Un changement de tactique : la Communauté internationale bahá’íe décrit en détail la persécution « brutale » en Iran

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Selon une nouvelle déclaration de la Communauté internationale bahá'íe (BIC) publiée aujourd'hui, le gouvernement iranien utilise de nouvelles tactiques renforcées et brutales pour persécuter sa minorité religieuse bahá'íe.
Selon une nouvelle déclaration de la Communauté internationale bahá’íe (BIC) publiée aujourd’hui, le gouvernement iranien utilise de nouvelles tactiques renforcées et brutales pour persécuter sa minorité religieuse bahá’íe.

Paris, le 4 décembre 2023 – Selon une nouvelle déclaration de la Communauté internationale bahá’íe (BIC) publiée aujourd’hui, le gouvernement iranien utilise de nouvelles tactiques renforcées et brutales pour persécuter sa minorité religieuse bahá’íe, dans le but de « priver » les bahá’ís de tout « sentiment de tranquillité et de sécurité dans leur vie quotidienne ».

La porte-parole des bahá’ís de France, Hamdam Nadafi, observe que « les autorités iraniennes ayant déjà eu recours à toute la panoplie possible de persécution contre les bahá’ís – privations d’emploi, privations d’accès à l’enseignement supérieur, suppressions de terres agricoles des paysans, emprisonnements, perquisitions brutales, saisies de titres de propriété, suppressions de cimetières, dénis de droit à l’inhumation, discours de haine – il ne leur reste plus comme ressource et méthode de persécution que d’accentuer la violence, la brutalité et l’intensité de chacun de ces éléments. Cela fait très mal, lorsque l’on songe que cette persécution qui s’aggrave, dure depuis 44 ans, qu’elle s’est abattue sur les grands-parents d’hier jusqu’aux petits enfants d’aujourd’hui, sans aucun répit. »

Les nouveaux incidents de persécution, plus intenses et plus violents, ont touché de manière disproportionnée les femmes et les personnes âgées, ont entraîné des hospitalisations et des séparations traumatisantes entre les mères et leurs enfants.

Simin Fahandej, représentante du BIC auprès des Nations Unies à Genève, déclare : « Le volume croissant des attaques contre les bahá’ís d’Iran que nous observons depuis plus d’un an, n’est dépassé que par la brutalité des nouvelles tactiques que le gouvernement iranien utilise contre l’innocente communauté bahá’íe. Ces tactiques témoignent d’une stratégie visant à terroriser les membres les plus vulnérables de la communauté bahá’íe – des personnes qui ont déjà subi des pressions extrêmes en raison de leur foi – afin de démoraliser non seulement les bahá’ís, mais aussi l’ensemble de la société iranienne. La nouvelle déclaration explique en détail comment le gouvernement tente d’atteindre cet objectif, en augmentant la violence, en sanctionnant le vol par l’État et en intensifiant les efforts pour leur refuser le droit d’étudier, de s’instruire, de vivre ou même de mourir dans la dignité. La communauté internationale doit insister pour que le gouvernement iranien renonce immédiatement à cette politique contre les bahá’ís. »

Les deux tiers des bahá’ís détenus lors des récentes descentes de police sont des femmes, souvent d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années, précise le communiqué, dont certaines ont été séparées de leurs jeunes enfants lors de leur arrestation.

La BIC ajoute que les « crimes » pour lesquels ces personnes ont été arrêtées comprennent la fourniture de services sociaux à des groupes défavorisés, notamment des enfants iraniens et afghans et les victimes d’un récent tremblement de terre, ce que « le reste du monde considérerait comme un service à la communauté et qui serait applaudi ».

Depuis le début du mois d’octobre, 40 bahá’ís ont été arrêtés et les maisons de près de 100 familles ont été envahies et fouillées dans plusieurs villes du pays.

Environ 70 bahá’ís sont en détention ou purgent des peines de prison et sont souvent soumis à des abus psychologiques et physiques pendant les interrogatoires. Et 1 200 autres sont soit impliqués dans des procès en cours relatifs à des incidents de persécution, soit ont été condamnés et attendent leur convocation pour aller en prison.

Les peines prononcées par les tribunaux sont également de plus en plus sévères : au cours des dernières semaines, des dizaines de bahá’ís ont été condamnés à un total de centaines d’années de prison. Les bahá’ís en prison se voient refuser même l’autorisation d’assister aux funérailles de leurs propres parents. Les bahá’ís libérés sous caution sont obligés de verser des sommes exorbitantes ou de remettre des titres de propriété en guise de garantie. Un exemple récent est celui d’une jeune femme de Chiraz, âgée d’une vingtaine d’années seulement, qui a dû verser une caution d’environ 200 000 dollars américains, somme énorme pour un Iranien ordinaire.

La violence lors descentes et perquisitions aux domiciles est une caractéristique inquiétante de la nouvelle répression, déclare la BIC. Dans des dizaines de cas, des agents masqués ont pénétré de force dans des maisons bahá’íes sous la menace d’une arme, fouillant les lieux, confisquant des appareils électroniques, de l’argent liquide, des bijoux et des objets de valeur, ainsi que du matériel de travail d’une valeur de plusieurs centaines ou de milliers de dollars américains, avant d’arrêter les individus pour les soumettre à un interrogatoire.

Dans son communiqué, la BIC donne des exemples de ces descentes : lorsque des agents de sécurité ont envahi le domicile d’une famille, le jeune fils s’y est opposé. Les agents ont alors sévèrement battu le garçon devant ses parents et sa grand-mère, qui n’ont pas pu intervenir. Dans un autre cas, la mère d’une jeune famille arrivant à son domicile a été jetée de force à l’intérieur de sa propre maison par quatre hommes qui l’attendaient et qui ont ensuite procédé à une fouille. Dans un autre cas, un bahá’í a été victime d’une crise cardiaque après que des agents de sécurité se soient introduits chez lui et aient arrêté sa fille.

Le communiqué ajoute qu’en certaines occasions, les agents ont brisé les fenêtres des maisons et enfoncé les portes pour y accéder. Des caméras de sécurité ont également été installées aux domiciles de plusieurs bahá’ís afin de surveiller leurs activités et leurs visiteurs.

Des perquisitions au domicile de femmes âgées et malades ont traumatisé plusieurs d’entre elles et les ont conduites à l’hôpital. L’une d’entre elles a été victime d’une crise cardiaque au cours de la perquisition et une autre souffre de la maladie d’Alzheimer.

« Comment le gouvernement iranien peut-il justifier de terroriser certains des membres les plus vulnérables de la communauté bahá’íe, tels que les personnes âgées, les malades, les mères, les jeunes, hommes et femmes, qui ont déjà été socialement et culturellement isolés de la société de toutes les manières possibles par le refus de leur accorder l’accès à l’enseignement supérieur et à l’emploi ? Quelle logique y a-t-il à éloigner les jeunes mères de leurs enfants, dans certains cas pendant 5 à 10 ans, alors que ces femmes n’ont rien fait d’autre que de servir les communautés pauvres et démunies ? S’il ne s’agit pas d’une persécution motivée par la religion, dans le seul but d’éliminer la communauté bahá’íe et de couper les bahá’ís de leur foi, qu’est-ce que c’est ? », ajoute Mme Fahandej.

Selon la déclaration, les bahá’ís en âge de fréquenter l’université ont également dû faire face à de nouveaux obstacles pour accéder à l’enseignement supérieur. Les bahá’ís n’ont pas accès à l’université depuis la révolution islamique de 1979, mais on demande maintenant aux étudiants de « signer des déclarations niant l’autorité de leurs institutions religieuses » et donc d’abjurer les croyances bahá’íes pour pouvoir aller à l’université.

Toujours selon la déclaration, un nombre croissant de déclarations anti-bahá’íes et d’allégations d’immoralité sont également faites par des médias liés au Corps des gardiens de la révolution islamique, ainsi qu’au Guide suprême.

Et dans les cimetières bahá’ís de certaines villes, les fonctionnaires iraniens tentent de prendre le contrôle des cimetières et empêchent les familles d’enterrer leurs proches selon les rites funéraires bahá’ís. La BIC ajoute qu’au cimetière bahá’í de Téhéran, des agents du ministère du renseignement ont empêché les bahá’ís d’utiliser leurs propres concessions et ont enterré des bahá’ís décédés dans une fosse commune où reposent déjà des milliers de prisonniers politiques et de prisonniers d’opinion.

L’enterrement des bahá’ís à cet endroit, qui va « à l’encontre de la volonté clairement exprimée par la communauté bahá’íe », par respect pour les parents des personnes déjà enterrées sur ce site est une tentative pour « effacer la mémoire de cette fosse commune », précise la déclaration.

La semaine dernière, une famille bahá’íe a même choisi de faire don du corps d’une proche à la recherche scientifique plutôt que d’accepter que sa dépouille soit privée de tout droit à une sépulture. Ce fut en quelque sorte l’acte final de la part d’une femme dont le mari a été exécuté dans les années 1980 en raison de ses convictions bahá’íes et dont les deux fils ont subi des peines d’emprisonnement.

Selon la déclaration de la BIC, les bahá’ís sont également dans l’impossibilité d’enregistrer leurs mariages en raison de l’introduction d’un système d’enregistrement en ligne. Cela a pour effet de rendre les mariages bahá’ís nuls au regard de la loi, ce qui a de graves conséquences sur l’enregistrement ultérieur des naissances et sur d’autres droits sociaux.

La déclaration de la BIC a été publiée après que les lettres de deux bahá’íes actuellement détenues à la prison d’Evin, Mahvash Sabet et Fariba Kamalabadi, aient été publiées en ligne.

Les deux femmes ont appelé leurs compatriotes à demander au gouvernement iranien de mettre fin à la persécution des bahá’ís. « Notre histoire est une », a déclaré Mme Kamalabadi, tandis que Mme Sabet affirme « Mon histoire est la vôtre », les deux faisant écho à la campagne #OurStoryIsOne (Notre histoire est une) de la BIC. La campagne lancée en juin commémore l’exécution en 1983 de 10 femmes bahá’íes qui ont donné leur vie pour l’égalité et la justice, des principes qui sont aujourd’hui le désir de beaucoup d’autres Iraniens.

 

CONTACT PRESSE :
Bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France
baebf@bahai.fr

Hamdam Nadafi, Directrice
01 45 00 69 58 / 06 59 73 27 17

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