Après un ouragan dévastateur, la communauté s’unit pour reconstruire

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ROSEAU, la Dominique, publié le 13 avril 2018 – L’ouragan Maria, de catégorie 5, a été l’un des plus violents ouragans de l’Atlantique jamais enregistrés. Quand il a balayé les Caraïbes il y a environ sept mois, la destruction qu’il a laissée dans son sillage était stupéfiante : maisons détruites, cultures ruinées et communautés décimées. La couverture médiatique internationale de l’époque se concentrait à juste titre sur les pertes et la tragédie que les habitants des îles avaient subies.

Des jeunes et des adultes travaillent ensemble à la construction d’une serre sur le territoire kalinago.
Des jeunes et des adultes travaillent ensemble à la construction d’une serre sur le territoire kalinago.

Mais dans les mois qui ont suivi, une autre histoire s’est déroulée dans les Caraïbes – une histoire pleine d’espoir, positive et rarement racontée. C’est l’histoire des communautés, à travers les îles, qui ont découvert dans la tragédie le pouvoir de l’unité, de la coopération et de l’action collective pour reconstruire leur environnement et renforcer les liens sociaux et spirituels qui lient les voisins. Ce sont ces connexions qui sont essentielles pour la résilience en période d’épreuves.

Lorsque des catastrophes naturelles frappent, les communautés qui sont unies dans leurs efforts « sont plus capables de prendre des mesures significatives et efficaces pour réagir et se relever », a écrit la Communauté internationale bahá’íe (CIB) dans un communiqué publié en mai 2016. « L’expérience a montré que les gens peuvent faire preuve d’une résilience, d’un altruisme, d’une ingéniosité et d’une créativité remarquables dans ces moments-là. »

L’île de la Dominique en est un exemple. Bien que relativement petites, les communautés bahá’íes de l’île ne se sont pas considérées comme des victimes sans défense, mais comme des protagonistes de la transformation de leur environnement physique et social.

Le territoire kalinago, en Dominique, où la communauté s’est rassemblée pour construire des serres dans lesquelles les semis peuvent germer pour aider à remettre en état les champs qui ont été détruits par l’ouragan.
Le territoire kalinago, en Dominique, où la communauté s’est rassemblée pour construire des serres dans lesquelles les semis peuvent germer pour aider à remettre en état les champs qui ont été détruits par l’ouragan.

Dans le territoire kalinago de la Dominique, une région principalement rurale et indigène qui a été particulièrement touchée par l’ouragan Maria, l’aide a tardé à arriver ; nourriture, eau et autres fournitures destinées à la région n’ayant jamais quitté Roseau, la capitale.

Ayant évalué les besoins critiques de leurs voisins dans les semaines qui ont suivi la tempête, les bahá’ís de la région ont pu réunir des responsables locaux, des voisins, des amis et d’autres personnes pour les consulter sur ce qu’ils pouvaient faire, compte tenu des ressources dont ils disposaient. Ils ont décidé de construire plusieurs serres pour rétablir rapidement les cultures vivrières qui avaient été détruites par la tempête. Plusieurs résidents ont offert leur terre pour les serres où des graines pourraient être plantées et aussi des parcelles de terrain où, plus tard, les semis pourraient être transplantés.

« La construction des serres a profondément uni la communauté », a expliqué Siila Knight, une bahá’íe de la Barbade qui a visité la Dominique pour fournir un soutien logistique au nom de la CIB. « Les voisins et les amis se sont rassemblés et ont travaillé du matin jusqu’au soir, apportant tous les matériaux qu’ils pouvaient donner ou récupérer et sciant en planches les troncs des cocotiers abattus. Après avoir terminé leur travail en soirée, ils se rassemblaient de nouveau pour prier ensemble. »

« C’était très touchant, a-t-elle continué. D’une manière ou d’une autre, tout le monde pouvait sentir l’atmosphère spirituelle en travaillant ensemble. »

S’inspirant de ce qui s’expérimentait dans le territoire kalinago, les habitants du quartier de Newtown à Roseau se sont également réunis pour se consulter sur la manière dont ils pourraient prendre en main les efforts de reconstruction dans leur propre communauté. Un dimanche au début du mois de janvier, des dizaines d’habitants du quartier ont discuté de ce qui devait être fait de toute urgence à la suite des dégâts causés par l’ouragan Maria.

  • Des jeunes et des adultes travaillent ensemble à la construction d’une serre sur le territoire kalinago.
La seule chèvre qui restait à une famille après la tempête ; ils l’ont appelée Maria, après l’ouragan
La seule chèvre qui restait à une famille après la tempête ; ils l’ont appelée Maria, après l’ouragan

Pendant que les habitants se consultaient, l’espoir naissait lors de la réunion à Newtown. Ensemble, ils ont fait des plans pour enlever les rondins et les déchets qui obstruaient le port et bloquaient l’accès à l’océan, vital pour leur communauté de pêcheurs.

Inspirés par le travail dans le territoire kalinago, ils ont décidé qu’ils pourraient utiliser une partie du bois récupéré dans la baie pour construire une serre où les graines pourraient germer rapidement et être distribuées pour être plantées dans les fermes dont les récoltes avaient été détruites.

« J’ai vu comment tous ces efforts ont redonné de l’espoir à tout le monde, a rapporté Mme Knight qui a participé aux travaux de reconstruction des deux communautés. La communauté a été le témoin direct du pouvoir de la concertation, la « consultation » bahá’íe, pour résoudre des problèmes difficiles et encourager une volonté d’action collective.

Au mois de mars, le quartier de Newtown, avec l’aide financière et logistique de la CIB, avait fait des progrès considérables dans la prise en charge des aspects de la reconstruction que les habitants pouvaient réaliser eux-mêmes. Ils avaient également pris des dispositions pour que des thérapeutes viennent dans la communauté et proposent leur aide à ceux qui avaient subi une perte tragique provoquée par l’ouragan.

Les deux communautés ont rapidement constaté que ces projets fournissaient non seulement une assistance pratique, mais aussi un espace pour les voisins et les amis où se rassembler, réfléchir, prier et étudier. Sur le territoire kalinago, les serres sont devenues un point de ralliement collectif. La communauté a commencé à organiser, sur le site, des cours d’éducation morale et spirituelle pour les enfants et les jeunes adolescents, ainsi que des réunions de prière ouvertes à tous. Des sièges ont été faits à partir de souches d’arbres sciées.

La communauté a cultivé de nombreux types de plantes dans les serres : bok choy, citrouilles, haricots, carottes, choux, laitues, pastèques, gombos, tomates, ciboulette et persil.
La communauté a cultivé de nombreux types de plantes dans les serres : bok choy, citrouilles, haricots, carottes, choux, laitues, pastèques, gombos, tomates, ciboulette et persil.

Au début, les seules graines qu’ils ont pu obtenir pour semer dans les serres étaient le bok choy, un légume inconnu des habitants de la région. Mais ils les ont plantées quand même et ont rapidement développé des recettes avec ce légume à feuilles vertes que les familles se partageaient. Plus tard, ils ont été en mesure de planter d’autres cultures telles que citrouilles, haricots, carottes, choux, laitues, pastèques, gombos, tomates, ciboulette et persil.

Dans les mois qui ont suivi la construction des serres, les plants qui y avaient été cultivés ont été utilisés pour rétablir des cultures et fournir de la nourriture aux habitants de plusieurs villages de la région. La communauté a également contribué à d’autres projets, tels que la construction d’un nouveau toit pour la bibliothèque municipale et l’obtention de fournitures scolaires pour quelques écoles du territoire.

Exprimant une opinion partagée par beaucoup, un habitant d’un village du territoire kalinago a déclaré : « Ce que nous avons fait avec les bahá’ís – c’est la première fois que nous voyons quelqu’un promettre d’aider et de vraiment le faire. »

 

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