Vingt-six bahá’ís iraniens condamnés à 126 ans de prison, dix femmes bahá’íes arrêtées à Ispahan et trois à Yazd

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Dans le cadre de l'escalade des persécutions contre les bahá'ís en Iran, 36 nouveaux incidents visant la communauté ont eu lieu ces derniers jours, touchant principalement des femmes.
Dans le cadre de l’escalade des persécutions contre les bahá’ís en Iran, 36 nouveaux incidents visant la communauté ont eu lieu ces derniers jours, touchant principalement des femmes.

Paris, le 3 novembre 2023 – Dans le cadre de l’escalade des persécutions contre les bahá’ís en Iran, 36 nouveaux incidents visant la communauté ont eu lieu ces derniers jours, touchant principalement des femmes. Dix femmes, la plupart jeunes, ont été arrêtées lors de ces incidents, tandis que 26 autres personnes, dont 16 femmes, ont été condamnées à un total de 126 ans de prison.

Les dix femmes bahá’íes ont été arrêtées à Ispahan, dans le centre de l’Iran, au début de la semaine. Trois autres bahá’ís ont également été arrêtés à Yazd.

Les arrestations ont eu lieu après que des maisons ont été perquisitionnées et que les biens personnels de plusieurs personnes ont été confisqués, notamment des appareils électroniques, des livres, de l’argent liquide et de l’or. Plus de dix agents auraient perquisitionné le domicile de l’une des femmes lors de son arrestation.

Les raids ont également visé le domicile d’une femme bahá’íe âgée dont le mari avait été exécuté dans les années 1980 parce qu’il était bahá’í, bien qu’alors elle n’ait pas été arrêtée.

L’exécution de son mari, suivie de décennies de persécution contre sa famille, y compris contre ses enfants et petits-enfants qui ont été privés de nombreux droits, dont celui d’aller à l’université, met en évidence une persécution qui va du berceau à la tombe à laquelle sont confrontés tous les bahá’ís d’Iran.

« Chacune des personnes qui viennent d’être arrêtées n’a en fait connu que la répression depuis 44 ans » explique Hamdam Nadafi, représentante des bahá’ís de France. « Il ne s’agit donc pas, hélas, d’un point extrême dans la vie d’un bahá’í d’Iran, mais d’un énième épisode d’une oppression de tous les jours qui touche tous les bahá’ís d’Iran de toute génération – des jeunes qui n’ont jamais pu étudier à l’université depuis 1979, aux adultes privés de tout emploi public depuis cette date. La persécution a en quelque sorte traversé leur existence comme l’air qu’ils respirent depuis la naissance. Il a été mille fois établi que le seul crime reprochable aux bahá’ís d’Iran, c’est d’être bahá’ís, de ne jamais le nier par amour de la vérité, de ne pas quitter leur pays alors qu’on a tout fait pour les y inciter, et de vouloir rendre service à leur entourage. On pourrait imaginer plus grand tort mais moins facilement plus grande atteinte aux droits humains. »

« On sait qu’aujourd’hui, les femmes iraniennes sont généralement prises pour cible ajoute Mme Nadafi. Or les femmes bahá’íes sont une proie de choix des autorités iraniennes à double titre : en tant que femmes et en tant que bahá’íes. »

« La communauté internationale doit tenir le gouvernement iranien pour responsable de ses violations des droits humains, a déclaré Mme Fahandej, représentante de la Communauté internationale baha’ie auprès des Nations unies à Genève. Les dix femmes arrêtées cette semaine n’ont commis aucun crime. Les dizaines de personnes condamnées à des années de prison sont également innocentes. Tout ce qu’elles veulent, c’est servir leur société. Mais au lieu de saluer leurs contributions, elles sont mises derrière les barreaux, et le gouvernement iranien prive toute sa société de certaines des personnes les plus compétentes. »

La Communauté internationale bahá’íe a récemment lancé la campagne OurStoryIsOne (Notre histoire est une) en l’honneur des 10 femmes bahá’íes iraniennes exécutées ensemble à Chiraz il y a 40 ans cette année pour leurs croyances. La campagne porte le message que la persécution des bahá’ís en Iran et les aspirations actuelles de la population iranienne constituent une histoire commune de lutte pour l’égalité des sexes et la justice, pour la construction d’un nouvel Iran sur des fondements sûrs – égalité, justice, vérité – à force de sacrifices et de résilience, où chacun aura accès à une prospérité partagée, indépendamment de sa foi, de son origine et de son sexe.

Cette campagne est la réponse de la communauté bahá’íe à une intense entreprise de désinformation et de discours de haine à l’égard des bahá’ís orchestrée par les autorités iraniennes sur des décennies. Elle tend à démontrer que les efforts de l’Iran pour creuser un fossé entre les bahá’ís et les autres ont été infructueux. « Si la République islamique peut apprendre une chose de ses 45 années de cruauté, poursuit Mme Fahandej, c’est que sa persécution continue des bahá’ís a été contre-productive. Elle a plutôt sensibilisé la population iranienne à la situation des bahá’ís, créant une solidarité plus forte entre la communauté bahá’íe et l’ensemble de la population iranienne et prouvant à la communauté internationale l’innocence des bahá’ís face à une oppression implacable. »

Les dernières arrestations et condamnations à des peines de prison font suite à plus d’un an d’attaques intensifiées contre la communauté bahá’íe d’Iran. Au cours des derniers mois, des dizaines d’autres bahá’ís ont été arrêtés, jugés, convoqués pour des peines de prison, empêchés de faire des études supérieures ou de gagner leur vie. En août, la Communauté internationale bahá’íe a signalé que 180 bahá’ís avaient été pris pour cible, dont un homme de 90 ans, Jamaloddin Khanjani, qui a été détenu et interrogé pendant deux semaines.

Deux autres femmes bahá’íes, Mahvash Sabet et Fariba Kamalabadi – qui, avec M. Khanjani et quatre autres bahá’ís, avaient déjà passé dix ans en prison de 2008 à 2018 – ont été de nouveau arrêtées en juillet 2022 et purgent maintenant chacune une deuxième peine de dix ans d’emprisonnement.


Informations complémentaires sur les derniers cas de persécution des bahá’ís en Iran

• Les dix femmes arrêtées à Ispahan par des agents du ministère du renseignement sont Neda Badakhsh, Arezou Sobhanian, Yeganeh Rouhbakhsh, Mojgan Shahrezaie, Parastou Hakim, Yeganeh Agahi, Bahareh Lotfi, Shana Shoghifar, Negin Khademi et Neda Emadi ; elles ont été emmenées dans un lieu inconnu.
• Mme Shokoufeh Basiri, M. Ahmad Naimi et M. Iman Rashidi ont également été arrêtés et se trouvent toujours dans le centre de détention du ministère du renseignement de Yazd.
• Mme Nasim Sabeti, Mme Azita Foroughi, Mme Roya Ghane Ezzabadi et Mme Soheila Ahmadi, résidentes de Mashhad, ont été condamnées à trois ans et huit mois de prison par le tribunal révolutionnaire de cette ville.
• Mme Noushin Mesbah, résidente de Mashhad, a été condamnée à trois ans et huit mois de prison.
• La peine de quatre ans, un mois et dix-sept jours d’emprisonnement et de privation sociale de Mme Sousan Badavam a été confirmée par la cour d’appel de la province de Gilan.
• Hasan Salehi, Vahid Dana et Saied Abedi ont chacun été condamnés à six ans, un mois et dix-sept jours d’emprisonnement sous surveillance électronique, à une amende et à des exclusions sociales par la première section du tribunal révolutionnaire de Chiraz.
• M. Arsalan Yazdani, Mme Saiedeh Khozouei, M. Iraj Shakour, M. Pedram Abhar ont été condamnés à 6 ans de prison chacun, et Mme Samira Ebrahimi et Mme Saba Sefidi ont été condamnées à 4 ans et 5 mois de prison chacune.
• La peine de M. Houshider Zareie a été appliquée après sa comparution devant la première section du tribunal révolutionnaire de Chiraz. Il a été condamné à payer une amende et à cinq ans de restriction de mouvement sous surveillance électronique.
• Mme Shadi Shahidzadeh, M. Mansour Amini, M. Ataollah Zafar et M. Valiollah Ghedamian, ont été condamnés à un total de douze ans de prison par la trente-sixième chambre de la cour d’appel de la province de Téhéran.
• Mme Shahdokht Khanjani, résidente de Semnan, a été condamnée à seize ans d’emprisonnement, à une amende de 50 millions de tomans et à une peine supplémentaire par la première section du tribunal révolutionnaire de cette ville.
• La condamnation de Mme Sanaz Tafazzoli à 10 ans et 9 mois d’emprisonnement, à la prison de Vakil Abad à Mashhad, a été confirmée par la Cour d’appel.
• Mme Roya Malakouti, détenue à la prison de Vakil Abad à Mashhad, a été condamnée à six ans et huit mois de prison.
• L’audience concernant les accusations portées contre Mme Golnoush Nasiri et Mme Farideh Moradi, résidentes de Mashhad, s’est tenue dans la première section du tribunal révolutionnaire de Mashhad et chacune a été condamnée à trois ans et huit mois de prison.
• L’audience concernant les accusations portées contre Mme Parisa Eslami, une résidente de Karaj, s’est tenue au tribunal révolutionnaire de Karaj et elle attend sa sentence.

 

Contact presse :
Mme Hamdam NADAFI,
Directrice du Bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France
01 45 00 69 58 / 06.59.73.27.17 – hamdam.nadafi@bahai.fr

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