Paris, le 26 mai 2025 – Hier, Human Rights Watch a dénoncé dans un communiqué, la situation des bahá’ís au Qatar, évoquant « des décennies de discrimination et d’intimidation de la part du gouvernement et les autorités ont toujours ignoré les efforts répétés des responsables de la communauté bahá’íe pour engager le dialogue avec le gouvernement et demander réparation ». L’ONG pointe notamment « des détentions illégales des membres de la religion bahá’íe fondées uniquement sur leur identité religieuse ».
Le cas du président de l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís du Qatar, Monsieur Remy Rowhani, est notamment évoqué. Pour rappel, le 28 avril 2025, les autorités qataries ont arrêté et détenu M. Remy Rowhani. Après avoir déjà purgé une peine d’emprisonnement d’un mois en janvier et écopé d’une amende de 50 000 riyals qataris (13 700 dollars), M. Rowhani avait été libéré. Malgré les assurances verbales des services de l’immigration assurant qu’il était libre de voyager, M. Rowhani avait été arrêté le 23 décembre 2024 à l’aéroport international Hamad de Doha.
« Cette discrimination soutenue par l’État constitue une menace pour l’existence même de la communauté bahá’íe du Qatar. » a déclaré Michael Page, directeur adjoint pour le Moyen-Orient à Human Rights Watch. En effet, « les accusations portées contre Remy Rowhani ne constituent pas seulement une attaque contre un individu, elles constituent une attaque contre l’ensemble de la communauté bahá’íe du Qatar », a déclaré le Dr Saba Haddad, représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève. « Cette persécution injuste vise à intimider un groupe religieux pacifique uniquement en raison de sa foi et à porter atteinte aux principes de tolérance religieuse et de cohésion sociale. »
Crainte de représailles
Le gouvernement qatari discrimine les bahá’ís depuis des décennies et des centaines de personnes ont subi des préjudices en raison d’un ensemble de punitions et de politiques discriminatoires. La plus grave étant l’expulsion pure et simple du pays, uniquement pour des motifs religieux. Les personnes se retrouvent parfois complètement coupées de leur famille, sans possibilité de remettre le pied sur le sol Qatari. Un religieux qatari de haut rang a déclaré à un bahá’í aujourd’hui expulsé que s’il annonçait sa conversion à l’islam sunnite, il pourrait « annuler l’ordre d’expulsion ».
Outre les expulsions, la vie des bahá’ís est rendue impossible par un ensemble de mesures politiques et administratives. Les autorités annulent les certificats de mariages, inscrivent des membres de la communauté bahá’íe sur liste noire pour s’assurer que leur accès au marché de l’emploi est barré. Human Rights Watch indique également que nombreux bahá’ís craignent d’alerter l’opinion publique sur leur cas en raison du danger de représailles et de nouveaux actes de discrimination.
“Une pression énorme venant d’en haut” au sein de la police
Selon Human Rights Watch, les autorités qataries ont également émis, sans aucune justification, un ordre d’expulsion en janvier 2025 à l’encontre d’un autre bahá’í. Né et élevé au Qatar de parents iraniens, il y vivait depuis 52 ans, période durant laquelle il a fondé une entreprise, s’est marié et a eu une fille. Il était également membre de l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís du Qatar.
Selon cette source, il a été convoqué le 8 janvier au service de l’immigration, où un policier l’a informé qu’il allait être expulsé pour « trouble à l’ordre public » et qu’il avait une semaine pour quitter le Qatar. Le policier responsable a invoqué « une pression énorme venant d’en haut » pour expulser cette personne en particulier, a déclaré la source qui précise que la communication du ministère de l’Intérieur avec l’individu au sujet de son expulsion a été entièrement verbale.
« Les politiques discriminatoires du gouvernement qatari ont créé un climat de crainte de séparation familiale et de perte d’emploi parmi les bahá’ís du pays », a déclaré M. Page. « Le Qatar doit immédiatement cesser d’expulser les bahá’ís et de les mettre sur liste noire et offrir des recours efficaces aux personnes concernées. »
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