Une girafe éthiopienne captive le cœur des enfants

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Addis Abeba, Éthiopie, publié le 2 avril 2007 – Bruktawit a 35 ans, il est américain. Il a étudié les technologies multimédia à l’université, il souhaitait travailler dans le domaine audiovisuel de la télévision. « Je suis venu en Éthiopie comme volontaire à « l’Académie des Deux Ailes », une école inspirée des principes bahá’ís, afin d’explorer des pistes permettant de réaliser une émission télé pour les enfants éthiopiens » explique- t-il.

Shane a 25 ans, elle est éthiopienne et maîtresse d’école.

Bruktawit et Shane Etzenhouser posent pour une photo avec les marionnettes
Bruktawit et Shane Etzenhouser posent pour une photo avec les marionnettes
Tous deux sont membres de la foi bahá’íe. Ils se sont rencontrés à Addis Abeba à « l’Académie des Deux Ailes » et se sont mariés en décembre 2004.

De ce mariage entre une maîtresse d’école éthiopienne et un créateur américain de logiciels, a résulté la naissance d’une jeune girafe qui captive l’imagination des enfants d’Éthiopie.

La girafe « Tsehai », est la création de Bruktawit et Shane Etzenhouser. C’est une marionnette à main, vedette d’une nouvelle émission télévisée en langue amharique.

Créé sur le modèle de l’émission classique télévisuelle « Rue Sésame », le programme « Tsehai adore apprendre » est conçu afin d’aider les plus jeunes à lire et à développer d’autres aptitudes, y compris une relation responsable avec l’environnement. En effet, la curieuse et aventureuse « Tsehai » vit dans un monde de décors, créé par ordinateur, qui représente la nature éthiopienne.

«Le programme fonctionne bien jusqu’à présent, explique M.Seifu Sevoum, Directeur du service des programmes pour ETV, la station de télévision nationale. J’ai moi-même deux enfants et chaque matin ils veulent voir « Tsehai ». Beaucoup d’enfants et de parents aiment cette émission. »

«Tsehai» est la première émission en Éthiopie qui utilise des marionnettes et des animations dans le but d’enseigner les lettres, les chiffres et les formes. Toutes les informations éducatives sont données dans la langue dominante du pays. Le programme offre aussi des leçons sociales et morales et présente d’autres sujets variés tels que l’effort, la perte d’un parent et parfois même un thème grave comme le commerce des enfants esclaves en Afrique.

La diffusion a lieu les week-ends. Chaque épisode, d’une durée de 8 à 10 minutes, est présenté pendant deux semaines, puis une nouvelle aventure débute. Les enfants qui désirent voir plus souvent les émissions peuvent acquérir auprès de la maison d’édition Etzenhousers les DVD.

Shane et Bruktawit démarrent le tournage d’une scène dans laquelle  « Tsehai » et son plus jeune frère « Fikir » discutent ensemble
Shane et Bruktawit démarrent le tournage d’une scène dans laquelle « Tsehai » et son plus jeune frère « Fikir » discutent ensemble
Pour le couple Entzenhouser, la production du programme est, en elle–même, une histoire d’amour. « Nous le faisons parce que nous adorons les enfants d’Éthiopie», dit M. Etzenhouser.

« Tsehai est vraiment ce que nous ressentons l’un pour l’autre, dit Mme Etzenhouser. C’est notre histoire personnelle d’amour. Beaucoup de gens nous demandent pourquoi nous n’avons pas encore d’enfant. Cela fait plus de deux ans que nous sommes mariés et en Éthiopie beaucoup de couples ont déjà eu, après ce laps de temps, un bébé. Alors nous leur répondons : « Nous en avons un. Regardez, nous avons Tsehai ! »

Le couple a travaillé et étudié longuement avant de lancer ce programme télé. « Nous avons fait beaucoup de recherches sur Internet, explique M. Etzenhouser. Nous avons aussi rassemblé beaucoup d’informations provenant des universités. Nous avons regardé de nombreuses émissions comme Rue Sésame, Blues Clues, Oobi et The Wiggles. Nous avons testé les programmes à l’école locale afin de déterminer quelles données avaient le plus d’impacts auprès les enfants. »

Bruktawit et Shane ont pensé que la combinaison de leurs aptitudes – lui, créateur de logiciels et elle, enseignante pour les enfants – était idéale pour le projet.

« Tsehai » apprend à compter.  C’est M. Tortue, âgé de 150 ans et plein de sagesse, qui l’aide
« Tsehai » apprend à compter. C’est M. Tortue, âgé de 150 ans et plein de sagesse, qui l’aide
« Tsehai aime apprendre » est conçu en priorité pour les enfants âgés de trois à six ans, des enfants trop jeunes pour aller à l’école publique d’Éthiopie.

« À moins qu’ils ne soient envoyés dans des jardins d’enfants privés, la plupart des enfants ne recevront pas d’éducation suffisante pour devenir de bons étudiants, déclare Mme Etzenhouser. Sans cette attention accordée à ces enfants à un âge précoce de leur développement, la plupart d’entre eux auront des difficultés tout le reste de leur parcours scolaire.»

Les Etzenhouser précisent que les enseignements bahá’ís donnent une grande importance à l’éducation des enfants et que les principes spirituels baha’is les inspirent pour créer les épisodes.

« Ce programme télé satisfait aux besoins des enfants qui sont dans un âge décisif, dit Mme Etzenhouser. Il les aide à voir la valeur de l’accomplissement de l’éducation. De même, il les aide à développer une attitude positive et à réaliser que la mettre au service de leur communauté est une bonne chose. »

Toujours aidé de M.Tortue, le sage, « Tsehai »  apprend l’alphabet amharique
Toujours aidé de M.Tortue, le sage, « Tsehai » apprend l’alphabet amharique
D’après le Programme de développement des Nations unies, l’Éthiopie, pays de 74 millions d’habitants, a un taux d’alphabétisation de seulement 41% parmi les personnes de plus de quinze ans. Les « Etzenhouser » espèrent que « Tsehai aime apprendre » contribuera à améliorer l’accès à la lecture chez les enfants.

Shlomo Bachrach, un conseiller du gouvernement éthiopien habitant Washington, a récemment parlé de l’émission « Tsehai aime apprendre » avec l’agence « Associated Press ».

Monsieur Bachrach a déclaré : « L’émission est parfaitement orientée vers l’audience éthiopienne. Dans une culture où la télé est encore relativement une nouveauté, elle a un grand impact. Quand les enfants la regardent, ils la regardent avec une intensité que vous auriez du mal à imaginer. »

Cet avis est confirmé par de nombreux témoignages de parents comme celui de Dagmawit Eshetu, mère de deux enfants, âgés de quatre et six ans : « Le programme les implique vraiment, écrit-elle. Ils apprennent à réfléchir et ils participent à l’émission. Nous voyons un changement de caractère chez eux, particulièrement lorsqu’ils appliquent des règles, simples mais importantes, telles que se laver les mains, avec eau et savon, avant et après les repas et aussi la nécessité de boire de l’eau potable. »

Depuis sa « première » en septembre dernier, ce sont déjà neuf épisodes de « Tsehai aime apprendre » qui ont été diffusés. Nous travaillons actuellement à notre dixième épisode, dit M. Etzenhouser. Nous accélérons notre production et nous avons employé trois personnes supplémentaires. Nous avons créé les histoires pour les quatre prochains épisodes et nous avons écrit les scénarios des futures histoires jusqu’à l’épisode 18.»

Le couple explique que l’UNESCO les a grandement assisté lors de la première émission. Une société privée, « Jolly Jus », les soutient sous forme de publicité et la vente de DVD engendre elle aussi des revenus.

Ils espèrent annoncer bientôt les détails d’une nouvelle subvention provenant d’une organisation non-gouvernementale. Subvention qui les aidera à prolonger leur rêve car affirme, Mme Etzenhouser beaucoup de travail reste néanmoins à faire.

« Nous en sommes encore au stade de la petite enfance de « Tsehai». Nous devons aussi nous produire dans des zones isolées. Nous devons faire une version pour la radio. Nous sommes en route cependant et nous regardons grandir notre bébé. »

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