’identité des personnes bahá’íes est découverte au moment de l’inscription ou au cours de leurs études, elles doivent être expulsées de l’université. »

Des expulsions ont eu lieu au cours des derniers mois à Téhéran, à Yazd, au Mazandaran et à Ispahan. Dans de nombreux cas, l’action était mise à exécution peu de temps avant que les étudiants bahá’ís soient sur le point de passer leurs examens de dernière année.

Un bahá’í, qui étudiait l’ingénierie à Yazd, s’est vu récemment refuser l’accès à son compte étudiant en ligne, après que son nom ait été supprimé du système. L’organisme de mesure et d’évaluation de l’Éducation nationale à Téhéran l’a informé que les bahá’ís n’ont pas droit à l’enseignement supérieur. Sa demande d’un document écrit établissant les raisons de son expulsion a été rejetée.

Suite aux peu d’options qui leur sont ouvertes, de nombreux jeunes bahá’ís continuent leurs études à l’Institut bahá’í.

Les bahá’ís qui avaient demandé réparation auprès des tribunaux suite à leur renvoi de l’université ou à la notification de « dossiers incomplets » ont été confrontés à des décisions contenant des affirmations générales telles que « la réclamation est sans fondement » ou « la plainte est rejetée » ; les deux documents que l’on voit ici se terminent par la phrase : « La décision du tribunal est sans appel. »
Les bahá’ís qui avaient demandé réparation auprès des tribunaux suite à leur renvoi de l’université ou à la notification de « dossiers incomplets » ont été confrontés à des décisions contenant des affirmations générales telles que « la réclamation est sans fondement » ou « la plainte est rejetée » ; les deux documents que l’on voit ici se terminent par la phrase : « La décision du tribunal est sans appel. »
« Bloquer l’accès à l’éducation peut, superficiellement, sembler avoir moins d’importance que les agressions physiques dont est victime la communauté ou l’emprisonnements de ses responsables, a précisé Bani Dugal, mais les conséquences de cette politique auront des répercussions pendant des générations.

« Ces injustices reflètent la terrible oppression qui s’est emparée de l’ensemble de l’Iran. Un grand nombre de jeunes gens sont exclus de l’enseignement supérieur sur la base de leurs opinions politiques ou religieuses, ou sur celle de l’utilisation de leur liberté d’expression.

« Notre appel concerne les bahá’ís d’Iran – et tous ceux qui sont les victimes de tels abus – afin qu’ils se voient octroyer leurs pleins droits de citoyens pour qu’ils puissent réaliser leur aspiration sincère à contribuer à l’avancement de leur nation.

« Montrer maintenant du respect pour les droits des bahá’ís iraniens mettrait en évidence une volonté de la part des autorités de respecter les droits de tous leurs citoyens.»

Noms et villes de résidence des personnes arrêtées

Les seize bahá’ís (et les villes dans lesquelles ils résident) arrêtés à partir du samedi 21 mai sont : Afrouz Farmanbordari (Gohardasht), Foad Moghaddam (Ispahan), Vahid Mahmoudi, Vahid Mokhtari, Farhad Sedghi et Ramin Zibaie (Karaj), Amir-Houshang Amirtabar, Navid Asadi et Sadaf Sabetian (Sari), Amanollah Mostaghim (Shiraz), Mahmoud Badavam, Soheil Ghanbari, Noushin Khadem, Kamran Mortezaie et Shahin Negari (Téhéran) ; et Danial Oji (ville de résidence inconnue). Il semblerait que Vahid Mokhtari ait déjà été libéré.

Réactions internationales et communiqués des médias

•La page International Reaction de Bahá’í World News Service est régulièrement mise à jour avec les réactions de gouvernements, d’organisations non-gouvernementales et de personnalités éminentes aux mesures prises contre les bahá’ís d’Iran.
•La page Media Reports présente un résumé de la couverture médiatique mondiale.
•Pour des informations en français, vous pouvez consulter le site officiel des bahá’ís de France le dossier Iran.


Documents joints

Document 1 en persan

Document 1 en anglais

Document 2 en persan

Document 2 en anglais

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