BUCAREST, Roumanie, le 26 octobre 2025 – Dans de nombreuses régions du monde, les jeunes se trouvent pris entre deux visions contradictoires de leur avenir : l’une marquée par le désir de chercher des opportunités ailleurs, l’autre qui les appelle à contribuer au renouveau de leurs propres communautés.
Quelque 500 jeunes d’Europe de l’Est se sont récemment réunis à Bucarest pour aborder cette question précise : que signifie devenir protagonistes d’un changement positif dans les sociétés où ils vivent ?

Intitulée Practitioners of Peace: Youth Transforming Europe (Artisans de la paix : Les jeunes transforment l’Europe), la conférence a été conçue comme un moment important dans le cadre d’un processus plus long de dialogue et d’action.
Dans son allocution d’ouverture, Yevgeniya Poluektova, membre du Corps continental de conseillers en Europe, a reconnu les défis considérables auxquels sont confrontés la région et le monde. Évoquant les conflits actuels qui touchent des communautés dans toute l’Europe, elle a fait remarquer que malgré les efforts considérables déployés par de nombreux dirigeants et de nombreuses institutions, une paix durable demeure difficile à instaurer.
« Pensez que reconstruire le monde sur des bases solides est la raison pour laquelle vous êtes venus ici », a déclaré Mme Poluektova.


Plutôt que de concevoir la paix comme quelque chose qui ne peut être atteint que par des négociations lointaines ou des changements de politique, les participants ont cherché comment leurs propres quartiers pourraient devenir des lieux où l’unité, la justice et l’entraide s’enracinent dans les interactions quotidiennes.
Pelagia, une participante originaire de Roumanie, a réfléchi à la signification d’être un artisan de la paix : « Cela signifie s’aimer les uns les autres sans condition, indépendamment de la couleur de peau, des religions différentes et de toutes les autres différences qui existent entre nous. En comprenant cela, nous pouvons être en mesure de servir notre communauté. »

L’interaction entre connaissance et croissance
Un thème profond est ressorti tout au long de la réunion : quelle est la nature de l’éducation et sa relation avec le changement social.
La question posée aux participants ne portait pas simplement sur la manière d’acquérir davantage de connaissances, mais plutôt sur le genre d’éducation nécessaire afin de garantir que la prochaine génération soit mieux armée pour contribuer au progrès de la société plutôt qu’à son déclin.



Les débats ont porté sur la manière dont l’enseignement scolaire classique, bien que précieux pour développer l’intellect et les compétences professionnelles, ne traite qu’une partie de ce que signifie être éduqué.
Les participants ont analysé en quoi leurs efforts au niveau local représentent davantage que de simples activités parascolaires ou du bénévolat. Grâce à ces efforts, ils développent leur capacité à répondre au besoin le plus urgent de l’humanité : apprendre à vivre ensemble dans l’unité et à œuvrer pour le bien commun.

Bora, originaire du Kosovo, a partagé un point de vue ancré dans l’expérience de sa famille à travers les générations. Il a décrit comment ses grands-parents ont été élevés à une époque où l’analphabétisme était très répandu, comment ses parents ont dû lutter pour accéder à l’éducation pendant les périodes de conflit, mais comment il bénéficie aujourd’hui de possibilités qui ont été refusées à ceux qui l’ont précédé.
Mais sa réflexion allait au-delà de la simple gratitude d’avoir accès à des programmes d’autonomisation morale et spirituelle : « L’éducation nous rend nobles parce qu’elle nous rend humbles : nous comprenons que tout ce que nous savons n’est jamais suffisant, mais nous continuons néanmoins à rechercher le savoir. »
Les propos de Bora renvoient à une conception de l’éducation qui façonne non seulement ce que nous savons, mais aussi ce que nous devenons et, ce faisant, façonne le type de société que nous pouvons construire collectivement. « L’éducation est un moyen d’apprendre à devenir meilleur, à être plus noble, à être doux. Elle nous enseigne à être des artisans de la paix par la connaissance, l’empathie et la confiance. »


Le travail patient qui reste à accomplir
Au cours de ces trois jours, l’esprit qui animait les participants a largement dépassé l’enthousiasme et l’inspiration pour aboutir à la reconnaissance que les qualités cultivées au sein de la communauté peuvent rayonner vers l’extérieur, influençant des cercles d’interaction toujours plus larges et modifiant progressivement la nature des espaces sociaux.
Au cœur de cette reconnaissance se trouvait la prise de conscience que ce changement commence par l’apprentissage, par chaque individu, d’une plus grande cohérence dans sa propre vie, en harmonisant ses croyances, ses aspirations et ses actions quotidiennes pour former un tout cohérent.



Kashaf, originaire de Pologne, a expliqué comment cette rencontre l’avait aidée à prendre conscience de la nécessité d’une plus grande cohérence entre les différents aspects de sa vie qui semblaient auparavant déconnectés.
« L’une des principales idées qui m’a marquée est celle de mener une vie cohérente, où mes études, ma carrière et mes activités au service des autres ne sont pas séparées mais font partie d’un même parcours », a-t-elle expliqué.


L’expérience vécue par Kashaf lors de cette rencontre l’a aidée à clarifier la voie à suivre. Peu après la conférence, elle a déménagé dans une autre ville où elle a pu participer à des programmes d’éducation morale destinés aux plus jeunes, tout en poursuivant ses études de médecine.
L’histoire de Kashaf, comme celle de nombreux autres participants, met en lumière un mouvement plus vaste qui prend forme dans la région. Les jeunes apprennent que le patient travail de développement de leurs capacités pour s’attaquer aux causes profondes des défis de la société et favoriser l’unité locale par des efforts soutenus de développement de communautés, bien que moins visibles dans l’immédiat que d’autres formes d’actions visant à un changement rapide mais souvent de courte durée, est porteur de l’espoir d’un changement durable.
Selon Mme Poluektova, l’effort nécessaire pour construire une nouvelle civilisation « exigera les efforts de nombreuses générations ».


