Une conférence bahá’íe sur le réchauffement planétaire donne la priorité à l’Arctique.

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Dr. John Stone et John Crump  répondant aux questions des participants après leurs exposés.
Dr. John Stone et John Crump répondant aux questions des participants après leurs exposés.
Ottawa, Ontario, publié le 30 novembre 2007 (SCNB) – Selon bien des experts, l’impact le plus considérable du réchauffement planétaire se fera sentir dans les régions arctiques. À titre d’exemple, l’été dernier, des scientifiques ont annoncé que, la superficie de la banquise arctique, au cours de cette année écoulée, était la plus petite enregistrée depuis que la calotte glaciaire est surveillée au moyen de satellites.

Il était donc très à propos que le Forum International de l’Environnement (FIE), se réunisse du 12 au 14 octobre 2007 à Ottawa au Canada pour discuter des implications morales du changement climatique pour l’Arctique et ses habitants.

« Cela se produit dans une région du monde qui contribue relativement peu au problème du changement climatique mondial » a expliqué John Stone de l’Université Carleton, qui est membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et qui a appris durant la conférence que ses collègues du GIEC et lui même s’étaient vu discerné le prix Nobel de la Paix 2007, conjointement avec Al Gore.

Au premier plan, Dr Heather Eaton et à ses côtés  Dr. Arthur Dahl
Au premier plan, Dr Heather Eaton et à ses côtés Dr. Arthur Dahl
Cependant, a-t-il ajouté, «Ceux qui vivent dans l’Arctique ont des liens très étroits avec la terre (…) et leur capacité d’adaptation est mise à dure épreuve, en même temps que la structure de leur collectivité est devenue plus vulnérable. »

Cette onzième conférence du Forum était parrainée conjointement par l’Agence bahá’íe canadienne de développement international et le Bureau des relations gouvernementales au nom de la Communauté bahá’íe du Canada. Elle a exploré, sous divers rapports, les aspects éthiques du changement climatique. Les participants ont, par exemple, été invités à examiner la nécessité d’existence d’une forme de gouvernance mondiale, ainsi que diverses méthodes novatrices par lesquelles il est possible de contribuer individuellement à l’éradication du problème, et à assister et participer aux débats sur les conséquences du changement climatique dans l’Arctique.

John Crump, coordinateur des questions polaires pour l’UNEP1/GRID-Arendal2. Soit la Base de Données des Ressources Mondiales. a expliqué que les Inuits ont, sur une longue période, fait preuve d’une capacité d’endurance et d’adaptation considérable, mais qu’il convient de se demander : « Jusqu’à quel point peuvent-ils s’adapter et jusqu’à quel point pouvons nous nous attendre à ce qu’ils puissent continuer à s’adapter ? » Selon lui, le problème ne pourra pas simplement être résolu en réinstallant ailleurs ces communautés en péril.

« Pour satisfaire aux exigences du Protocole de Kyoto, a affirmé Monsieur Crump, il faudra des actions collectives, concertées et coordonnées, sur le plan international … mais pour nous sortir de la situation induite par le changement climatique, il faudra bien plus encore, en sachant que le coût de notre inaction sera encore plus élevé. Ce sont les régions les plus vulnérables qui souffriront en premier, mais en fin de compte, nous y passeront tous, a-t-il ajouté, en suggérant que lorsqu’il est question de déplacer un peuple entier, les conséquences morales et culturelles sont très graves. »

Pour conclure, le coordinateur de l’UNEP n’a pas manqué de souligner cette évidence : « L’ensemble des droits civils d’un peuple sont fonction du pays où il réside et nous devons nous demander ce qu’il advient de ces droits quand un peuple est forcé de s’installer ailleurs ».

Robin Anawak, chercheur dans le domaine de l’environnement à « Inuit Tapiriit Kanatami » (ITK), l’organisation nationale Inuit du Canada, avait préparé une présentation sur l’impact du changement climatique sur ce peuple et son territoire. Mais une maladie contractée à la dernière minute l’a empêché de se rendre à la conférence, néanmoins son exposé a été présenté par le modulateur de la conférence.

Sa présentation visuelle a montré la diversité des domaines qui sont affectées par le réchauffement planétaire, dont notamment la difficulté de s’approvisionner en nourriture, de se loger adéquatement, l’apparition croissante d’espèces envahissantes, l’érosion côtière et la montée du niveau de la mer. Il a aussi soulevé la question de la faune et de la flore, de l’alimentation, de la culture, de la langue, des connaissances traditionnelles, de l’infrastructure communautaire, de la sécurité des chasseurs, des nouvelles maladies et de la sécurité du passage du Nord-Ouest.

Pour sa part, Heather Eaton, de l’Université Saint-Paul, à Ottawa, a examiné les dimensions éthiques soulevées par le changement climatique, mais d’un point de vue théologique et socioculturel : « Nous sommes immergés dans un océan d’idéologies culturelles, a-t-elle souligné, et elles entretiennent des notions de bien-être qui sont définies en termes de progrès, de croissance économique, de matérialisme sans limites, d’industrialisation et de technologie, toutes choses qui perturbent le climat. »

Participants à la 11ème conférence annuelle du Forum International de l’Environnement
Participants à la 11ème conférence annuelle du Forum International de l’Environnement
Madame Eaton a signalé que les religions ont beaucoup à offrir pour établir un cadre de référence nous permettant d’aborder la question du changement climatique.

«Les enseignements religieux s’intéressent à la dynamique humaine interne, a-t-elle fait observer, ils nous apprennent à éduquer nos désirs, en ajoutant que la religion nous enseigne certaines choses au sujet de nos pensées et de notre volonté. Elle nous enseigne la solidarité et à ce sujet, la foi bahá’íe possède une grande sagesse. Il est urgent que les religions réaffirment que l’élégance du monde naturel a, depuis l’aube des temps, était une source d’inspiration et a agi comme une réflexion du divin», a encore affirmé Madame Eaton ajoutant que : « Les êtres humains ne détruisent jamais ce qu’ils considèrent comme sacré. »

Arthur Dahl, président du FIE, a énoncé que la relation intime que les Inuits entretiennent avec la terre, pourrait fournir des informations importantes qui pourraient permettre de résoudre les problèmes du réchauffement planétaire.

En se servant d’un énoncé des enseignements bahá’ís selon lequel « La campagne est le monde de l’âme et la ville est le monde du corps »3, Monsieur Dahl a fait remarquer que les cultures les plus proches de cette réalité seront celles qui auront d’importantes résultats spirituels à offrir.

« Dans les pays industrialisés occidentaux, a-t-il expliqué, nous avons érigé des civilisations qui sont éloignées de la Nature. Nous nous sommes piégés nous mêmes dans un système contre nature. Le problème qui existe avec ce système est qu’il repose sur les combustibles fossiles, ce qui provoque le réchauffement de la planète. »

« Il y a une sorteà la fois d’inertie et d’élan à continuer sur cette voie, a fait encore observer M. Dahl, voyez à quel point notre civilisation est devenue vulnérable aux changements qui se produiront dans une ou deux décennies. »

Au total ce ne sont pas moins de 125 personnes, issues de treize pays d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Afrique, qui ont participé à cette conférence. Pour réduire leur empreinte écologique 25 participants, représentant neuf pays, ont pris part à la conférence au moyen d’un flux vidéo et textuel en simultané sur Internet. De plus, pour atteindre un public encore plus large, toutes les sessions de la conférence sont consultables en ligne sur le site internet de la FIE.

Duncan Hanks directeur de l’Agence bahá’íe canadienne de développement international et co-animateur de la conférence, a dit qu’il était impressionné par le niveau d’engagement des participants.

« Nous avons assisté à un échange d’idées authentique et ouvert, entre personnes de différentes confessions et aussi entre des scientifiques et des personnes religieuses ou sans affiliation confessionnelle», a-t-il fait remarquer.

Table ronde au Forum International de l’Environnement 2007.
Table ronde au Forum International de l’Environnement 2007.
«Ce congrès a réuni des exécutants, des décideurs et des citoyens ordinaires, issus d’organismes gouvernementaux, confessionnels, environnementaux ou encore d’organisations non gouvernementales. Tous ont trouvé, lors de cette conférence, un lieu où ils pouvaient exprimer leur point de vue, être écoutés et contribuer au dialogue, sans que quiconque ne cherche à imposer ses idées ou ne s’attache rigidement à une position », a témoigné Monsieur Hanks.

Il a conclu par ces mots : « L’atmosphère qui a régné à cette 11ème conférence annuelle a été très prolifique. L’esprit de l’apprentissage, la participation et l’inspiration étaient palpables dans la salle

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  1. UNEP : United Nations Environnement Programme, soit le Programme des Nations Unies pour l’Environnement  

  2. GRID : Global Resource Information Database  

  3. Citation extraite de « Bahá’u’lláh et l’Ere Nouvelle » de E. Esslemont 

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