PARIS, publié le 10 octobre 2016 – Aujourd’hui, les éditions L’Harmattan publient Poèmes de prison, le livre de poèmes de Mahvash Sabet, enseignante et poétesse, emprisonnée injustement depuis 2008 en Iran en raison de son appartenance à la foi bahá’íe.
C’est sur des bouts de papier de récupération que Mahvash Sabet, incarcérée depuis 8 ans dans les plus dures prisons d’Iran, a écrit ses poèmes.
Son seul et unique crime ? Être bahá’íe et avoir une religion qui prône l’égalité des droits des femmes et des hommes, le droit à l’éducation, l’accord entre la science et la religion ou encore la recherche indépendante de la vérité.
Mahvash Sabet a été arrêtée en 2008. Après une détention arbitraire, le refus d’avoir accès à des avocats et un simulacre de procès, elle a été finalement accusée et condamnée en 2010 à 20 années d’emprisonnement ainsi que six autres membres de la communauté bahá’íe d’Iran, en raison de sa religion. C’est la plus longue peine infligée actuellement en Iran à des prisonniers de conscience.
Ce groupe de deux femmes et cinq hommes, appelés les Yaran (ce qui signifie les amis en persan), était un groupe informel qui veillait en Iran aux besoins sociaux et spirituels de plusieurs centaines de milliers de bahá’ís, la plus grande minorité religieuse non musulmane de ce pays. Leur détention et leur condamnation ainsi que celles d’autres bahá’ís sont un reflet de l’oppression à laquelle font face tous les Iraniens qui désirent la liberté et le progrès de leur pays.
Les poèmes de Mme Sabet ne sont pas pour autant lugubres ou désespérés, mais ils sont les reflets d’une force de vie et d’une fraîcheur qui contrastent avec le monde dans lequel elle évolue et vit.
Elle écrit des poèmes pour tenir debout, une façon de parfumer son pain quotidien au goût de camphre, pour s’exprimer quand il faut se taire, pour parler quand personne ne l’écoute.
Ces poèmes témoignent du courage et du désespoir, de la misère et des espoirs de milliers d’Iraniens luttant pour survivre aux conditions d’extrême oppression.
Quand tu te sens captive, comme un oiseau,
Quand tu te sens acculée, telle une étrangère épuisée
Quand tu es perdue, et ne vois pas d’issue
Et que tu penses avec joie à ton foyer, mais sans espoir
Souviens-toi de moi.
Extrait du poème Souviens-toi de moi de Mahvash Sabet
Pour lire ce poème dans son intégralité : poème Souviens-toi de moi
En novembre 2014, l’organisation non gouvernementale Pen International avait mis à l’honneur Mahsvah Sabet avec quatre autres écrivains afin d’attirer l’attention de l’opinion internationale sur tous les poètes et les journalistes qui ont été harcelés, emprisonnés, assassinés, ou ont disparu durant l’année écoulée.
PEN International avait déclaré que Mme Sabet et les six autres responsables bahá’ís iraniens emprisonnés « ont subi un traitement et des privations effroyables durant leur détention » préventive avant d’être condamnés à la prison « à l’issue de six audiences qui brillaient par leur brièveté et leur absence de respect des principes de procès équitable. »