En Iran, la répression s’intensifie : nombreuses arrestations de bahá’ís et de violentes perquisitions dans plus de 20 maisons

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Deux des femmes arrêtées (photo) ont perdu leurs époux exécutés dans les années 1980 parce qu’ils étaient baha’is.
Deux des femmes arrêtées (photo) ont perdu leurs époux exécutés dans les années 1980 parce qu’ils étaient baha’is.

Paris, le 10 novembre 2023 – Des agents de sécurité iraniens armés ont perquisitionné les maisons de plus de 20 bahá’ís cette semaine dans les villes de Karaj et Hamadan, et en ont arrêté au moins 19 d’après les dernières informations disponibles. De nombreux bahá’ís ont été agressés verbalement et physiquement au cours de ces perquisitions. Les dernières arrestations et perquisitions – dont le harcèlement de quatre femmes âgées – confirment les craintes croissantes que le gouvernement iranien redouble sa répression contre la communauté bahá’íe persécutée dans le pays.

Dix autres bahá’ís, tous des femmes, ont été arrêtés le mois dernier à Ispahan. Vingt-six autres ont été condamnés à un total de 126 ans de prison. Au moins trente-deux personnes au total sont détenues depuis le mois dernier.

Des foyers abritant quatre femmes âgées de 70 à 90 ans ont été perquisitionnés à Hamadan. L’une d’entre elles souffre de la maladie d’Alzheimer et une autre a été transportée d’urgence à l’unité de soins intensifs, en état de détresse, après la perquisition. Les maris de deux de ces femmes font partie des plus de 200 bahá’ís exécutés par le gouvernement iranien après la révolution islamique de 1979.

Aucune autre information n’est disponible sur les charges retenues contre ces bahá’ís ni sur leur lieu de détention.

« Alors que l’attention mondiale est portée sur plusieurs conflits dramatiques, nous constatons ces derniers jours une hausse exceptionnelle des arrestations de bahá’íes en Iran et nous employons ce mot au féminin, car il s’agit essentiellement d’arrestations de femmes, en fait plus des deux tiers des personnes arrêtées, déclare la porte-parole des bahá’ís de France, Hamdam Nadafi. Parmi celles-ci, deux groupes d’âge sont visés : soit des jeunes femmes – c’est le cas des dix bahá’íes arrêtées à Ispahan – soit des femmes âgées et souvent dans un état physique précaire, telles les quatre femmes bahá’íes de 70 à 90 ans arrêtées à Karaj. De ce fait, les accusations d’espionnage et d’atteinte à la sécurité de l’Etat pour ces personnes tombent dans le ridicule lorsque l’on songe que l’une de ces femmes est malheureusement atteinte de la maladie d’Alzheimer. On peut parler de cruauté, qui ne peut s’expliquer que par le préjugé religieux, quand on se rappelle que les époux de deux de ces femmes ont été exécutés il y a plus de 40 ans. S’agit-il de prémisses d’un nouveau déferlement de répression générale des bahá’ís ou a-t-on déjà atteint le pic ? Voilà la question, à laquelle nous ne pouvons répondre. C’est pourquoi il est important de réagir maintenant et de le faire savoir aux autorités iraniennes avant qu’elles n’aillent plus loin. Ce que nous pouvons affirmer, c’est que ces arrestations et les interrogatoires qui les suivent sont accompagnés de violences plus fortes que par le passé récent. »

La dernière vague d’arrestations à Hamadan, Karaj, Ispahan et Yazd, ainsi que le refus d’admission à l’enseignement supérieur des étudiants bahá’ís, la détention d’un bahá’í de 90 ans qui a déjà passé 10 ans en prison et la privation de droits de 180 autres, s’inscrivent dans le contexte de la campagne mondiale #OurStoryIsOne, lancée en juillet 2023 pour commémorer l’exécution de 10 femmes bahá’íes en 1983 et pour soutenir l’effort iranien plus général pour obtenir plus de justice et d’égalité. La campagne a attiré des niveaux sans précédent de solidarité à travers la société iranienne à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

« Nous sommes témoins en Iran d’un processus historique important, observe Simin Fahandej, la représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève. Le gouvernement iranien a tenté pendant des décennies de creuser un fossé entre les bahá’ís et la société iranienne. Dans leur réponse à #OurStoryIsOne, les Iraniens de toutes les communautés religieuses et ethniques, et de tous les sexes, se rassemblent d’une seule voix pour appeler à une société fondée sur l’égalité, la compréhension, la justice et l’émancipation de tous, indépendamment de la religion, de l’origine et du genre. Il est triste de constater que la réponse du gouvernement iranien n’est pas d’exploiter et de libérer cette capacité de transformation, mais d’essayer de l’éradiquer dans tout le pays en arrêtant de plus en plus de bahá’ís et en attaquant des Iraniens innocents de toutes origines et des défenseurs des droits de l’homme. »

Les 44 années de persécution des bahá’ís par le gouvernement iranien sont détaillées dans une nouvelle publication de la Communauté internationale bahá’íe, intitulée La question bahá’íe : Persécution et résilience en Iran, publiée ce mois-ci. Le 26 octobre, le rapporteur spécial des Nations unies, Javaid Rehman, a déclaré lors d’une présentation aux États membres de l’ONU que « les attaques ciblant la [communauté] bahá’íe et le harcèlement dont elle est victime ont nettement augmenté, avec plus de 333 incidents signalés depuis juillet 2022, y compris des cas de détentions arbitraires, d’interrogatoires, d’arrestations illégales, de torture, de mauvais traitements, de destruction de propriétés, de profanation de cimetières, de déni du droit à l’éducation et d’autres formes de pressions économiques. »

 

CONTACT PRESSE :
Bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France
baebf@bahai.fr

Hamdam Nadafi, Directrice
01 45 00 69 58 / 06 59 73 27 1
Jean-François Bourque, Section Moyen-Orient
07 81 90 98 67

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