Menaces sur le procès des sept responsables bahá’ís en Iran

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Genève, publié le 5 janvier 2010 – Les développements récents en Iran soulèvent de graves préoccupations au sujet du sort ultime des sept responsables bahá’ís dont le procès est prévu mardi prochain.

« La communauté bahá’íe d’Iran a bien trop souvent fait l’objet de campagnes de dénigrement et de fausses accusations destinées à détourner l’attention d’une population agitée des personnes au pouvoir sur les bahá’ís, a déclaré Diane Ala’i, représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève. Aujourd’hui, à quelques jours du procès, des signes indiquant que les bahá’ís vont être des boucs émissaires sont encore une fois perceptibles. »

« Plutôt que de reconnaître sa responsabilité dans les troubles dans le pays, le gouvernement iranien cherche à déplacer la responsabilité sur d’autres, incluant des puissances étrangères, des organisations internationales, des médias, des étudiants, des femmes ou des terroristes. Maintenant, les bahá’ís ont été ajoutés à cette longue liste de prétendus coupables », a-t-elle ajouté.

« Au cours des derniers jours, des médias liés au gouvernement iranien ont accusé les bahá’ís d’être responsables des troubles à l’occasion du jour saint d’Ashura, précise Diane Ala’i. Ceci vise clairement à élever l’opinion publique contre les sept bahá’ís détenus dans la prison d’Evin. Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que le gouvernement, ou des éléments ultraconservateurs en son sein, puisse utiliser les troubles actuels en Iran pour justifier des mesures extrêmes contre ses personnes illégalement emprisonnées. »

Elle précise que cette préoccupation s’est aggravée dimanche lorsque les autorités ont arrêté 13 bahá’ís à leurs domiciles à Téhéran, les ont incarcérés dans un centre de détention et ont tenté d’obtenir d’eux qu’ils signent un document indiquant qu’ils ne participeraient pas à de futures manifestations.

« La conjonction de ces circonstances nous renforce dans notre conviction que la situation à laquelle font face ces responsables bahá’ís est extrêmement préoccupante. Nous sommes profondément inquiets pour leur sécurité. Nous nous attendons à ce que le procès ne soit qu’un procès-spectacle à l’issue prédéterminée », a-t-elle ajouté.

« Si quoi que ce soit devait arriver à l’un de ces sept bahá’ís avant ou après le procès, le gouvernement iranien devrait en être tenu pour responsable. Nous demandons à la communauté internationale d’indiquer clairement à l’Iran qu’elle est attentive et attend un procès public et conforme aux exigences internationalement reconnues d’un procès équitable. »

Les sept prisonniers bahá’ís sont Mme Fariba Kamalabadi, MM. Jamaloddin Khanjani, Afif Naeimi, Saeid Rezaie, Mme Mahvash Sabet, MM. Behrouz Tavakkoli et Vahid Tizfahm. Ils ont été arrêtés au printemps 2008 et sont emprisonnés à la prison d’Evin depuis lors.

Selon les informations de médias officiels iraniens, les sept seraient accusés « d’espionnage au profit d’Israël, d’offense au caractère sacré de la religion et de propagande contre la République islamique ». L’ensemble de ces charges sont totalement infondées selon Diane Ala’i.

Des dates de procès ont été annoncées pour juillet, août et octobre mais furent repoussées à chaque fois. En décembre, les avocats se virent notifier la nouvelle date du 12 janvier.

Diane Ala’i souligne que les persécutions contre les Iraniens bahá’ís se sont régulièrement intensifiées au cours de l’année 2009. Actuellement, quelque 48 bahá’ís sont emprisonnés et de nombreux autres ont été soumis à des perquisitions, à la confiscation de leurs biens et à des arrestations régulières. Depuis mars dernier, quelque 60 bahá’ís ont été arrêtés et emprisonnés pour des périodes allant d’une nuit à plusieurs mois.

Une campagne anti-bahá’íe dans les médias a également continué, ajoute-t-elle, culminant dans les accusations absurdes de la semaine passée selon lesquelles les bahá’ís auraient été impliqués dans le déclenchement des troubles lors du jour saint de l’Ashura, le 27 décembre dernier.

L’agence semi-officielle Fars News Agency, par exemple, rapportait le jour suivant que Ne’mattollah Bavand décrit comme un « expert » en affaire politiques aurait affirmé que « le baha’isme sous la direction du sionisme est derrière cette dernière crise et ces troubles ».

Selon Diane Ala’i, ces déclarations font craindre aux bahá’ís qu’elles fassent partie d’un effort coordonné d’introduire ces accusations infondées lors du procès imminent.

Parmi les 13 personnes arrêtées le 3 janvier dernier se trouvaient des proches de deux responsables emprisonnés dont Negar Sabet, fille de Mahvash Sabet, Leva Khanjani, petite-fille de Jamaloddin Khanjani et l’époux de cette dernière, Babak Mobasher. Les autres personnes arrêtées sont Jinous Sobhani, une ancienne secrétaire de Maître Shirin Ebadi et son époux, Artin Ghazanfari, Mehran Rowhani et Farid Rowhani qui sont frères, Nasim Beiglari, Payam Fanaian et son épouse Nikav Hoveydaie, Mona Misaghi ainsi que Ebrahim Shadmehr et son fils Zavosh Shadmehr.

Pour plus d’informations sur la situation en Iran: http://www.bahai.fr/iran

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