Paris, le 13 mars 2025 – La professeur Nazila Ghanea, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction, a réprimandé le gouvernement iranien en déclarant avec force qu’il ne pouvait pas « cacher » sa violation du droit des bahá’ís d’enterrer leurs proches décédés.
L’échange a eu lieu la semaine dernière lors de la session actuelle du Conseil des droits humains des Nations unies, à Genève, après qu’un représentant iranien a nié les conclusions du rapport du rapporteur spécial (A/HRC/58/49), selon lesquelles « les membres de la foi bahá’íe [sont] empêchés d’enterrer leurs morts dans les cimetières disponibles et sont au contraire contraints d’enterrer leurs morts au-dessus d’un ancien charnier. »
Le représentant iranien a affirmé à tort que l’attribution de terrains pour les cimetières privés était conforme aux réglementations nationales visant à garantir un accès équitable et une bonne gestion des lieux de sépulture. Une manière de détourner l’attention, malgré les preuves de la discrimination à l’encontre des droits des bahá’ís à enterrer leurs morts.
La professeur Ghanea, en réponse directe à cette déclaration, a souligné le contexte plus large de la persécution des minorités religieuses en Iran et a critiqué la tentative de la délégation iranienne de rejeter la question.
« On ne peut pas se cacher derrière l’affirmation qu’un cimetière est privé, pour mettre de côté les obligations de l’État vis-à-vis de sa plus grande communauté religieuse minoritaire non-musulmane, les bahá’ís d’Iran, a déclaré la rapporteuse spéciale. Des centaines de cimetières bahá’ís à travers l’Iran ont été détruits, brûlés et rasés au bulldozer au cours des décennies. Les enterrements de bahá’ís ont été inutilement retardés en raison d’obstacles infondés et cyniques soulevés par les autorités. »
Un ancien rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, Heiner Bielefeldt, avait également déclaré les années précédentes que la persécution des bahá’ís en Iran s’étendait « du berceau à la tombe » et qu’il s’agissait de « l’une des manifestations les plus extrêmes de la persécution religieuse aujourd’hui. »
« Ce récent rapport du rapporteur spécial intervient alors que l’Iran a intensifié ses pressions sur les cimetières bahá’ís », a déclaré Simin Fahandej, la représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève. « En Iran, les bahá’ís se sont vus refuser non seulement le droit de vivre en paix, mais aussi celui de mourir en paix. Tout être humain doté d’une conscience permettrait au moins que la dignité des morts demeure et respecterait le droit des familles à pleurer et à enterrer leurs proches conformément à leur religion. Les actions du gouvernement iranien représentent non seulement un effort calculé pour nettoyer culturellement l’identité même des bahá’ís iraniens, mais aussi aggraver leurs souffrances psychologiques et mentales. »
Au cours des 12 derniers mois seulement, les cimetières bahá’ís d’au moins 14 grandes villes iraniennes ont fait l’objet de profanations ou d’autres ingérences dans leurs activités de la part du gouvernement. Des agents des services de renseignement ont pris de force la gestion des cimetières, obligeant les bahá’ís à payer des frais pour les enterrements dans leurs propres terrains et, dans certains cas, refusant aux bahá’ís le droit d’enterrer leurs proches conformément à leur pratique religieuse.
Ces injustices se sont produites par exemple dans les cimetières de Téhéran, Karaj, Shiraz, Ahvaz, Kermanshah, Kerman, Yazd, Semnan, Mashhad et Rafsanjan.
Au cours de la session du Conseil des droits de l’homme, le Canada a également exprimé son soutien aux droits des bahá’ís iraniens, déclarant que le Canada « reste préoccupé par le manque de respect des rituels funéraires et la destruction des cimetières et des lieux de culte » et que « les droits à l’inhumation des membres des minorités religieuses, comme la communauté bahá’íe, doivent continuer à être protégés. »
Depuis 46 ans, c’est-à-dire depuis la révolution islamique de 1979, les bahá’ís d’Iran sont confrontés à des profanations et à la destruction de leurs cimetières. Ils se sont vus refuser le droit à des funérailles et à des enterrements conformes à leurs croyances, ont été interdits d’accéder aux sépultures de leurs proches et ont parfois été emprisonnés pour avoir cherché à obtenir justice. Les bahá’ís de Téhéran ont également dû supporter que des agents du gouvernement enterrent de force leurs proches dans la fosse commune de Khavaran, en leur absence et contre leur volonté.
Ces violations s’inscrivent dans le cadre d’un effort plus large de nettoyage culturel de l’Iran de sa communauté bahá’íe. En 1991, un document politique confidentiel intitulé « La question bahá’íe », signé par le guide suprême de l’Iran, Ali Khamenei, a officialisé le plan du gouvernement iranien visant à « bloquer le progrès et le développement » de la communauté bahá’íe. Le document révèle les efforts délibérés du gouvernement pour restreindre l’accès des bahá’ís à l’éducation, à l’emploi et à la participation culturelle à la vie civique.
En Iran, les bahá’ís sont victimes d’arrestations et de détentions arbitraires, de violences physiques et psychologiques, de disparitions forcées, de fermetures forcées d’entreprises, de confiscations et de destructions de biens, y compris de cimetières, de raids dans les maisons et de discours de haine de la part des fonctionnaires, du clergé et des médias d’État. Ces actions ont été largement condamnées, mais les autorités iraniennes continuent de nier ces abus.
La Communauté internationale bahá’íe continue d’appeler la communauté internationale à exiger qu’il soit mis fin à ces actions illégales et à tenir l’Iran pour responsable des violations des droits humains qu’il continue de commettre.
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