Les bahá’ís sont victimes en Iran d’une persécution « extrême » et « persistante »: le rapporteur spécial des Nations unies publie son rapport final

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  • Le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme en Iran, ainsi que nombre d’États membres des Nations unies, ont souligné la persécution « extrême » de la communauté bahá’íe d’Iran lors du Conseil des droits de l’homme à Genève hier.

PARIS, le 19 mars 2024 – Le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme en Iran, ainsi que nombre d’États membres des Nations unies, ont souligné la persécution « extrême » de la communauté bahá’íe d’Iran lors du Conseil des droits de l’homme à Genève hier.

En présentant son rapport final le 18 mars, Javaid Rehman a déclaré aux membres du Conseil : « Je suis bouleversé et extrêmement choqué par la persécution continue et persistante, les arrestations arbitraires et le harcèlement des membres de la communauté bahá’íe », ajoutant plus loin que « tragiquement, la minorité bahá’íe est confrontée à une persécution, un ciblage et une répression extrêmes. J’ai averti les autorités qu’elles devaient immédiatement mettre fin à ces crimes… pour lesquels elles devront rendre des comptes. »

Le rapporteur spécial a déclaré dans son rapport que les bahá’ís « continuent d’être la cible d’une législation discriminatoire et d’une persécution persistante » parce qu’ils ne sont pas reconnus par la constitution de la République islamique.

Le rapport écrit de M. Rehman, qu’il a présenté au Conseil, décrit en détail la persécution généralisée dont sont victimes les bahá’ís en Iran.

« Depuis plus de quarante ans, les membres de la foi bahá’íe, qui constituent la plus grande minorité religieuse non musulmane et non reconnue par la Constitution, souffrent des formes les plus flagrantes de violations des droits de l’homme, notamment des exécutions, des persécutions, de la privation des droits de propriété, de la profanation et de la destruction des cimetières, de la violence et des arrestations arbitraires, du déni des droits à l’éducation, de la fermeture d’entreprises, de la propagande haineuse et des injustices sociales, ainsi que des inégalités dans tous les domaines de la vie publique et privée ».

Dans son rapport oral au Conseil, M. Rehman a également fait référence à la récente destruction au bulldozer et à la profanation de plus de 30 tombes de bahá’ís récemment enterrés sur le site d’une fosse commune à Téhéran. La Communauté internationale bahá’íe (BIC) a signalé ces destructions au début du mois, les qualifiant de « inédites et inhumaines » et dénonçant la tentative du gouvernement iranien d’« effacer » les bahá’ís décédés de la mémoire de la société iranienne.

Se référant au même incident, Simin Fahandej, représentante de la BIC auprès des Nations unies à Genève, a déclaré dans son intervention au Conseil des droits de l’homme : « Parmi eux se trouvait une femme âgée dont le mari a été exécuté parce qu’il était bahá’í, dont les fils ont été interdits d’université, également en raison de leur foi, puis tous deux emprisonnés pendant des années, ce qui l’a obligée à élever leurs jeunes enfants.

« Aujourd’hui, nous demandons au gouvernement iranien : quelles menaces les morts font-ils peser sur la société ? Comment, en votre âme et conscience, justifiez-vous vos actes sachant que même dans la mort vous ne laissez pas les bahá’ís en paix, les brutalisant jusque dans leur chagrin ? Il n’y a aucune norme religieuse ou culturelle qui puisse soutenir ce genre de cruauté », a ajouté Mme Fahandej.

Le rapport du rapporteur spécial a fait l’objet d’une session chargée du Conseil des droits de l’homme au cours de laquelle plusieurs États membres de l’ONU ont mentionné la persécution des bahá’ís en Iran et ont appelé le gouvernement iranien à mettre fin aux pratiques discriminatoires et à collaborer avec les mécanismes des droits humains de l’ONU.

La Belgique s’est déclarée « consternée par les violations des droits de l’homme et la discrimination persistante à l’encontre des minorités en Iran, notamment de la communauté bahá’íe ».

Le Canada s’est dit « alarmé par l’étendue et la gravité des violations des droits de l’homme commises par les autorités iraniennes », citant la persécution et la discrimination des bahá’ís et d’autres minorités.

Dans sa déclaration, le Luxembourg a appelé les autorités iraniennes à « respecter et à protéger pleinement les droits de l’homme de tous », à « mettre fin à la culture de l’impunité » et à « collaborer pleinement avec le rapporteur spécial, notamment en lui permettant d’accéder librement au pays ».

La Moldavie a ajouté que « les minorités continuent à faire l’objet d’une discrimination institutionnalisée et souvent d’une persécution systématique ; c’est notamment la situation de la communauté bahá’íe (…) qui reste très préoccupante ».

Le Royaume-Uni a déclaré que les bahá’ís « sont confrontés à une discrimination quotidienne, qu’il s’agisse de l’accès à l’éducation, à l’emploi ou aux lieux de culte (…) ils sont détenus arbitrairement, forcés de quitter leurs terres et privés de leurs droits à être inhumés ».

L’Australie a également appelé le gouvernement iranien à mettre fin à ses persécutions contre « les Kurdes, les Baloutches, les Arabes et les membres de la foi bahá’íe ».

Le rapport écrit du rapporteur spécial fait état également « d’au moins 70 bahá’ís » qui sont en détention ou qui purgent des peines de prison, et 1 200 autres qui font l’objet de procédures judiciaires ou de « peines de prison sévères et longues ».

Les maisons de près de 100 familles bahá’íes ont été fouillées et saccagées depuis octobre 2023, a déclaré M. Rehman dans son rapport, et lors des confiscations de biens, les autorités ont saisi de l’argent liquide, des cartes bancaires, des bijoux, des titres de propriété, des documents d’identité et des passeports, des appareils électroniques et des livres sacrés.

Des agents armés ont également fait subir aux bahá’ís des violences physiques, des harcèlements verbaux et des agressions parfois armées.

C’était le dernier rapport de M. Rehman, après six ans en tant que rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran. « Je garde l’espoir que le mandat [du rapporteur spécial] continuera à être la voix de millions d’Iraniens », a-t-il déclaré au Conseil, évoquant le sort des nombreux Iraniens « qui sont victimes, pris pour cible et abusés, et dont les droits fondamentaux sont violés de manière persistante et en toute impunité ».

« Alors que je termine mon mandat de six ans, je voudrais remercier sincèrement le peuple iranien pour sa bravoure, son courage, sa résilience, ainsi que pour son soutien et son engagement positif à l’égard de mon mandat », a-t-il ajouté.

Dans une déclaration séparée, Mme Fahandej du BIC a remercié M. Rehman pour son dévouement aux droits de l’homme.

« La communauté bahá’íe mondiale exprime ses profonds remerciements et son appréciation au Dr Javaid Rehman pour ses années de service en tant que rapporteur spécial, pour ses efforts inlassables en faveur de la communauté bahá’íe et pour ses appels répétés au gouvernement iranien afin qu’il mette fin au harcèlement des bahá’ís et, en fait, de tous les Iraniens qui recherchent l’égalité des droits, a déclaré Mme Fahandej. Nous nous faisons l’écho de ses espoirs d’un Iran futur qui n’a plus besoin d’un rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme et dont le gouvernement reconnaît et fait respecter les droits de tous. »

 

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