« Sérieuses préoccupations » quant aux violations des droits de l’homme en Iran

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NATIONS UNIES, le 22 octobre 2012 – Deux rapports de haut niveau publiés début octobre expriment de sérieuses préoccupations à propos des violations des droits de l’homme qui continuent en Iran, en soulignant l’intensification des attaques contre les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme et la poursuite de la discrimination envers les femmes, les jeunes filles et les minorités, y compris les membres de la foi bahá’íe.

Dans son rapport annuel sur l’Iran adressé à l’Assemblée générale des Nations unies, le secrétaire général Ban Ki-moon a exprimé ses « sérieuses préoccupations » au sujet de rapports concernant la torture, les amputations, les procès injustes, l’utilisation excessive de la peine de mort et la persécution des minorités, y compris des bahá’ís.

Ahmed Shaheed (à gauche), le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Iran et le secrétaire général Ban Ki-moon (à droite). Photos ONU/Jean-Marc Ferre et Marco Castro
Ahmed Shaheed (à gauche), le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Iran et le secrétaire général Ban Ki-moon (à droite). Photos ONU/Jean-Marc Ferre et Marco Castro
Ahmed Shaheed, le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran a également présenté son rapport à l’Assemblée, disant qu’il avait, cette année, « enregistré un grand nombre » de violations des droits de l’homme, y compris des limitations illégales imposées à la liberté d’expression, des manquements aux procédures légales régulières, des attaques contre la liberté de religion et l’emprisonnement injustifié d’enfants.

« Ces violations sont les résultats des absurdités juridiques, de l’adhésion insuffisante à l’autorité de la loi et de l’existence de l’impunité généralisée », a précisé M. Shaheed.

Bani Dugal, la principale représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies, a affirmé que les deux documents dépeignent un tableau sinistre de la vie du peuple d’Iran.

« Les deux rapports nous parlent d’un pays où les libertés fondamentales telles que les droits à un procès équitable, à la parole, au rassemblement, à la croyance religieuse sont constamment et cruellement ignorées, même si l’Iran a promis de les défendre.

« Ils soulignent aussi à quel point l’Iran a refusé de coopérer avec les observateurs internationaux des droits de l’homme, tel que M. Shaheed, au mépris de la communauté internationale qui a, de manière répétée, appelé l’Iran à s’acquitter de ses obligations conformément aux lois internationales », a ajouté Mme Dugal.

Le rapport de M. Ban soulignait la situation de journalistes, de défenseurs des droits de l’homme et de militants pour les droits des femmes qui, selon lui, sont de plus en plus la cible du gouvernement iranien alors qu’il cherche à restreindre la liberté d’expression ou de rassemblement.

« Depuis décembre 2011, au moins 40 journalistes ont vraisemblablement été emprisonnés, plusieurs autres risquant d’être arrêtés », a indiqué M. Ban.

Il a également fait remarquer que des défenseurs des droits de l’homme ont apparemment été torturés au cours de leur détention, pour avoir « exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression, d’association et de rassemblement. »

Il a aussi noté la situation des minorités, mentionnant en particulier la communauté bahá’íe d’Iran. Plus de 474 bahá’ís ont été arrêtés depuis 2004, a-t-il précisé, et les bahá’ís font face à de « sévères pressions socioéconomiques ». Il a fait remarquer que, par exemple, les étudiants bahá’ís sont empêchés de poursuivre des études supérieures.

Le rapport du M. Shaheed a traité en profondeur de la liberté de religion, examinant spécifiquement la situation des communautés bahá’íe, chrétienne et derviche en Iran. « Des membres de religions, à la fois reconnues et non reconnues, ont rapporté différents degrés d’intimidation, d’arrestation, de détention et d’interrogatoire portant particulièrement sur la croyance religieuse. »

M. Shaheed a consacré deux paragraphes à la situation de la communauté bahá’íe d’Iran. Il a noté que, alors que le gouvernement prétend que les bahá’ís ont « les mêmes droits légaux, sociaux et économiques », il continue à recevoir des rapports selon lesquels les bahá’ís « font face à l’intimidation et à l’arrestation à cause de leur religion ».

« Par exemple, le 17 février 2012, des fonctionnaires se seraient présentés à une activité de charité à Machhad ; ils auraient réquisitionné les téléphones portables de toutes les personnes présentes et exigé qu’elles déclinent leurs coordonnées personnelles et mentionnent leur religion par écrit et face à une caméra…

« De plus, les personnes qui se sont identifiées comme étant musulmanes auraient été séparées des bahá’ís, interrogées sur leurs relations avec les personnes présentes, puis relâchées. Les autorités auraient, par la suite, procédé à l’arrestation d’un certain nombre de bahá’ís », a écrit M. Shaheed.

Il a également fait part de ses préoccupations quant à la révision du « Code pénal islamique » national d’Iran qui, selon lui, considère inégalement les hommes et les femmes et institutionnalise la discrimination religieuse.

« Par exemple, l’article 588 du Code pénal islamique révisé stipule que le diya (le prix du sang) doit être également réparti entre les minorités religieuses reconnues par la Constitution. Cependant, la mise en pratique équitable de cette loi ne s’applique pas aux religions non reconnues par la Constitution, telle que la religion bahá’íe. »

Son rapport a également exprimé des préoccupations sur les violations des droits des enfants, faisant en particulier remarquer que l’Iran lui-même a récemment annoncé que quelque « 70 enfants, n’ayant commis aucun crime, vivaient en prison parce que leurs mères étaient emprisonnées ». D’autres rapports, a-t-il souligné, ont indiqué que près de 450 enfants sont injustement emprisonnés de cette manière.

« En plus d’être privés de leur enfance, ces enfants sont également exposés à des conditions d’emprisonnement lamentables, dont une mauvaise hygiène et la malnutrition, qui compromettent considérablement leur développement physique, émotionnel et mental et les placent en situation difficile lorsqu’ils sont libérés avec leur parent », a écrit M. Shaheed.

Il a conclu : « Les informations et les interviews prises en compte dans ce rapport proposent un tableau profondément inquiétant de la situation générale des droits de l’homme dans la République islamique d’Iran, y compris les nombreuses inquiétudes qui sont de nature systémique. »

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