Pression sur des commerçants bahá’ís en Iran concernant l’observance de leurs fêtes religieuses

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GENÈVE, publié le 16 juin 2015 – Des dizaines de boutiques de bahá’ís dans les villes de Rafsanjan, Kerman, Sari et Hamadan ont été mises sous scellés par les autorités gouvernementales afin de faire pression sur eux pour qu’ils n’observent pas leurs fêtes religieuses.

Ces magasins, des petites entreprises pour la plupart, offrant des services comme la réparation d’appareils électroménagers ou la vente de pièces d’automobiles ou de vêtements, ont été mis sous scellés en avril et en mai lorsque, au cours de ces deux mois, les propriétaires les ont fermés pour respecter des jours saints bahá’ís.

Une banderole placée sur la devanture de l’une des quelque 79 entreprises appartenant à des bahá’ís qui ont été fermées dans la matinée du 25 octobre 2014, une attaque systématique soutenue par l’État contre la communauté bahá’íe dans l’une des régions d’Iran. On y lit : « Cette entreprise commerciale a été mise sous scellés en raison de la violation des lois et des règles commerciales. Le propriétaire de cette entreprise commerciale doit en rendre compte à la police. »
Une banderole placée sur la devanture de l’une des quelque 79 entreprises appartenant à des bahá’ís qui ont été fermées dans la matinée du 25 octobre 2014, une attaque systématique soutenue par l’État contre la communauté bahá’íe dans l’une des régions d’Iran. On y lit : « Cette entreprise commerciale a été mise sous scellés en raison de la violation des lois et des règles commerciales. Le propriétaire de cette entreprise commerciale doit en rendre compte à la police. »

Suite à ces fermetures, les autorités iraniennes ont dit à certains de ces commerçants que leurs licences commerciales seraient annulées et leurs magasins définitivement fermés s’ils ne signaient pas l’engagement de ne fermer leurs boutiques que lors des jours fériés nationaux.

« Cette récente tentative des autorités en Iran pour empêcher les propriétaires bahá’ís de commerces d’observer les jours saints bahá’ís durant quelques jours de l’année est un acte contre les lois d’Iran elles-mêmes et elle viole également les normes internationales des droits de l’homme », a déclaré Mme Diane Ala’i, la représentante du bureau de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève.

« Ces petites entreprises sont pratiquement aujourd’hui les seuls moyens de subsistance économique qui restent aux bahá’ís et à leurs familles en Iran, a précisé Mme Ala’i. Tous les emplois dans la fonction publique leur sont interdits et d’autres entreprises du secteur privé sont souvent poussées à les licencier. »

La plupart, voire la quasi totalité de ces magasins faisaient partie des quelque 80 magasins dans ces villes, ainsi que dans celle de Jiroft, qui avaient été fermés par les autorités en octobre dernier après que leurs propriétaires avaient exceptionnellement fermé leurs commerces pour observer des jours saints bahá’ís. Après de nombreuses demandes de la part des bahá’ís et la médiatisation internationale de ces fermetures, les magasins ont finalement été autorisés à rouvrir. Ces actions ont été signalées dans le rapport annuel 2015 de l’intergroupe du Parlement européen sur la liberté de religion ou de croyance et la tolérance religieuse intitulé State of Freedom of Religion or Belief (État de la liberté de religion ou de croyance).

« Ces récents développements portent la persécution contre les bahá’ís en Iran à un niveau supérieur, parce que ce n’est pas comme si les bahá’ís annonçaient ouvertement qu’ils ferment leurs commerces en raison d’un jour saint bahá’í, a expliqué Mme Alai. Ils souhaitent simplement exercer leur droit à la liberté de culte.

Tout ceci fait à l’évidence partie d’un effort continu du gouvernement de rendre invisibles les bahá’ís en cherchant à éliminer tous les aspects de leur existence. »

Ces nouvelles arrivent juste alors que les gouvernements, les employeurs et les représentants des travailleurs du monde entier se réunissent à Genève pour la 104e Conférence internationale du travail, où le sujet de la discrimination sur le lieu de travail est une préoccupation majeure.

« Le fait que les nouvelles de ces incidents, des exemples flagrants de persécution religieuse, arrivent alors que le monde discute de la discrimination sur le lieu de travail ne fait que souligner une fois de plus à quel point l’Iran a échoué à se montrer à la hauteur des normes internationales des droits de l’homme», a souligné Mme Ala‘i.

Ouverture de la 104e Conférence internationale du travail, avec la discrimination sur le lieu de travail comme préoccupation principale. Credits : Pouteau/Crozet –https://www.flickr.com/photos/ilopictures/17723189434/in/album-72157653410486208/)
Ouverture de la 104e Conférence internationale du travail, avec la discrimination sur le lieu de travail comme préoccupation principale. Credits : Pouteau/Crozet –https://www.flickr.com/photos/ilopictures/17723189434/in/album-72157653410486208/)

Elle a fait remarquer qu’en 2014 l’Organisation internationale du travail, lors de sa 103e Conférence internationale du travail, avait lancé un appel à l’Iran pour qu’il remédie à la discrimination envers les bahá’ís, en disant qu’elle avait une « profonde préoccupation » concernant « la discrimination systématique visant les membres des minorités religieuses et ethniques, en particulier les bahá’ís, et exhortait une fois de plus le gouvernement à prendre des mesures immédiates et décisives pour lutter contre cette discrimination ».

Les bahá’ís sont officiellement empêchés d’exercer une activité dans certains types de commerce. En 2007, le Public Places Supervision Office (Bureau de surveillance des lieux publics) a envoyé une lettre à la police dans tout le pays en disant que les bahá’ís devraient être exclus des entreprises à hauts revenus et des catégories sensibles, telles que la presse, la joaillerie, la photographie, et l’informatique et d’emplois en relation avec internet, ainsi que de l’industrie alimentaire.

En outre, les petites boutiques tenues par les bahá’ís ont non seulement fait l’objet de fréquentes fermetures par des agents du gouvernement, mais aussi d’incendies volontaires et d’autres agressions, perpétrés dans un climat où la haine contre les bahá’ís a été incitée par une campagne nationale médiatique anti-bahá’íe, comme cela a déjà été décrit auparavant.

 

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