La reconnaissance des torts commis et la prise en compte des progrès accomplis sont nécessaires pour combler les fractures de la société, déclare Hoda Mahmoudi, professeure et titulaire de la chaire bahá’íe pour la paix mondiale à l’université du Maryland.
Dans cet esprit, une initiative d’histoire orale de la chaire bahá’íe s’est tournée vers celles et ceux qui ont grandi dans l’ombre de la ségrégation pendant l’ère Jim Crow aux États-Unis et leur a demandé de décrire, avec leurs propres mots, comment les familles et le voisinage ont façonné des vies empreintes de dignité, de persévérance et d’entraide.
« Les enseignements bahá’ís affirment que nous devons célébrer la diversité humaine », déclare Mme Mahmoudi. Elle explique que célébrer cette diversité implique de connaître l’histoire et le vécu d’un peuple, ce qui contribue à se débarrasser des stéréotypes et à éveiller un véritable sentiment d’unité.
Intitulé African American Legacies: Remembering Resilient Communities (Héritages afro-américains : Se souvenir des communautés résilientes), le projet rassemble des entretiens approfondis enregistrés pendant deux ans avec 24 personnes issues de différentes régions et de divers horizons aux États-Unis.
Dans le cadre du programme de recherche plus large de la chaire, cette initiative aborde le racisme structurel et les causes profondes des préjugés, l’un des cinq thèmes que la chaire considère comme essentiels pour éliminer les obstacles à la paix. Ces thèmes comprennent également la nature humaine, l’autonomisation des femmes, la gouvernance et le leadership mondiaux, ainsi que la dégradation de l’environnement.
Les personnes interrogées, représentant un large éventail de régions, de générations et de professions, des villes rurales aux centres urbains, se souviennent des rythmes de la vie familiale et communautaire et de l’espoir d’un avenir meilleur qui les a soutenues à une époque marquée par l’exclusion.
Les entretiens vidéo (visibles ici) ouvrent une fenêtre sur des expériences historiques d’une autre époque et révèlent des modèles de résilience qui restent d’actualité alors que les inégalités persistent aujourd’hui. Ces témoignages montrent des communautés qui, confrontées à des obstacles imposés, ont soutenu les personnes dans leur éducation, leur recherche de moyens de subsistance, leur manière de prier et leur entraide.
« Plus nous nous ouvrons vers l’extérieur et collaborons avec les autres, mieux nous comprenons le sens de notre humanité commune. »
Hoda Mahmoudi, titulaire de la chaire bahá’íe pour la paix mondiale à l’université du Maryland, États-Unis
« Les entretiens rendent visible une population trop souvent rendue invisible, et constituent une ressource pédagogique pour les salles de classe et un miroir pour la société », déclare Mme Mahmoudi.
« Des progrès réels ont été accomplis, poursuit-elle, mais le travail pour promouvoir l’unité raciale reste inachevé. Écouter attentivement ces souvenirs peut renforcer la détermination et l’empathie nécessaires à un changement constructif. »
La force du projet réside dans sa façon de repenser l’histoire d’une époque. Les personnes interrogées décrivent des communautés où le rôle de chacun comptait et où le statut social ne déterminait pas la valeur d’une personne. Les conclusions du projet mettent en lumière la manière dont les familles se soutenaient mutuellement et comment l’esprit de service créait des environnements où chacun, du plus jeune au plus âgé, se sentait valorisé et inclus.
Dans ces communautés, l’entraide n’était pas seulement une stratégie de survie ; c’était l’expression d’une vision du monde selon laquelle chaque personne avait une contribution précieuse à apporter au bien commun. Les témoignages recueillis dans le cadre du projet révèlent les capacités qui se sont développées sous la pression : la persévérance, la solidarité, l’imagination.
Pour la chaire bahá’íe, documenter ces héritages ne concerne pas seulement le passé. Il s’agit plutôt d’une invitation à réfléchir à ce qu’il faudra faire pour favoriser l’émergence de communautés où la noblesse de chaque personne est reconnue et où la diversité est une source de force.
« Plus nous nous ouvrons vers l’extérieur et collaborons avec les autres, explique Mme Mahmoudi, mieux nous comprenons le sens de notre humanité commune. »