Paris, le 17 août 2025 — Le 13 août 2025, un tribunal de Doha a condamné le président de l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís du Qatar à cinq ans de prison, uniquement pour avoir exercé ses droits à la liberté d’expression et de religion, ont déclaré aujourd’hui la Communauté internationale bahá’íe et Human Rights Watch. Les autorités qataries doivent annuler d’urgence cette condamnation et le libérer.
Pour Michael Page, directeur adjoint pour le Moyen-Orient à Human Rights Watch, « ce verdict scandaleux montre que le Qatar intensifie ses attaques contre les bahá’ís, alors qu’il tente de se présenter comme un pays ouvert, tolérant et inclusif. Les autorités qataries doivent respecter les libertés fondamentales et libérer immédiatement Rowhani. »
Selon les documents judiciaires examinés par Human Rights Watch, c’est en vertu de l’article 259 du Code pénal que les autorités qataries ont accusé Remy Rowhani, 71 ans, d’avoir promu une doctrine ou une idéologie qui « jette le doute sur les fondements et les enseignements de l’islam ». Elles l’ont également accusé, en vertu de l’article 8 de la loi de 2014 sur la prévention de la cybercriminalité, d’avoir violé les principes et les valeurs sociales par l’usage des réseaux sociaux et d’avoir diffusé des documents appelant à l’adoption de « principes destructeurs » et d’en avoir fait la promotion.
« L’emprisonnement de Remy Rowhani pour cinq ans, sur la base d’une série d’accusations fausses, fondées uniquement sur son identité religieuse et ses activités au sein de la communauté bahá’íe du Qatar, constitue une grave violation de la loi sur les droits humains », affirme Saba Haddad, représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève. « Cette attaque contre Remy Rowhani est une attaque contre tous les bahá’ís du Qatar et contre le principe même de la liberté de conscience. »
La religion bahá’íe reconnaît toutes les religions et croit en l’unité de tous les êtres humains. Les adeptes de cette religion sont fréquemment victimes de discrimination dans la région et sont persécutés en Iran.
Les accusations s’appuient sur l’existence d’un compte X et un compte Instagram qui représentent la communauté bahá’íe qatarie, comptes reliés au numéro de téléphone et à l’adresse électronique de Rowhani. Human Rights Watch a examiné ces publications, qui se limitaient à célébrer les fêtes qataries, musulmanes et les valeurs bahá’íes. La Communauté internationale bahá’íe a déclaré que ces publications traitaient de « principes tels que la justice et l’égalité des hommes et des femmes, le respect des parents et l’éducation des enfants dans le respect des bonnes manières et appelaient à faire le bien et à servir l’humanité ».
Selon les documents judiciaires examinés par Human Rights Watch, les autorités qataries affirment que Rowhani a violé l’ordre public et les valeurs religieuses et sociales en promouvant les valeurs bahá’íes sur les réseaux sociaux.
Dans une déclaration commune publiée le 31 juillet, les experts des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction, la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, les droits à la liberté de réunion pacifique et dans le domaine des droits culturels, ainsi que le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire ont exprimé leur profonde préoccupation concernant la discrimination à l’égard de la minorité religieuse bahá’íe au Qatar et l’arrestation et la détention arbitraires de Rowhani.
La Communauté internationale bahá’íe et Human Rights Watch affirment que les autorités qataries diabolisent régulièrement les bahá’ís en se basant sur des règles islamiques susceptibles d’inciter à la haine à leur égard.
Arrêté le 28 avril 2025, Rowhani était en détention provisoire depuis lors. Une source bien informée a confirmé à Human Rights Watch que le tribunal avait rejeté la demande de l’avocat de Rowhani visant à examiner les documents judiciaires exposant les charges et les preuves retenues contre lui. Le tribunal n’a pas non plus autorisé l’avocat de Rowhani à défendre son client lors d’une première audience le 18 juin ni à accéder aux documents juridiques, a déclaré la même source.
Toujours selon la même source, les documents judiciaires allèguent également que selon une activité déjà connue des autorités, Rowhani collectait des dons et transférait des fonds sans licence au profit de personnes et d’entités bahá’íes à l’étranger. Selon les documents judiciaires, Rowhani a déjà été arrêté le 23 décembre 2024, et condamné à une amende de 50 000 rials qataris (environ 13 700 dollars américains) et à un mois de prison pour avoir collecté ces fonds en 2013 et 2014 « sans l’autorisation du conseil d’administration de l’Autorité de régulation des activités caritatives ».
Cette accusation se fondait sur le fait que Rowhani avait collecté des dons volontaire. Le droit des bahá’ís de pratiquer leur religion, en public et en privé, au Qatar et ailleurs, est protégé par l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Le Qatar a une longue histoire de discrimination à l’égard des bahá’ís, notamment par l’expulsion, l’obstruction dans les tentatives de la communauté de rétablir un cimetière baha’i existant et le refus d’enregistrer les certificats de mariage délivrés par les institutions baha’ies élues au Qatar. Les bahá’ís ont également été victimes de discrimination en Égypte et au Yémen, et du crime contre l’humanité que constitue la persécution en Iran.
Pour plus d’informations sur le Qatar, veuillez consulter le site de Human Rights Watch.
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