Paris, le 15 avril 2025 – Le Parlement européen a adopté une résolution d’urgence sur l’Iran, exprimant son inquiétude face à l’aggravation de la situation des droits humains dans le pays. La résolution demande en particulier la libération immédiate et inconditionnelle de Mahvash Sabet. Il s’agit de la troisième résolution d’urgence du Parlement européen en cinq mois qui condamne l’escalade de la persécution des bahá’ís en Iran, qui sont depuis longtemps confrontés à une oppression systémique. Les résolutions d’urgence sont un moyen essentiel pour le Parlement européen de noter et de condamner les cas urgents de violations des droits humains dans le monde.
La résolution souligne l’urgence du cas de Mahvash Sabet et tire la sonnette d’alarme quant à sa persécution et son emprisonnement. Mme Sabet, aujourd’hui âgée de 72 ans, était membre de l’ancien « Yaran », ou « Amis » de l’Iran, un groupe informel dissous qui répondait aux besoins pastoraux de base des bahá’ís en Iran. Elle a passé plus de 13 ans en prison uniquement pour sa croyance en la religion bahá’íe. En décembre 2024, après des années de négligence médicale et de conditions de détention difficiles, elle a subi une opération à cœur ouvert. Malgré la détérioration de son état de santé, elle est maintenant confrontée à la perspective angoissante d’être renvoyée en prison pour y purger le reste de sa peine injuste de 10 ans. Depuis lors, son état s’est considérablement aggravé, et de nombreux rapports médicaux signalent que la poursuite de son incarcération pourrait lui causer des dommages irréversibles.
Lors du débat en séance plénière du Parlement européen sur la résolution, Helmut Brandstätter, membre du Parlement européen, a mis l’accent sur le cas de Mahvash Sabet en particulier, affirmant :
“L’Iran est un pays incroyablement beau et merveilleux, avec une population formidable et une histoire très intéressante… Mais je veux aussi parler de quelqu’un d’autre : Mahvash Sabet. Il s’agit d’une auteure qui a déjà été emprisonnée à plusieurs reprises. Aujourd’hui, à l’âge de 70 ans, elle a de nouveau été condamnée, cette fois-ci à 10 ans de prison, ce qui équivaut à une condamnation à mort. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle est bahá’íe.”
M. Brandstätter a ensuite lu des poèmes de Mme Sabet, écrits derrière les barreaux :
« Dans la cage de votre prisonnier, vous
devenez un zéro fait de chiffres, croyant
des choses qui n’étaient pas, ne sont pas vraies,
confessant des choses que vous ne pouviez pas,
que vous n’avez pas faites.
En 2015, durant sa première incarcération, puis durant sa seconde incarcération en 2023, des membres du Parlement européen ont fait part de leurs préoccupations concernant l’emprisonnement injuste de Mme Sabet, notamment la présidente de la délégation pour l’Iran au Parlement européen de l’époque, Mme Cornelia Ernst. Mme Ernst a qualifié Mme Sabet de “symbole de courage pour toutes les femmes iraniennes, non seulement en Iran, mais dans le monde entier”. Les bahá’ís d’Iran sont depuis longtemps confrontés à l’emprisonnement arbitraire, à la torture et au refus d’accès à leurs droits fondamentaux. En demandant sa libération immédiate et inconditionnelle, le Parlement européen souligne son engagement à mettre fin aux arrestations et emprisonnements arbitraires des bahá’ís et au déni systématique de leurs droits humains fondamentaux.
“Le sort de Mahvash Sabet et son incarcération répétée sont emblématiques du sort de plus de 50 autres bahá’ís innocents emprisonnés en Iran. Son cas particulier préoccupe le Parlement européen depuis sa première incarcération en 2007. Il est vraiment réconfortant de voir le soutien inébranlable du Parlement dix ans plus tard, qui maintenant, à la lumière de l’âge de Mme Sabet et de son état, a conduit le Parlement à demander sa libération immédiate dans une résolution d’urgence”, a déclaré Rachel Bayani, représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des institutions européennes à Bruxelles. “Mahvash est plus qu’un symbole de la persécution de longue date des bahá’ís en Iran – sa résistance inébranlable et sa grâce face à l’adversité ont fait d’elle une lueur d’espoir et une source d’inspiration pour les femmes et les hommes à travers l’Iran”.
Plus sur Mahvash Sabet
● Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel de la paix et avocate de Mahvash Sabet et des autres responsables bahá’ís lors de leur procès en 2008, a déclaré qu’il n’y avait « pas l’ombre d’une preuve » pour prouver les allégations relatives à la sécurité nationale, à la « propagation de la corruption sur terre » et à d’autres accusations avancées par le gouvernement iranien.
● En 2017, Mme Sabet a été nommée par PEN International comme son Écrivain international du courage pour une série de poèmes qu’elle avait écrits à l’intérieur de la prison d’Evin. Avant son premier emprisonnement, elle travaillait comme éducatrice pour l’Institut bahá’í d’enseignement supérieur, qui offre un enseignement de niveau universitaire aux jeunes bahá’ís iraniens, qui sont interdits d’accès aux établissements d’enseignement supérieur en raison de leur foi.
● Codétenue de Mme Sabet à la prison d’Evin, la lauréate du prix Nobel Narges Mohammadi, a pris à plusieurs reprises la défense de Mme Sabet et d’autres prisonniers bahá’ís.
● Dans une déclaration publiée en janvier 2023 depuis l’intérieur de la prison d’Evin, Mme Mohammadi se souvient du moment où elle a vu Mme Sabet revenir à la prison d’Evin : « Mahvash se tenait là, toussant à plusieurs reprises, pâle, et portant encore les vêtements d’été qu’elle portait lors de son arrestation le 31 juillet », notant qu’elle n’avait pas de vêtements chauds pendant les mois d’hiver, ce qui confirme clairement la négligence des autorités pénitentiaires à l’égard de la santé de Mme Sabet.
● Masih Alinejad, militante iranienne des droits des femmes basée aux États-Unis, a également publié en décembre 2023 une déclaration vidéo dans laquelle elle lit un extrait d’une lettre de Mme Sabet et loue son courage face à la persécution et à l’injustice.
Plus d’informations sur persécution des bahá’ís en Iran
Ces derniers mois, l’attention et l’inquiétude de la communauté internationale concernant les droits humains des bahá’ís en Iran et, en particulier, la situation des femmes bahá’íes iraniennes, se sont accrues.
● Le dernier développement de l’état de santé de Mme Sabet survient quelques semaines seulement après que 18 experts des Nations Unies aient critiqué le gouvernement iranien pour l’augmentation des attaques contre les femmes bahá’íes. Les femmes bahá’íes iraniennes sont persécutées en tant que femmes et en tant que bahá’ís.
● En début de semaine, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté sa dernière résolution critiquant la République islamique pour ses violations des droits humains et réprimandant le gouvernement iranien pour avoir soumis les bahá’ís à « une augmentation continue et aux effets cumulatifs d’une persécution de longue date, y compris des attaques, du harcèlement », et le ciblage, qui sont confrontés à des restrictions croissantes et à une persécution systémique de la part du gouvernement de la République islamique d’Iran en raison de leur Foi et qui auraient fait l’objet d’arrestations massives et de longues peines de prison, ainsi que de l’arrestation de membres éminents et d’une confiscation et d’une destruction accrues de leurs biens. »
● Un nouveau rapport, Outsiders : Multifaceted Violence Against Baha’is in the Islamic Republic of Iran par le Centre Abdorrahman Boroumand pour les droits humains en Iran, les rapporteurs spéciaux des Nations unies, dont le professeur Mai Sato, la nouvelle rapporteuse spéciale sur les droits humains en Iran, et le professeur Nazila Ghanea, rapporteuse spéciale sur la liberté religion ou de croyance, ont parlé de la répression systématique de la communauté bahá’íe par l’Iran, qui vise particulièrement les femmes bahá’íes.
● Un exemple sinistre de persécution récente a été donné en octobre lorsque 10 femmes bahá’íes d’Ispahan ont été condamnées à un total combiné de 90 ans de prison. Ces femmes ont été reconnues coupables de « diffusion de propagande » et d’action contre le gouvernement iranien après avoir organisé des activités éducatives et culturelles – telles que des cours de langue, d’art et de yoga, y compris pour les enfants – que les autorités iraniennes considéraient comme des « activités éducatives déviantes ».
● L’examen international comprend également une lettre signée par 18 experts des Nations unies en octobre, reprochant à l’Iran de cibler les femmes bahá’íes par des perquisitions, des interdictions de voyager et des peines d’emprisonnement prolongées. Les experts,ont qualifié les actions du gouvernement de « modèle continu de discrimination ciblée ». Au début de cette année, un rapport de Human Rights Watch, intitulé The Boot on My Neck, a conclu que la répression systémique des bahá’ís par l’Iran depuis 45 ans était un « crime contre l’humanité que constitue la persécution ».
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Hiram BOUTEILLET,
Bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France
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