Une lettre ouverte à l’Iran appelle à la fin de l’oppression des étudiants

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NEW YORK, publié le 9 septembre 2011 – Dans une lettre ouverte au ministre iranien de l’Enseignement supérieur, la Communauté internationale bahá’íe lance un appel pour réclamer la fin « des mesures injustes et coercitives » qui interdisent l’accès à l’université des bahá’ís et d’autres jeunes iraniens.

« Cette lettre affirme qu’il est du devoir de chacun d’acquérir des connaissances afin de pouvoir contribuer, par ses talents et ses capacités, à l’amélioration de la société », a expliqué Bani Dugal, la principale représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies.

Les 16 bahá’ís initialement détenus suite aux descentes, par les autorités iraniennes, dans 30 maisons associées au personnel et aux enseignants de l’Institut bahá’í d’éducation supérieure ou IBES en mai de cette année. Des informations plus récentes indiquent que 11 d’entre eux sont toujours emprisonnés.
Les 16 bahá’ís initialement détenus suite aux descentes, par les autorités iraniennes, dans 30 maisons associées au personnel et aux enseignants de l’Institut bahá’í d’éducation supérieure ou IBES en mai de cette année. Des informations plus récentes indiquent que 11 d’entre eux sont toujours emprisonnés.
« Priver volontairement tout jeune de formation est un acte répréhensible et contraire à toutes les normes légales, religieuses, morales et humanitaires. Aucun gouvernement ne devrait nier ce droit fondamental et sacré à ses citoyens. »

La lettre de cinq pages, adressée à Kamran Daneshjoo, ministre iranien des Sciences, de la Recherche et des Technologies, relate en particulier l’histoire, longue de 30 années, de la campagne systématique de l’Iran pour interdire l’accès à l’enseignement supérieur aux jeunes bahá’ís, ainsi que les efforts entrepris pour mettre hors-la-loi un système communautaire informel – connu sous le nom d’Institut bahá’í d’éducation supérieure (IBES) – qui utilise les services bénévoles de professeurs limogés pour instruire les jeunes bahá’ís.

Les médias en Iran ont annoncé récemment que l’IBES avait été déclaré illégal.

« Comment un gouvernement peut-il interdire à une population de jeunes citoyens l’accès à l’éducation supérieure ? Et ensuite, alors que leurs familles, se soutenant les unes et les autres, mettent en place un système privé qui les rassemblent à leurs domiciles personnels pour étudier des matières telles que la physique et la biologie, ce même gouvernement déclare cette activité « illégale », arguant de lois qui sont en fait destinées à guider le fonctionnement d’institutions éducatives qui servent le grand public ? » demande la lettre ouverte.

« Pourquoi le gouvernement est-il si impitoyable vis-à-vis du désir sincère des jeunes bahá’ís d’accéder à l’enseignement supérieur ? Les professeurs dans vos universités n’appellent-ils pas leurs propres étudiants à témoigner du même engagement dans leurs études ? »

•Lire la lettre en anglais : http://news.bahai.org/sites/news.bahai.org/files/documentlibrary/848_BICLetter_English.pdf

•Lire la lettre en persan : http://news.bahai.org/sites/news.bahai.org/files/documentlibrary/848_BICletter_Persian.pdf

La lettre ouverte en français est disponible en tant que document joint à cet article.

Politique gouvernementale officielle

La lettre répertorie différentes stratégies mises en place, pendant des années, par les autorités iraniennes en vue de la promulgation d’une politique gouvernementale officielle d’éviction des bahá’ís des institutions de l’enseignement supérieur.

Des bahá’ís présentant les examens d’entrée à l’université «découvrent qu’ils ont été exclus sur l’affirmation, entièrement fallacieuse, de formulaires « incomplets » de candidature. Les universités refusent d’inscrire un grand nombre de ceux qui sont reçus à l’examen. Un petit nombre de ceux qui réussissent à s’inscrire, car on a fermé les yeux sur leur religion au moment de leur inscription, sont renvoyés ultérieurement. Dans certains cas particulièrement cruels, ces expulsions ont été effectuées seulement quelques semaines ou quelques jours avant la fin de leurs études ».

« Pour tout observateur attentif, précise la lettre, il est évident que la seule raison de l’admission de quelques jeunes bahá’ís dans vos universités est de permettre aux fonctionnaires gouvernementaux de nier le fait que vous refusez l’accès à l’éducation supérieure aux jeunes bahá’ís – allégation indéniablement hypocrite. »

Une « nouvelle dose de tribulations »

« Et, maintenant, poursuit la lettre, une nouvelle dose de tribulations accable les bahá’ís, qui subissent des interrogatoires sévères à propos de leur engagement dans leurs efforts informels de formation des jeunes. Les personnes qui participent au programme d’éducation sont menacées d’emprisonnement ; les parents qui ont accueilli des classes sont menacés d’expropriation de leurs maisons si celles-ci se poursuivent ; et les étudiants sont mis en garde contre la fréquentation de leurs classes et informés qu’ils n’obtiendront jamais l’accès à une éducation supérieure aussi longtemps qu’ils n’abandonneront pas leur foi et qu’ils ne se déclareront pas musulmans. »

La lettre fait cependant la remarque que, lorsque les représentants du gouvernement iranien sont confrontés à ces faits sur la scène internationale, ils maintiennent qu’aucun individu en Iran n’est privé d’accès à l’éducation sur des bases religieuses.

« Qu’il est regrettable que les représentants de la République islamique colportent, à maintes reprises, de tels mensonges évidents qui, de plus, portent atteinte à la crédibilité de votre gouvernement. Quand les autorités iraniennes mettront-elles fin à la pratique solidement établie qui consiste à dire une chose aux bahá’ís alors même qu’elles présentent, sur la scène internationale, un éventail de propos rassurants et contradictoires ? »

En dépit d’être exclus de l’enseignement supérieur et sans aucune obtention de diplôme officiel, beaucoup d’étudiants de l’Institut bahá’í d’éducation supérieure ont atteint un niveau d’excellence tel que des universités d’autres pays les ont acceptés dans des études de troisième cycle.

Ce qui a suscité la sincère admiration des professeurs et des camarades de ceux qui sont partis poursuivre des études à l’étranger, souligne la lettre, est la volonté manifestée par ces étudiants de retourner en Iran à la fin de leurs études, et ce malgré les nombreux obstacles auxquels ils devront faire face, ainsi que, dans leur désir profond de contribuer à l’avancement de leur pays, leur détermination à accepter des conditions difficiles …

« Pourquoi un tel dévouement à l’amélioration du pays est-il si peu apprécié en Iran ? » s’interroge la Communauté internationale bahá’íe .

Condamnation mondiale

La dernière agression dirigée contre l’Institut bahá’í d’éducation supérieure (IBES) a provoqué un tollé mondial. Il y a trois mois, les attaques contre les maisons du personnel et des enseignants de l’IBES, et l’emprisonnement de certains d’entre eux qui a suivi ont été condamnés par les parlements du Brésil, du Canada et du Chili. Ils ont également été dénoncés par des ministres de haut rang et des parlementaires en Australie, en Allemagne, en Irlande, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis. Ils ont encore occasionné des déclarations d’éminents citoyens en Inde et d’enseignants en Australie et au Royaume-Uni et ont provoqué des campagnes de protestation d’organisations et d’individus.Campagnes qui se multiplient dans les réseaux sociaux en ligne et sur les campus universitaires de tous les continents.

La lettre relate également le cas de nombreux fonctionnaires gouvernementaux à qui les bahá’ís ont fait appel pour obtenir réparation – notamment du personnel du ministère des Sciences, de la Recherche et des Technologies – qui sympathisent avec les bahá’ís mais leur expliquent que leurs mains sont liées par les ordres de leurs supérieurs.

« Par cette lettre, nous rejoignons toutes ces personnes de bonne volonté à travers le monde qui élèvent la voix en signe de protestation, a affirmé Bani Dugal.

« Nous disons au gouvernement iranien que cette injustice et cette oppression doivent maintenant prendre fin. »

Couverture du Bahá’í News Service de la persécution des bahá’ís en Iran

•Le Bahá’í World News Service a publié un rapport spécial qui comprend des articles et des informations générales sur les sept dirigeants bahá’ís iraniens– leur vie, leur emprisonnement, leur procès et leur condamnation – et les accusations à leur encontre. Il offre aussi des informations supplémentaires sur les persécutions de la communauté bahá’íe d’Iran : http://news.bahai.org/human-rights/iran/yaran-special-report/

•Pour des informations en français, vous pouvez consulter sur ce site officiel des bahá’ís de France le dossier Iran.

•Une autre section spéciale présente des articles et des informations sur la campagne de l’Iran visant à refuser l’éducation supérieure aux bahá’ís . Il comporte des nouvelles concernant les derniers développements, un résumé de la situation, des article spécifiques, des études de cas, des témoignages d’étudiants, des références et des liens : http://news.bahai.org/human-rights/iran/education/

•La page Réactions internationales du Bahá’í World News Service est régulièrement mise à jour avec des réponses de gouvernements, d’organisations non-gouvernementales et de personnalités importantes aux agressions perpétrées contre les bahá’ís en Iran.

•La page Media Reports présente un résumé de la couverture médiatique partout dans le monde.


Documents joints

1.Documents officiels du gouvernement iranien relatifs au refus de l’accès pour les bahá’ís à l’enseignement supérieur. 2006 : Lettre du Ministère iranien de la Science, Recherche et Technologie donnant des instructions à 81 universités pour l’expulsion des étudiants bahá’ís. Original en persan.

2.Documents officiels du gouvernement iranien relatifs au refus de l’accès pour les bahá’ís à l’enseignement supérieur. 2006 : Lettre du Ministère iranien de la Science, Recherche et Technologie donnant des instructions à 81 universités pour l’expulsion des étudiants bahá’ís. Traduction en anglais.

3. Année 1991 : Mémorandum, signé par le Guide suprême iranien, précisant les mesures répressives contre les bahá’ís. Original en persan.

4. Année 1991 : Mémorandum, signé par le Guide suprême iranien, précisant les mesures répressives contre les bahá’ís. Traduction en anglais.

5. La Lettre ouverte, en anglais, de la Communauté internationale bahá’íe au ministre iranien des Sciences, de la Recherche et des Technologies.

6. La Lettre ouverte, en persan, de la Communauté internationale bahá’íe au ministre iranien des Sciences, de la Recherche et des Technologies.

7. La lettre ouverte en français, de la Communauté internationale bahá’íe au ministre iranien des Sciences, de la Recherche et des Technologies.

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