Le gouvernement iranien intensifie la persécution religieuse des bahá’ís en déplaçant des agriculteurs et en saisissant des terres agricoles

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Terres agricoles, vergers et rizières appartenant aux agriculteurs baha’is d’Ahmadabad (province du Mazandéran) saisies par les autorités iraniennes.
Terres agricoles, vergers et rizières appartenant aux agriculteurs baha’is d’Ahmadabad (province du Mazandéran) saisies par les autorités iraniennes.

PARIS, le 7 janvier 2024 – Cette semaine, des terres agricoles, des rizières et des vergers de noyers appartenant à des familles bahá’íes dans le village d’Ahmadabad, une communauté agricole luxuriante et fertile dans la province du Mazandéran, ont été saisis de force par des fonctionnaires iraniens qui ont revendiqué ces terres au nom du gouvernement iranien.

Aucune compensation ni aucun document officiel justifiant les saisies n’ont été fournis par les agents qui ont effectué le raid.

Ce raid est le dernier incident en date d’une série croissante de persécutions contre les bahá’ís dans tout l’Iran, et le troisième exemple récent de saisies de biens pour des motivations religieuses contre des agriculteurs bahá’ís dans la province du Mazandéran.

Les bahá’ís constituent la plus grande minorité religieuse non musulmane d’Iran et sont systématiquement persécutés – y compris par un apartheid économique – sous la République islamique. Ces saisies de terres visent à déplacer par la force les propriétaires bahá’ís et constituent un exemple d’épuration religieuse de la part du gouvernement iranien. Ces actions vont à l’encontre de l’interdiction de la discrimination dans tous les instruments juridiques internationaux, y compris à l’encontre des agriculteurs qui jouent un rôle crucial dans la sécurité alimentaire d’un pays.

Plus de 80 familles bahá’íes possèdent des fermes à Ahmadabad – la moitié d’entre elles y résident et l’autre moitié vit à proximité – et ces familles bahá’íes vivent à Ahmadabad et cultivent ces terres depuis plusieurs générations.

Les agents sont arrivés avec du matériel industriel et ont commencé à clôturer près de 100 hectares de terres appartenant aux familles bahá’íes et cultivées par elles. Les habitants ont rapporté qu’environ 200 membres des forces gouvernementales iraniennes, agents des services de sécurité, gardes forestiers, forces spéciales et policiers, accompagnés de représentants de la télévision et de la radio nationales, ont tenté de fermer les routes menant au village et d’empêcher les gens d’y entrer et d’en sortir. Les autorités ont ensuite confisqué la plupart des téléphones portables de la population locale pour l’empêcher d’enregistrer et de documenter leurs actions, puis elles sont entrées sur le terrain et ont commencé à clôturer les terres agricoles et les rizières des bahá’ís.

Les agents ont également pris des photos des cartes d’identité de tous les bahá’ís qui ont protesté contre les saisies.

« On est très sensible en France, de loin le premier pays agricole d’Europe, à ce que représentent la terre, la bêche, les saisons, les récoltes, déclare la porte-parole de bahá’ís de France, Hamdam Nadafi. Les enfants apprennent encore à l’école ces vers du Laboureur de La Fontaine : ‘Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place où la main ne passe et repasse.’ En Iran, les zones cultivables sont plus rares qu’en France et par là d’autant plus précieuses et convoitées, comme celles de la région verdoyante du Mazandéran, grenier à blé de l’Iran et terre de rizières qui borde la mer Caspienne. Arracher des paysans à leur terre est partout un geste très fort sur le plan matériel et symbolique : c’est supprimer le passé et l’avenir. Les autorités iraniennes ne le savent que trop bien. Ces dernières années sont émaillées de saisies de terres agricoles appartenant à des agriculteurs bahá’ís, souvent suivies de la destruction ou saisine de leurs fermes et bâtiments agricoles. On pourrait espérer que des voix françaises expriment publiquement leur émoi devant ces spoliations des paysans et appellent les autorités iraniennes à restituer ces terres et arrêter cette politique d’éviction des agriculteurs bahá’ís. »

C’est la troisième fois au cours des dernières années que les autorités du Mazandéran saisissent des propriétés appartenant à des fermiers bahá’ís, suite à la fuite, en 2021, de documents provinciaux confidentiels témoignant de l’intention du gouvernement iranien d’accroître considérablement la répression contre les bahá’ís. Des maisons ont été détruites et des terres saisies dans le village de Roshankouh en 2022 ; en 2021, un tribunal iranien a invalidé les titres de propriété de 27 bahá’ís dans le village d’Ivel, ce qui avait suscité en France de nombreuses réactions. En 2022, dans la province de Semnan, six propriétés appartenant à des bahá’ís ont été accaparées par une organisation contrôlée par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.

Les 200 agents impliqués dans le raid d’Ahmadabad de cette semaine étaient aussi, pour la plupart, les mêmes personnes qui ont procédé aux 2022 saisies de terres et aux démolitions de maisons à Roshankouh.

« Une fois de plus, le gouvernement iranien montre son vrai visage en s’en prenant à des agriculteurs innocents qui s’occupent de leur ferme depuis des générations et dont beaucoup n’ont jamais quitté leur ville natale », a déclaré Simin Fahandej, représentante de la BIC auprès des Nations unies à Genève. « Ces citoyens iraniens ordinaires ne produisent pas seulement de la nourriture et des récoltes pour eux-mêmes, mais aussi pour leur communauté et la région. Comme les autres citoyens iraniens, ils essaient simplement de subsister dans ces conditions économiques difficiles. Les actions discriminatoires du gouvernement iranien à l’égard des bahá’ís privent non seulement ces familles bahá’íes de leurs moyens de subsistance, mais aussi beaucoup d’autres qui dépendent de leur production agricole et qui sont eux-mêmes confrontés à des conditions économiques et sociales difficiles résultant des récentes crises ».

Les bahá’ís d’Ahmadabad pensent qu’il ne s’agit que d’une première étape, d’un prélude à la démolition de leurs maisons et à leur déplacement futur.

Les rapports de la communauté touchée indiquent que les agents qui sont venus dans le village n’ont pas répondu lorsque les bahá’ís ont demandé les documents les autorisant à s’emparer de ces terres agricoles. Les autorités n’ont pas non plus donné d’avis préalable à leur action : elles sont simplement arrivées dans le village et ont construit les clôtures. L’utilisation de la force suggère que l’action a été entreprise parce que les habitants sont bahá’ís.

« Quand la haine et l’extrémisme du gouvernement iranien prendront-ils fin ? » a demandé Mme Fahandej. « De nombreuses régions d’Iran ont subi des années de sécheresse et l’augmentation du coût de la vie a mis les denrées alimentaires de base hors de portée de nombreuses familles ce qui n’a pas empêché les autorités de clôturer des exploitations agricoles productives et de chasser des agriculteurs de leurs terres uniquement en raison de leurs croyances.

 

CONTACT PRESSE :
Bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France
baebf@bahai.fr

Hamdam Nadafi, Directrice
01 45 00 69 58 / 06 59 73 27 17

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