Vague de protestations suite aux condamnations des dirigeants bahá’ís iraniens

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Genève, publié le 13 août 2010 – L’annonce de la sentence de vingt ans d’emprisonnement à l’encontre de chacun des dirigeants bahá’ís iraniens n’a rencontré que de la réprobation de la part de gouvernements et d’organisations des droits de l’homme partout dans le monde.

L’Australie, le Canada, la France et l’Allemagne ainsi que le président du Parlement européen ont tous exprimés leurs vives préoccupations.
Ils en appellent à la relaxe sous caution des prisonniers ou à l’annulation du jugement, l’Iran ayant l’obligation de démontrer que le procès était équitable et respectait les normes internationales.

Ministre canadien des Affaires étrangères

Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a affirmé que son pays était profondément choqué par cette condamnation qui « a été rendue sans un quelconque jugement écrit ou un véritable procès ». Il invite fermement l’Iran à libérer les prisonniers sous caution.

L’Allemagne décrit l’issue du jugement comme un « sérieux revers pour tous ceux qui se sont engagés dans la promotion de la dignité humaine et des droits de l’homme en Iran ».

Markus Loning, commissaire aux droits de l’homme et à l’aide humanitaire du ministère des Affaires étrangères allemand exige de l’Iran l’annulation du jugement et « l’organisation d’un procès juste et d’une procédure juridictionnelle transparente ».

Il a ajouté : « Des doutes importants existent quant au respect des droits légaux lors des délibérations judiciaires. »

La France a exprimé sa « consternation » suite au verdict de 20 ans de prison.

Lors d’une réunion de presse, Christine Fages, porte-parole du ministre des Affaires étrangères français, a déclaré que les autorités iraniennes devaient arrêter leur persécution des bahá’ís et des autres minorités religieuses et « respecter la liberté de religion et de conscience telle qu’elle est définie par la Convention internationale des droits civils et politiques signée librement par l’Iran ».

L’Australie a également fait part de ses sérieuses préoccupations. « Nous continuons à appeler l’Iran à garantir l’équité et la transparence de tous les procès ainsi qu’une conduite en accord avec ses obligations internationales », assure le porte-parole du département des Affaires étrangères et du commerce du gouvernement australien.

Dans une déclaration, le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, qualifie la sentence de « signal choquant et un immense désappointement pour tous ceux qui avaient espéré une amélioration de la situation des droits de l’homme en Iran ».

« L’Iran s’est engagé à respecter les normes internationales et je souligne que cela inclut le respect et la protection de la liberté religieuse », a-t-il déclaré.

Les organisations internationales de protection des droits de l’homme ont pris part au concert de protestations contre les sentences d’emprisonnement.

La International Campaign for Human Rights in Iran (Campagne internationale des droits de l’homme en Iran) a affirmé que la condamnation des dirigeants bahá’ís est « motivée politiquement, discriminatoire, injuste et illégale selon les lois iraniennes et internationales ».

« Ils ont été condamnés parce qu’ils sont bahá’ís, pour aucune autre raison, et leur condamnation obéit à une politique d’oppression de la foi bahá’íe et de ses membres », a affirmé Aaron Rhodes, porte-parole de la Campagne.

Amnesty International a décrit les dirigeants bahá’ís comme étant « des prisonniers de conscience condamnés uniquement en raison de leurs croyances ou de leurs activités pacifiques en faveur de la minorité bahá’íe persécutée ».

« Ces sept personnes ont été détenues durant des mois sans charge avant d’être soumises à une parodie de procès. Elles doivent être libérées immédiatement », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directeur adjoint d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Dans une déclaration, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et la Ligue iranienne de défense des droits de l’Homme (LIDDH) a demandé au gouvernement iranien d’« agir en conformité avec la Déclaration universelle des droits de l’homme ainsi qu’avec les instruments légaux des droits de l’homme ratifiés par la République islamique d’Iran ».

Human Rights Watch exige de la justice iranienne une libération immédiate des sept dirigeants « étant donné qu’aucun élément de preuve n’a été présenté contre eux et qu’ils n’ont pas eu droit à un procès public et équitable ».

« Depuis plus de deux ans maintenant, les autorités iraniennes ont totalement échoué à fournir l’ombre d’une preuve permettant de détenir ces sept dirigeants bahá’ís mais les condamnent à 20 ans d’emprisonnement », a expliqué Joe Sork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient de Human Rights Watch.

« L’Iran devrait prendre des mesures concrètes prouvant son engagement à protéger les droits fondamentaux des bahá’ís. Leur libération immédiate et inconditionnelle serait un bon début ! »

Diane Ala’i, la représentante bahá’íe aux Nations unies à Genève, a assuré que la Communauté internationale bahá’íe apprécie vraiment l’appui déterminé offert par les gouvernements et les organisations des droits de l’homme.

« Ces déclarations démontrent qu’un nombre important de personnes de toutes races et religions à travers le monde souhaitent que justice soit rendue en Iran – pas uniquement vis-à-vis des bahá’ís mais de tous les citoyens qui subissent des violations importantes de leurs droits. Pendant combien de temps encore les autorités iraniennes resteront-elles sourdes à ces voix qui s’élèvent ? » a-t-elle demandé.

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