PARIS, le 7 juin 2023 – La Communauté internationale bahá’íe (BIC) a lancé un nouveau site web et une page Instagram pour recueillir les diverses contributions à la campagne #OurStoryIsOne (Notre histoire est une), qui, d’une part, marque le quarantième anniversaire de la pendaison à Chiraz en Iran, de dix femmes bahá’íes et, d’autre part, rend hommage à la lutte plus large pour l’égalité des sexes, la justice et la vérité, dans ce pays.
Ce 40e anniversaire est dédié à toutes les femmes d’Iran qui ont apporté une contribution – souvent douloureuse – au long combat pour l’égalité entre la femme et l’homme. De nombreuses personnes ont déjà répondu à l’appel à des créations artistiques autour de ce thème.
L’histoire de ces dix femmes bahá’íes, pour la plupart dans la vingtaine, est poignante. Après leur arrestation, elles subirent de durs interrogatoires allant jusqu’à la torture afin qu’elles abjurent leur foi. C’était un choix existentiel, entre la vie et la mort. Elles ont choisi la fidélité à leurs convictions de justice et d’égalité et ont été pendues ensemble dans la nuit du 18 juin 1983.
Des dossiers contenant des lettres de prison à leurs familles, des photos personnelles, des documents de prison et d’autres documents d’archives concernant ces dix femmes sont disponibles dans une nouvelle section du site web des Archives de la persécution bahá’íe en Iran (anglais et persan).
En France, à l’occasion de cet anniversaire, Antoine Spire, président du Pen club français (le Pen est la principale association mondiale d’écrivains soulignant que la liberté d’expression et l’écriture sont inséparables), a écrit : « Il y a 40 ans 10 jeunes femmes étaient pendues en Iran accusées d’être baha’ies, attachées à la promotion d’une société plus juste et plus égalitaire. À l’heure où la répression religieuse se généralise, il est temps que le gouvernement iranien prenne toute la mesure de ce que signifie la démocratie. Chaque iranien devrait pouvoir confesser sa religion sans souffrir d’aucune discrimination ou répression et les baha’is comme les autres devraient pouvoir exprimer librement leur foi. »
Un hommage public sera rendu le 16 juin à Paris et une courte vidéo sur les 10 sera diffusée à cette occasion. Plusieurs musiciens français inspirés par le récit des 10 de Chiraz sont en train de composer des mélodies et chants liant leur sort à celui des femmes iraniennes d’aujourd’hui, autour du point central qui les réunit : les valeurs fondatrices de la société, valeurs pour lesquelles de nombreuses femmes iraniennes sacrifient leur vie ou leur liberté.
Cet anniversaire se déroule à travers le monde en deux phases. La première, en juin 2023, se concentre sur le 40e anniversaire de cette nuit du 18 juin 1983 où les dix ont été pendues. La seconde phase qui verra la suite de la production d’œuvres artistiques, de films et documentaires, se poursuivra sur un an. Déjà, un peu partout dans le monde, on s’y prépare.
À Stockholm, le maire-adjoint, Anders Osterberg est co-organisateur avec la communauté bahá’íe de Suède d’une commémoration qui aura lieu à l’Hotel de Ville de Stockholm, le lieu où se donnent les banquets des prix Nobel. Au Chili, des jeunes ont joué plusieurs fois une pièce de théâtre sur ce thème, y compris devant les membres du gouvernement et diverses personnalités connues. Trois événements majeurs associant officiels et médias seront organisés dans les maisons d’adoration (temples) bahá’íes d’Australie, d’Allemagne et des Etats-Unis.
Les paroles en persan d’une des nouvelles compositions musicales sur les 10 de Chiraz et les femmes iraniennes d’aujourd’hui sont simples et émouvantes : « Notre histoire est une / En dépit de la douleur/ Nous dansons/ Et nous semons des graines de fleurs / Elles fleuriront/ Par-dessus l’oppression. »
« L’un des plus grands défis rencontré par tous ceux qui luttent pour l’amélioration de la société, c’est de trouver ce précieux point de convergence entre opinions et pensées souvent divergentes », observe Hamdam Nadafi, porte-parole des bahá’ís de France. « Le thème de cet hommage mondial : « Notre histoire est une » indique que le point de rencontre des sacrifices des femmes d’Iran aujourd’hui et des bahá’íes de ce pays, réprimées depuis plus de cent ans, se trouve dans les valeurs fondatrices de la société iranienne de demain : unité dans la diversité, égalité et implication des femmes dans tous les aspects de la vie sociale ; la justice ; la vérité dans la parole publique et privée. » Et d’ajouter : « Au-delà de la tragique histoire récente de l’Iran, on pourrait étendre cette observation aux soubresauts qui secouent tous les pays de la planète : notre histoire et notre destin sont un. »
Contexte
Le 18 juin 1983, dix femmes bahá’íes, la plupart âgées d’une vingtaine d’années, dont une jeune fille de 17 ans et une femme d’une cinquantaine d’années, ont été exécutées par pendaison sur la place Chowgan à Chiraz parce qu’elles avaient refusé de renoncer à leur foi. Cet événement choquant a été accueilli avec consternation et indignation par les groupes de défense des droits de l’homme et les gens ordinaires du monde entier.
Deux nuits auparavant, six hommes, bahá’ís dont certains étaient des parents de ces femmes, avaient été exécutés sur la même place. Plus de 200 bahá’ís ont été exécutés par les autorités iraniennes dans les années qui ont suivi la révolution islamique de 1979. Les exécutions n’ont cessé qu’après les protestations internationales, mais la persécution des bahá’ís en Iran se poursuit encore aujourd’hui en toute impunité.
Les dix femmes avaient été arrêtées en octobre et novembre 1982. Nombre d’entre elles furent d’abord détenues au centre de détention de Sepah, puis transférées à la prison d’Adelabad. dans le but de les contraindre à abjurer leur foi, les gardiens de la révolution leur firent subir interrogatoires musclés et tortures. Le juge de la charia de Chiraz les condamna finalement à la pendaison pour « sionisme », « espionnage pour le compte d’Israël » et pour avoir donné des cours d’éducation morale à des enfants.
Chacune de ces femmes subit de violentes contraintes pour la forcer à abjurer sa foi et à se convertir à l’islam afin d’échapper à l’exécution, mais aucune d’entre elles n’accepta de signer les déclarations que les autorités avaient préparées à leur intention. Le 18 juin 1983, elles furent secrètement conduites place Chowgan et pendues l’une après l’autre et l’une devant l’autre. Leurs familles ne furent même pas informées de leur mort, leurs corps ne leur furent pas rendus et ne furent pas enterrés dignement selon les rites religieux. On pense qu’elles furent enterrées par les autorités dans le cimetière bahá’í de Chiraz, qui a ensuite été rasé et sur lequel fut construit en 2014 un « bâtiment culturel et sportif ».
Les femmes exécutées ce jour-là étaient :
● Mona Mahmoudnejad, 17 ans ;
● Roya Eshraghi, 23 ans, exécutée avec sa mère Ezzat-Janami Eshraghi ;
● Simin Saberi, 24 ans ;
● Shahin (Shirin) Dalvand, 25 ans ;
● Akhtar Sabet, 25 ans ;
● Mahshid Niroumand, 28 ans ;
● Zarrin Moghimi-Abyaneh, 29 ans ;
● Tahereh Arjomandi Siyavashi, 30 ans. Son mari, Jamshid Siavashi, a été exécuté deux jours plus tôt ;
● Nosrat Ghufrani Yaldaie, 46 ans. Son fils, Bahram Yaldaie, a été exécuté deux jours plus tôt ;
● Ezzat-Janami Eshraghi, 57 ans, ainsi que sa fille Roya, 23 ans. Son mari, Enayatullah Eshraghi, a été exécuté deux jours plus tôt.
CONTACT PRESSE :
Bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France,
baebf@bahai.fr
Hamdam Nadafi
01 45 00 69 58 / 06 59 73 27 17